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PIÈCES JUSTIFICATIVES.
mettre en route pour un village nommé Tepapa, situé à dix-
buit ou vingt milles plus baut dans la rivière. Notre société était
devenue considérable. Nous quittâmes Witi-Waï-Iti dans cinq
pirogues, toutes chargées, plus ou moins, de provisions et de
plusieurs cocbons vivans.
Rencontre de quelques chefs des environs du cap Nord.
En remontant la rivière, nous fûmes rejoints par le frère et
le fils de Poro. Poro est un grand cbef des environs du cap
Nord. Aucun des bommes qui montaient la pirogue de ce
cbef n’était tatoué. Je demandai des nouvelles de Poro, bien
queje ne l’eusse jamais vu. Trois ans environ auparavant, il
avait envoyé un de ses bommes à Port-Jackson sur l ’Active,
et, au moment de son retour, je lui avais remis quelques pré-
• sens. Je donnai à son frère un ciseau de menuisier et un couteau
de poche, n’ayant pas autre chose sur moi, et lui promis
une bacbe. Il dit qu’il viendrait à Rangui-Hou avec nous pour
la chercher; mais comme c’eût été un long et pénible voyage,
je lui dis que j’enverrais une bacbe pour lui à Moudi-Waï, ce
qui le satisfit.
Poro et Moudi-Waï étaient amis. Le premier avait entendu
parler de la querelle qui s’était élevée entre Moudi-Waï et
Matangui, et il avait envoyé son fils et son frère pour s’instruire
des circonstances de l’affaire, et offrir son secours .à son
allié, s’il en avait besoin.
Je voulus savoir comment ils avaient'pu venir de leur propre
district, si c’était par terre ou par eau, attendu la distance qui
devait être très-considérable. Ils répondirent que c’était par
terre. Je demandai s’il n’y avait pas de rivières pour les arrêter
: ils répondirent qu’il ne s’en trouvait aucune qu’ils ne
pussent traverser à la nage.
Quand nous fûmes arrivés à la branche de la rivière qui
conduisait à Outa-Koura, village de Moudi-Waï, ils nous
quittèrent, et nous nous avançâmes vers le village de Tepapa,
où nous comptions passer la nuit.
Arrivée au village de Tepapa.
Nous arrivâmes à Tepapa dans l’après-midi. Le chef, qui se
nomme Patou-One, avait fait tous ses préparatifs pour nous
recevoir. Il avait construit pour nous une case neuve et commode,
et fut enchanté de nous voir.
Patou-One est un des chefs les plus agréables que j’aie rencontrés.
Il a une belle figure ouverte où se peignent sa grande
douceur et son bon naturel. Il me dit qu’il avait un vif désir
d’aller à Port-Jackson, sur VActive, dut-il faire le voyage en
qualité de cuisinier, l’un des emplois les plus humilians que
leurs esclaves puissent remplir ; mais il ajouta que si je le considérais
comme un gentleman, il ferait alors ce voyage comme
mon ami. Je lui promis d’accomplir ses voeux quand l’occasion
s’en présenterait. Ce chef fit des questions touchant la
crue du blé ; il avait semé un petit coin de terre en grain
qu’il tenait de l’établissement des Missionnaires.
Patou-One èst très-désireux d’instruire ses compatriotes et
d’améliorer leur situation. Si jamais il fait une visite à Port-
Jackson , il retirera les plus grands avantages d’avoir vu les
heureux effets de la civilisation, et les progrès rapides de l’architecture,
de l’agriculture, etc.
Moudi-Waï, que nous trouvâmes chez Patou-One, me supplia
instamment de lui envoyer une chemise en flanelle rouge,
un bonnet de nuit et une paire de lunettes, affirmant qu’il
deviendrait un grand bomme pourvu seulement qu’il put sc
procurer ces objets.
11 n’y avait pas long-temps que nous étions chez Patou-One,
quand un messager vint annoncer à Moudi-Waï que Matangui
avait enlevé les os de ses ancêtres du sépulcre où ils
avaient été déposés. Moudi-Waï, en recevant cette nouvelle,
sentit son coeur percé de douleur. Il dit que si ce n’était par
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