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continuée le jour .suivant sur l’éminence tabouée du village.
J’éprouvai ùn vif sentiment de pitié pour ces paxivres créatures
dont la désolation paraissait profonde, mais qui gémissaient
comme des gens sans espérance. Tourna était un véritable
sauvage : quelques années auparavant, à la mort d’un
parent, d'un coup de massue il tua une esclave, tandis
qu’elle lavait du linge .à la porte de M. Hanson , malgré les
efforts de MM. Kendall et King pour la sauver. La preuve
qu’il y a eu du cbangcment depuis cc temps, c’est qu’il n’y a
eu personne de sacrifié pour lui.
— Shongui, se trouvant à bord d’un navire, fut saisi d’une
violente douleur au genou , et son peuple s’imagina qu’il avait
été ensorcelé par un cbef de la rivière Tamise : sa perte fut
en conséquence jurée. Quelques-uns de ces malheureux', altérés
de sang, proprosèrent de tuer tous les esclaves de Sbongui
qui sont très-nombreux : il s’opposa fortement à ce qu’on sacrifiât
personne à cause de lu i , et il dit à ses esclaves de chercher
leur salut dans les bols. Mais Oudou-Roa, l’un des parens
de ce cbef, voyant passer une de ces malheureuses avec une
charge de bois sur le dos, la tua d’un coup de fusil, et sur-
le-cbamp un autre cbef assomma un jeune garçon avec son
mere de pierre.
— Nous sommes allés assister à la cérémonie qui se pratique
pour déplacer les os d’un cbef. Elle a lieu quelques mois après
la mort, et, à ee que je suppose, quand il s’est écoulé un temps
suffisant pour que la chair se soit séparée des os. Ceux-ci
avaient été dérangés de leur situation primitive : c’étaient les
restes de trois individus, et on les avait placés sous une couverture,
avec les lêles seules exposées à la vue. La cérémonie
commença par le pihc ou hymne funéraire, qui fut d’abord
chantée par les vieux guerriers les plus renommés, puis répétée
par une troupe de personnes plus jeunes. Quand ce chant fut
terminé , douze à quinze personnes armées de longues lances
s’avancèrent et dirigèrent leurs lances vers un centre commun
, en ayant soin de les pointer et de les retirer, h mesure
que plusieurs cbefs se présentaient tour à tour devant eux
pour parler. C’était une espèce de conseil de guerre, et l’objet
des discours était de délibérer s’il fallait attaquer un établissement
dans le voisinage, qui appartenait à l’un des ebefs alors
occupés à combattre à la rivière Tamise ; mais il parutqu’iln ’y
eut rien de décidé , bien qu’il y eût eu plusieurs discours prononcés.
Du reste, plusieurs orateurs firent mention des missionnaires
en termes peu respectueux, insinuant que le pillage
de nos maisons serait une fort bonne affaire.
J’ai visité Wangari avec M. C. Davis. La plupart des
babitans ont quitté leurs demeures, car ils s’attendent à voir
arriver une troupe pour les piller, afin de venger une querelle
qui s’était élevée entre les deux principaux cbefs. La querelle
fut engendrée par une liaison adultère , et c’est le motif habituel
de toutes les petites brouilleries qui s’élèvent continuellement
entre les tribus voisines les unes des autres et les différentes
familles de la même tribu. En cette circonstance, deux
esclaves avaient été blessés si cruellement, qu’ils avaient failli
en périr : l’un avait eu le corps percé d’une lance, et 1 autre
avait reçu une large entaille à la tête. Ils n’avaient aucun rapport
avec l’affaire en question, mais ils furent maltraités ainsi
pour les méfaits de leurs maîtres.
— Il y a peu de jours, le capitaine Duke du navire Scsters
nous fit part d’un exemple révoltant de cruauté dont il fut
témoin. Un chef nommé Toï avait une esclave qui s était en-
fuie quelques jours auparavant. A la fin il la trouva assise au
milieu de quelques naturels à Korora-Reka , très-près de la
maison de son maître, il l’entraîna , la lia à un arbre, et la
tua d’un coup de fusil. Le capitaine Duke apprit le fait, et
sortit pourvoir ce qui en était; alors il trouva le corps de la
jeune fille tout préparé pour être cuit au four des naturels,
les grands os des bras et les jambes avalent été coupés. En réponse
à ses questions, les naturels répondirent que cette affaire
ne le regardait pas, et qu’ils étaient maîtres d’agir comme il
leur plaisait. M. Duke retourna chez lu i , appela à son secours