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276 PIECES JUSTIFICATIVES.
crc qu’il était impossible, pour le moment, de former aucun
établissement d’une certaine étendue dans les limites de sa juridiction.
Il fut très-courroucé, et nous dit qu’il était traité
avec une grande ingratitude ; que son frère Touai avait été
long-temps éloigné de lui et de ses amis .— qu’il était allé en
Angleterre — qu’il avait ramené les blancs avec lui — et qu’après
tout cela il ne pouvait jouir de l’avantage d’en avoir
quelques-uns établis sur son territoire — que c’était un acte
d’une grande injustice, et tel que nous n’aurions pas dû nous
en rendre coupables. Son frère Te Rangui se joignit à lui dans
les reproches qu’il nous faisait, et ils finirent par s’échauffer
tous les deux à un haut degré.
Situation pénible de Touai parmi ses compatriotes.
Touai prit notre parti, et fit en sorte de convaincre Koro -
Koro que nous n’avions pas les moyens, pour le moment, de
lui fournir des Européens. Celui-ci entra alors dans une violente
colère contre T ou ai, et T e Rangui se joignit à lui. Koro-
Koro déclara à Touai qu’il pouvait aller s’établir à Rangui-
Hou, ou avec Sbongui, ou partout ailleurs où il lui plairait ;
car il ne se souciait plus de lu i, puisque sa requête relativement
aux Européens ne pouvait être exaucée. Touai pleura et
fut très-affligé; M. Butler et moi nous ressentîmes aussi du
chagrin pour tous les deux. Après une longue conversation et
de vifs reproches de la part de Koro-Koro , nous nous retirâmes
pour prendre quelque repos.
M. Butler et moi nous restâmes convaincus que nous ne
pouvions nous dispenser de faire quelque chose pour Koro-
Koro. Nous avions aussi pitié de Touai. Il désirait mener une
vie civilisée, etrenonceraux babitudes et aux habillemens de son
pays ; mais il faisait observer qu’il ne pourrait atteindre ee but
tant qu’il n’aurait pas un ou plusieurs Européens pour le soutenir.
Le ridicule dont il serait couvert aux yeux de ses compagnons
, s’il restait seul, le forcerait à se conformer à leur
PIECES JUSTIFICATIVES.
habillement et à vivre suivant leurs coutumes, ce qu’il avait
beaucoup de répugnance à faire.
Touai est un bel homme , éclairé, bien disposé, et qui fera
tout ce qui dépendra de lui pour seconder les vues de la Société.
Sa famille est de la première distinction; l’influence et
l’autorité de son frère s’étendent le long de la côte , presque
jusqu’à la rivière Tamise, et celle de ses amis depuis le cap
Nord jusqu’au cap Est. Nous nous sentons très-intéressés au
bien-être futur de T ou ai, et nous devons lui donner toute espèce
de secours.
20 août 1819. Ce matin, Koro-Koro était plus calme et
paraissait tout-à-fait réconcilié avec nous. Il nous fit beaucoup
d’amitiés et nous exprima son regret de la vivacité avec laquelle
il nous avait parlé la veille au soir. Nous lui assurâmes que
nous l’assisterions de tout notre pouvoir.
Réception de Touai par ses amis.
Comme nous nous étions rendus sur/e General-Gates, à la
résidence de Koro-Koro, où le maître avait l’intention d’appareiller
pour reprendre la mer, nous restâmes à bord toute la
nuit. Koro-Koro nous accompagna avec Touai depuis Ran-
gui-Hou. Comme il savait que le navire allait mouiller vis-à-
vis d’un de ses établisseraens, il avait défendu à ses bommes de
venir à bord du General-Gates jusqu’au jour suivant. Il était
nuit quand nous mouillâmes. Nous fûmes hélés du rivage par
un des officiers de Koro-Koro; alors Te Rangui répondit, et
apprit au peuple que Touai était arrivé ; il eut soin d’expédier
sur-lc-cbamp des messagers dans les différens districts
pour annoncer à leurs babitans le retour de Touai.
Une députation de chefs était arrivée, depuLspeu de jours,
des bords de la rivière Tamise à Waï-Kadi. Quelque temps
auparavant, ils avaient tué un des cousins de Touai, et craignaient
que le père du jeune bomme et Koro-Koro ne voulussent
venger sa mort. Touai fit aussitôt partir un envoyé