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PIÈCES JUSTIFICATIVES.
sens. La nature de ee sol est extrêmement pierreuse, spongieuse,
humide et blanchâtre, comme celle de la terre de
pipe.
Tandis que nous nous promenions, les naturels m’apprirent
qu’il existait dans les environs plusieurs autres lacs d’une semblable
nature. Il y a quantité de résine sur les bords du lac
Blanc, et différentes parties de sa surface sont couvertes d’une
gelée, sembliible au levain qui se forme sur la bière fraîche
quand elle travaille dans la cuve. Je rapportai à Port-Jackson
une bouteille de cette eau , dans l’espoir qu’on pourrait l ’y
analyser. La crique rocailleuse au travers de laquelle coule
continuellement l ’eau qui sort du la c , semble recouverte par
la chaux que cette eau laisse déposer dans son cours au travers
des rochers, et toutes les pierres de cette crique sont dures
comme du silex. J’en ai aussi rapporté des échantillons.
Conversation avec les naturels sur le Tabou.
Avant de quitter ce village pour me rendre dans les autres,
je portai un tison allumé dans la case où se trouvaient nos
caisses et nos provisions , et je posai dessus un peu de pierre
h chaux pour voir quel effet le feu produirait. Aussitôt que
les cbefs virent la fumée, ils entrèrent dans une frayeur épouvantable,
et me orierent a baute voix de jeter le tison hors
de la cabane. Je leur demand.ii la cause de leur effroi. Ils
répondirent que leur Dieu allait les tuer tous; car il y avait
des provisions dans les caisses qui se trouvaient dans cette
cabane, et si l’on mettait du feu dans un endroit où il y a des
provisions, ils périraient tous. Pour apaiser leurs craintes, je
jetai le tison par terre, et m’efforçai de les convaincre que
toutes leurs craintes étaient sans fondement; que leur habitude
de tabouer leurs provisions, les vases dans lesquels ils mangeaient,
leurs maisons, etc., n’était qu’une erreur; qu’il n’y
avait rien de semblable en Europe ; et que je ne craignais pas
de manger d’aucun mets particulier, de dormir dans aucune
maison que ce fût, ni d’avoir du leu dans le même endroit
que celui où se trouvaient nos provisions.
Ils répondirent que , s’ils ne faisaient pas une attention particulière
à tout ce que leur disaient leurs prêtres, ils périraient.
S’ils allaient au combat, après avoir négligé quelques-
unes des cérémonies relatives à leur nourriture, et qu’une
lance vînt ensuite à les toucher seulement, ils mourraient sur-
le-cbamp; mais que s’ils observaient rigoureusement toutes
ces cérémonies, quand bien même la lance traverserait leur
corps, ils n’en mourraient point. Je leur dis que 1 observance
de toutes ces pratiques ne contribuait nullement à leur conserver
la vie dans le combat. Ils soutinrent vivement la vérité
de leur opinion ; un des cbefs, prenant la parole, me montra
l’endroit où une lance avait traversé ses poumons : le sang el
l’air qu’il respirait sortaient tout à la fois par l’orifice de sa
blessure; cependant il en guérit, car il avait suivi en tout
point les injonctions du prêtre. En réponse à son observation,
je dis que j’avais vu extraire du corps d’un Européen, à Parramatta,
une grande lance barbelée qui lui avait été envoyée
par un naturel ; les intestins avaient été tellement lésés, que
la nourriture qu’il prenait sortit, durant un temps considérable
, par la blessure que la lance avait faite ; pourtant il
s’était rétabli, et il sc portait bien au moment où je quittai
Parramatta, bien qu’il n’eût jamais taboué ni ses vivres ni sa
maison. Ils exprimaient leur étonnement de ce que cet bomme
eût pu se rétablir d’une telle blessure , sans recourir aux cérémonies
qu’ils pratiquent; car c’est de l e u r accomplissement
seul qu’ ils croient que peut dépendre la vie ou la mort en pareil
cas. Je leur contai aussi que l’on a vu des exemples de
soldats dont les poumons dans un combat avaient été percés
par une balle, de même que le cbef en question l’avait été
par une lance, et qu’ils avaient cependant guéri sans avoir été
taboués. Je leur demandai, au cas où le cbef eût eu le coeur
ou les tempes traversées par la lance, s il eût pu sc rétablii
en employant le tabou. Ils répondirent par la négative. Alors'