PIECES .TUSTIFICATIVES.
ta juin. Tou.ai est venu nous voir ce matin .avant son départ.
Nous lui avons donné deux haches , une herminette , une
pioche, cinq limes , deux ciseaux de menuisier, un couteau,
deux paires de ciseaux et quelques hameçons. Sa figure est
tatouée et il paraît fort maigre. Il se propose, à ce qu’il paraît,
de retourner à la guerre dans trois mois.
29 juillet. Rewa et plusieurs autres chefs sont de retour de
la guerre; ils ont rapporté avec eux les corps de neuf chefs qui
ont été noyés dans une pirogue qui a chaviré par la houle. Les
tribus de la baie des Iles ont exercé de grands ravagc.s et fait
beaucoup de prisonniers. Déjà deux de ces infortunés ont été
tués et mangés.
Nous sommes environnés de scènes de désolation ; les femmes
pleurent leurs maris morts dans les combats; les captifs déplorent
leur éternelle et cruelle servitude ; il y en a d’autre
qui se réjouissent de l’heureuse arrivée de leurs parens et amis.
Sbongui est tout glorieux; il dit que dans un endroit, sur les
bords du Waï-Kato, son armée a réussi à tuer quinze cents
individus.
7 août. Il y a eu plusieurs coups de fusil tirés ce matin ;
Sbongui devant relever les os de son beau-fils , ces coups de
fusil avaient pour objet de chasser l’Atoua. Nous nous proposions
d’assister à cette cérémonie ; mais nous apprîmes que
Shongui avait tué deux esclaves et qu’on allait les manger,
ce qui nous fît rester cbez nous. Ces déplorables victimes
étaient assises l’une près de l’autre sans soupçonner le sort qui
les menaçait, quand Sbongui leur lâcha son coup de fusil,
dans l’intention de les tuer d’un seul coup ; mais la malheureuse
femme ayant été seulement blessée tenta de s’échapper :
elle fut bientôt rattrapée, et sur-le-champ on lui brisa la cervelle.
8 août. Un cbef d’un trè.s-mauvais naturel est entré cbez
nous et a dit que nos bestiaux ayant endommagé ses patates ,
il fallait que nous lui donnassions deux bacbes on bien qu’il
allait tirer dessus. Il a pris son fusil et est parti pour exécuter
sa menace ; mais son frère l’a ramené, et nous avons été contraints
de céder à sa demande et de donner une bacbe à son
frère pour la peine qu’il s’est donnée.
10 août. Nakoura, un naturel qui est dernièrement revenu
de la guerre, est mort cette nuit. M. Kcmp et moi nous lui
donnâmes des soins avant qu’il restât couché ; nous lui
fîmes prendre quelque chose de chaud et lui préparâmes un
feu. Il parlait avec force et clarté; bien qu’il nous dît qu’ il
allait mourir dans la n u it, nous ne pouvions imaginer qu’il fût
si près de sa fin. On a dit qu’en une occasion il avait tant
mangé de cbair humaine, qu’il ne s’était jamais trouvé bien
depuis ce moment. Ce pauvre malheureux fut abandonné dans
ses derniers momens par ses compatriotes. Ils allaient jeter son
corps dans la rivière ; mais pour une légère gratification que
nous leur offrîmes , ils creusèrent une fosse pour l’enterrer.
22 août 1822. Te A ïr e , parent de Sbongui et chef de
quelque importance et d’un caractère affable, se trouvant dangereusement
malade, à douze milles environ de distance, je
suis allé le voir. Ses poumons sont attaqués et il crache beaucoup
de sang. Nous lui avons mis des vésicatoires et donné un
peu de thé, ce qui lui a fait grand plaisir.
23 août. Nous avons soigné la mère de Sbongni qui est âgée
de plus de cent ans ; elle est à l’extrémité. Un des fils de Shongui
est aussi très-mal. En revenant cbez nous , nous vîmes sur
la route un grand nombre d’ossemens blanchis an soleil, qui
étalent ceux des esclaves tués et mangés.
21 octobre. Un pauvre enfant de six ans environ , qui avait
été amené prisonnier de guerre , a été aujourd’hui tué et
mangé près de l’établissement.
22 novembre. J’ai pansé les blessures d’une femme qui s’était
, par mégarde, endormie trop près du feu, où elle faisait
cuire sa racine de fougère. Elle s’était brûlée d’une manière
épouvantable.
26 novembre. Le chef W atihou, qui ne s’était pas rétabli depuis
son retour du combat de W aï -Kato , esl mort. Je l’avais
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