qui nous favorisait, mais je lui promis d’aller le voir au retour.
Le jeune liomme nous pourvut d’une quantité de brèmes et
autres poissons qu’ils avaient dans leurs pirogues.
Après avoir reçu cette abondante provision , nous nous
dirigeâmes vers la rivière Tamise, et le soir même nous
doublâmes le cap Rodney, l’une des pointes du bâvre; nous
vîmes aussi que le cap Colville, qui forme l’autre pointe, est
fort élevé , et n’est pas éloigné de moins de vingt lieues.
Lundi iG janvier i 8i 5. Au point du jour, nous étions fort
avancés dans le bâvre, où se trouvent plusieurs îles sur les
cotes orientale et occidentale. Vers onze heures nous arrivâmes
vis-a-vis la résidence du chef principal, Hoiipa, dont nous
avions souvent entendu parler. D’après les récits, nous savions
que c’élait un bomme aussi redouté que considéré et jouissant
d’une très-grande autorité.
Bientôt nous vîmes une pirogue de guerre pleine d’hommes,
qui s’avançait vers le navire. Nous mîmes en panne. Quand ces
gens furent près de nous, ils restèrent sur leurs pagaies, examinèrent
l ’Active et nous annoncèrent que Houpa était dans la
pirogue. Je l’invitai à monter à bord, ce qu’il fit avec un de
ses fils. Houpa est un des hommes les plus forts et les mieux faits
que j aie jamais vus. 11 fut grandement surpris de voir à bord
un SI grand nombre de Nouveaux-Zélandais et si peu d’Européens.
Nous avions avec nous un chef nommé 'Femarangai,
très-lié avec Houpa, et qui était depuis quelque temps à bord
de r Active. Il informa Houpa de ce que nous étions, lui
ajoutant que nous venions à la rivière Tamise pour le voir,
lui et son peuple ; il lui apprit également que quelques Européens
s étaient établis à la baie des Iles pour instruire les
naturels. Je fis quelques Cadeaux à Houpa, et en retour il fit
prendre dans sa pirogue deux belles nattes pour me les offrir.
Il exprima le désir que nous vinssions mouiller prés de sa
résidence. Je lui dis que mon intention était d’aller visiter son
village à notre retour de la rivière; mais queje voulais profiter
du vent favorable pour aller plus loin. Il nous indiqua la
route à tenir, et nous prévint que nous loucherions si nous
venions trop sur la droite.
Après avoir conversé avec plusieurs des naturels qui se
trouvaient à bord, il prit congé de nous, espérant nous revoir
h notre retour, et nous fîmes voile pour l’embouchure de la
rivière. Nous étions alors sur la partie occidentale du bâvre,
à quatre lieues à peu près de la rivière. Il n’y avait pas une
beure que Houpa nous avait quittés, quand le vent souffla très-
fort; l’eau était si agitée que nous ne pouvions distinguer le
chenal. Lorsque nous fûmes presque an fond du bâvre, il
était pleine mer, et la sonde ne donnait que trois brasses de
fond. Comme il n’y avait pas d’apparence que la violence du
vent se modérât, nous primes le parti de courir des bordées
au vent el de regagner un fond plus considérable, avant que
la mer vint à de,scendre. Alors nous étions sur la côte orientale
et peu éloignés de terre. Nous louvoyâmes durant plusieurs
heures, et le soir nous mouillâmes par quatre brasses
d’eau. Il plut toute la nuit, et le vent souffla très-fort. Le
golfe est ici très-ouvert, et il n’y a point d’abris pour les vais-
seaux, ce qui rend ce mouillage fort dangereux.
Mardi 17 janvier. Vers quatre heures du matin, comme la
tempête augmentait, nous levâmes l’ancre pour nous élever au
vent, s il était possible , et nous mettre sous la terre ; car l ’endroit
où nous étions n’était nullement sûr, dans le cas où le navire
eût chassé sur son ancre. La mer était si houleuse et T Active
si agité, que ceux des Nouveaux-Zélandais qui n’étaient pas
encore allés à la mer sur un bâtiment, furent très-alarmés et
se crurent perdus. Vers six heures du soir, la tempête .s’apaisa
et nous mouillâmes de nouveau à deux milles de la côte occidentale,
en face d’un grand village. Quoique les habitans nous
eussent vus toute la journée, ils n’avaient pas osé se hasarder
dans leurs pirogues, à cause du vent.
Quand nous eûmes laissé tomber l ’ancre , le canot fut mis .à
1 eau , et dix Nouveaux-Zélandais furent envoyés au rivage
pour ouvrir une communication avec les babitans. Peu après
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