nouvelle parure , devint très-avide d’en posséder une semblable.
Le cbef lui demanda à acheter son vêtement ; elle resta
quelque temps indécise. A la fin il plaça un certain nombre
de plumes à ses pieds; elle ne put résister à cette tentation;
elle se dépouilla à l’instant de son manteau, et le livra au cbef
en échange des plumes. Le cbef, à son retour, offrit à sa
femme ce précieux ornement.
M. Nicholas m’accompagna au village fortifié de Houpa.
11 était situé sur une très-haute colline, presque à un
■mille de l’endroit on nous étions. Sous plusieurs rapports,
il est semblable à celui qui appartient à Sbongui et que nous
avons déjà décrit. Nous n’y trouvâmes pas d’hommes, il était
resté à la garde de quelques femmes, dont l’une était une des
épouses de Houpa. Elles nous dirent que les hommes étaient
allés à la guerre. Là se trouvaient quelques cochons fort gras
et de belles plantations de patates. Les femmes refusèrent de
vendre des cochons, parce qu’ils appartenaient aux bommes
partis pour la guerre. La femme de Houpa me dit qu’elle en
avait un très-gros qui lui appartenait en propre et dont elle
pourrait me faire présent, si je pouvais attendre qu’on l’attrapât,
car il était en ce moment à paître. Elle envoya ses serviteurs
avec un de mes hommes pour le chercher, mais ils revinrent
sans l’animal. Je fis présent à cette femme d’un peu
d’indienne et de quelques autres bagatelles. Elle était très-
contrariée de ce que nous ne pouvions attendre le cochon ;
mais il ne nous était pas possible de nous arrêter plus longtemps;
ainsi nous quittâmes ce site romantique. Le visage,
les bras et la gorge de cette femme étaient couverts de cicatrices
qu’elle s’élait faites récemment, à l’occasion de la mort
de l’un des fils de Houpa. C’était une belle et grande femme.
Houpa ne réside point là maintenant. Les pieux de la fortification
sont couverts de diverses figures sculptées, comme
des têtes d’hommes ; quelques-uns sont surmontés d’un bonnet
rond, comme on en voit sur plusieurs portes cocbères eu
Angleterre ; ils ont environ quatorze pieds de haut.
Peu de temps après que nous eûmes quitté la femme de
Houpa, nous reçûmes un message de Doua-Tara , pour nous
informer qu’il venait nous cherchfr au rivage. Nous rencontrâmes
le canot, et Doua-Tara débarqua. Le cbef Piti arriva au
navire au même instant, et nous pria de nous rendre à la partie
supérieure du village, où il résidait. Du navire il y avait environ
deux milles de marche. Nous acceptâmes son invitation,
et ordonnâmes au canot de nous suivre. En arrivant, nous
trouvâmes quelques-uns des plus beaux hommes et des plus
belles femmes que j ’eusse vus à la Nouvelle-Zélande. Ils
étaient bien habillés et nous reçurent très-cordialement. Dans
le nombre se Irouvaient trois neveux de Houpa, et leurs
femmes, qui portaient de belles nattes travaillées avec goût. Ces
nattes, descendant des épaules jusqu’aux pieds, leur donnaient
un aspect vraiment gracieux. J’avais apporté quelques ciseaux,
dorures, toiles de couleur, etc., dont je fis cadeau aux cbefs et
à celles de leurs femmes qui étaient présentes. On nous prépara
quelques corbeilles de patates, et, pour nous amuser, on-
exécuta des danses et des chants auxquels les chefs et leurs
femmes prirent part, et où ils déployèrent la force de leurs
corps et celle de leurs voix.
Il était près de cinq heures du soir ; nous prîmes donc congé
et retournâmes à bord de V Active pour dîner. A peine venions-
nous de nous mettre à table, que l ’on vint m’annoncer que
deux pirogues s’approchaient avec les chefs et leurs femmes. Je ,
montai sur le pont pour les recevoir et les inviter à dîner avec
nous; ils acceptèrent volontiers. Je dis aux chefs que j ’avais
besoin de patates et de cochons pour le navire; mais comme
les hommes auxquels ils appartenaient étaient allés à laguerre,
je ne pus en acheter, et me déterminai en conséquence
à faire voile le soir même pour la baie des Iles. Mes compagnons
désiraient beaucoup me voir rester, et me disaient
de prendre à terre tout ce dont j’aurais besoin , sans m’inquiéter
de ce qu’on en dirait. Je leur répondis que je ne voulais
rien voler, ni rien prendre par force aux habitans; que j’a