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Conversations avec les naturels.
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Pendant notre séjour à Kawa-Kawa, j ’eus plusieurs conversations
intéressantes avec les chefs, relativement à la nature
des crimes et des punitions ; je leur fis remarquer qu’il n’y avait
point de comparaison entre l’homme qui vole une patate et
celui qui tue. Pourtant la punition était la même chez eux,
car ils mettent aussi bien un bomme à mort pour le vol d’une
patate que pour un meurtre.
Un chef a pouvoir de vie et de mort sur son peuple. Ils parurent
fort étonnés quand je leur dis que le roi George n’avait
pas le pouvoir de faire mourir un bomme, quoiqu’il fût un roi
bien plus puissant qu’aucun de ceux de la Nouvelle-Zélande.
Je leur expliquai la nature d’un jury anglais; je leur dis que
personne ne pouvait être mis à mort en Angleterre, à moins
que douze gentlemen n’eussent examiné le cas d’un prisonnier
accusé d’un crime quelconque. Si les douze gentlemen le déclaraient
non coupable, le roi George n’avait pas le pouvoir
de le mettre à mort; et si les dame gentlemen le déclaraient
coupable, le roi George avait encore le droit de lui pardonner,
si telle était sa volonté royale.
Ils répliquèrent que ces lois étaient fort bonnes, e tl’un d’eux
demanda quel serait le gouverneur que nous leur enverrions.
Je répondis que nous n’avions pas l’intention de leur en envoyer
aucun, mais que nous désirions qu’ils se gouvernassent
eux-mêmes.
Je leur citai certains crimes que nous punissions de mort, et
d’autres du bannissement, et leur dis que les punitions étaient
constamment réglées sur la nature de l’offense.
Je leur dis que si un bomme avait deux femmes en Angleterre,
quand même il serait un gentleman, il serait banni de
son pays. L ’un des cbefs était d’avis qu’il valait mieux
n’avoir qu’une femme; car lorsqu’il y en avait plusieurs, elles
se querellaient toujours. D’autres dirent que leurs femmes
étaient leurs meilleures surveillantes, et qu’ils ne pourraient
pas avoir leurs champs de patates cultivés sans le secours de
leurs femmes ; que pour cette raison seulement ils pensaient
que c’était une bonne coutume d’en avoir plusieurs. Ces conversations
avaient quelquefois lieu en présence des femmes,
el elles étaient généralement de l’opinion qu’un homme ne
devrait avoir qu’une femme.
Quelques-uns des cbefs soutenaient qu’il y avait trop de
rois dans la Nouvelle-Zélande, et que s’il y en avait moins,
il y aurait moins de guerres et qu’ils vivraient plus heureux. Je
leur dis qu’il n’y avait qu’un roi en Angleterre : mais qu’en
même temps il y avait plus de gentlemen qu’à la Nouvelle-Zélande
, mais qu’aucun de ces gentlemen ne pouvait tuer un
homme sans le payer de sa propre v ie , ni déclarer la guerre à
un autre sans la permission du roi George. C’est pourquoi il
n’y avait ni combats ni meurtres particuliers en Angleterre,
comme chez eux.
Dans l’équipage du navire, j ’avais nn jeune naturel de la
Nouvelle-Zélande, qui avait vécu quelques années à Port-
Jackson, et qui était un fort bon interprète. Il me suivait habituellement
pour expliquer tout ce que les naturels n’avaient
pas bien compris. Avec son aide , je me procurai tous les renseignemens
que je désirais toucbant les îles et les babitans de
la Nouvelle-Zélande; et je pus leur communiquer beaucoup
de connaissances utiles, tandis que j’étais parmi eux : car nos
conversations avaient généralement trait à la religion, au gouvernement
civil, à l ’agriculture ou au commerce. Ils montraient
toujours une grande curiosité à s’informer de ce qui
était relatif aux autres parties du globe.
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Visite à Waï-Kadi.
Peu après notre arrivée à Kawa-Kawa , un chef nommé
Wiwia vint à bord de VActive pour me prier de visiter son
établissement, ce que je promis de faire aussitôt que je pourrais