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de leur affection. Le jour suivant, nous débarquâmes les chevaux
et le bétail, et désignâmes le local pour rétablissement
des colons. On travailla à le dégager des broussailles, et
on disposa pour y élever des maisons une pièce de terre
contiguë à la ville des naturels, et désignée par Doua-Tara et
les chefs de l’endroit.
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On reçoit une visite en règle de Koro-Koro.
Samedi, sur les buit heures du matin, Koro-Koro qui babite
à neuf milles environ de la station des colons, vint nous
offrir ses respects. Il était accompagné de neuf pirogues remplies
de ses guerriers, avec quelques femmes et des enfans. Les
pirogues s’avancèrent en ordre sur un seul rang, les pavillons
flottans; nous bissâmes nos couleurs dès que nous les aperçûmes.
Quelques-uns des officiers du cbef dirigeaient debout tous
les mouvemcns, tant par des ordres verbaux que par les signaux
qu’ils exécutaient avec leurs larges patous ornés de plumes ,
qu ils tenaient a la main et dans un mouvement continuel.
Koro-Koro était revêtu de son costume national, ainsi que
son frère T o u a ï, peints d’ocre rouge en leur qualité de guerriers
, et parés de plumes dans leur chevelure. Leur ensemble
offrait un aspect tout-a-fait belliqueux. Ils s’avancèrent en
toute bâte vers l Active, et se tinrent dans un ordre très-régulier,
chacun frappant sa pagaie au même instant, si bien que
tous ces mouvemcns ne faisaient qu’un seul et même coup.
Lorsqu ils approchèrent, ils se mirent à chanter leur hymne
guerrier et à faire des gestes et des menaces, comme s’ils
étaient résolus à attaquer le navire. Ils furent salués par une
décharge de treize petits canons. Le chant de victoire fut alors
entonné dans les pirogues, et leur représentation militaire
terminée.
-Alors Koro-Koro, avec les chefs qui l’avaient accompagné
, monta à bord, et nous fit divers présens de la manière la
plus polie. Quantité de chefs d’autres districts se trouvaient
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Îllli Mfîî!
PIECES JUSTIFICATIVES. 157
aussi sur le navire. Koro-Koro nous les présenta tous l’un après
l’autre ; il insista sur les attentions particulières que chacun de
nous lui avait prodiguées durant son séjour à Port-Jackson, et
regretta que la pauvreté de son pays ne lui permît pas de reconnaître
notre politesse suivant ses désirs. Il se donna beaucoup
de soin aussi pour expliquer aux autres cbefs dans quel but
MM. Kendall, Hall et King venaient résider dans la Nouvelle-
Zélande. Doua-Tara et ses amis furent présens à cette visite,
et aidèrent .à diriger les cérémonies et les formalités nécessaires
pour recevoir convenablement Koro-Koro et sa suite.
Divertissement. — Combat simulé.
Il avait été convenu entre Doua-Tara et Koro-Koro, sans
que nous en fussions instruits, que quand le dernier viendrait
nous présenter ses respects, nous serions régalés d’un simulacre
de combat. Après avoir pris quelques rafraîchissemens , on se
prépara à descendre à terre. Koro-Koro devait feindre une
attaque sur les gens de Doua-Tara et prendre la place d’assaut.
Quantité de pirogues pleines de monde et appartenant aux autres
chefs vinrent nous joindre. Au moment ou Koro-Koro
quitta rActive, M. Nicholas, les colons et moi descendîmes
avec lui. Doua-Tara avait rangé tous ses guerriers en bataille,
armés de leurs lances et de leurs instrumens de guerre. Les pirogues
de Koro-Koro s’avancèrent vers le rivage dans le même
ordre de bataille où elles s’étalent approchées de VActive. Un
cbef appartenant à Doua-Tara , et tout-à-fait nu, courait en
armes et avec fureur le long du rivage ; il poussait des cris
horribles, et défiait ses adversaires de débarquer. A mesure
que les pirogues approchaient de terre, ceux qui étaient dedans
redoublaient leurs cris et leurs gestes menaçans. Enfin,
ils sautèrent de leurs pirogues à la mer, et, réunis en une troupe
serrée, ils commencèrent l’attaque. Les hommes de Doua-
Tara firent retraite en toute bâte, et les autres les avaient
poursuivis à une distance comsidérable, quand les fuyards fai