PIÈCES JUSTIFICATIVES.
ncrs n’avaient besoin que de courage et de fermeté ; il savait
bien à quels ennemis ils allaient avoir affaire : les coeurs de
ceux-ci n’étaient pas bien décidés, et si on leur résistait avec
force, ils céderaient entièrement. Le discours de Ware-Madou
dura près d’une beure, et tous l’ècoutèrent avec une grande
attention.
Quand nous nous fûmes assis avec eux, je priai M. Kendall
de dire .5 Ware-Madou que je désirais beaucoup qu’une réconciliation
pût s’effectuer entre Matangui et Moudi-Waï; et
je proposai de donner à cbacun d’eux une herminette, pourvu
que la paix se fit entre eux. En réponse, Matangui dit que son
jeune bomme avait été grièvement blessé, tandis que Moudi-
Wa. ne l’était que légèrement. Si Moudi-Waï avait reçu une
blessure aussi forte, il aurait consenti à en venir à des mesures
de conciliation. Néanmoins, nous continuâmes d’insister pour
que la paix se fit.
Sur ces entrefoites, Ware-Porha était allé voir quelques-uns
des gens de Moudi-Waï; il nous rapporta un message de
Moudi-Wai, qui nous faisait dire qu’il ne pouvait pas venir
nous voir chez Matangui, mais qu’il nous priait de lui rendre
visite à son village le lendemain matin. En conséquence, nous
annonçâmes à Matangui que le jour suivant nous nous rendrions
chez Moudi-Waï, faisant observer que nous n’avions
rien a voir à leurs querelles; mais que nons étions les amis des
deux partis, et que nous désirions les réconcilier autant que
cela nous serait possible. Matangui me dit que lui et Moudi-
W aï se verraient le lendemain matin, et que nous pourrions
nous trouver aussi au rendez-vous. S’ils ne pouvaient pas terminer
leur dispute sans combattre, il ne nous arriverait aucun
mal, car on nons ferait connaître la conduite que nous aurions
a suivre. Après cet entretien, nous nous retirâmes pour
dormir. ^
1 - oaoire .819. Ce matin, de très-bonne heure, le vieux
Ware-Madou a paru , armé de toutes pièces pour le combat,
longue barbe était peinte d’ocre rouge, pour montrer que ■
son coeur était altéré de sang ; ses reins étaient ceints d’une
large ceinture de guerre où se trouvait suspendu son patou, et
il tenait sa lance à la main. En peu d’instans, Matangui et
tous ses gens et amis furent prêts, les uns armés de mousquets,
les autres de lances, patous, et autres instrumens de guerre.
Ce fut au milieu de cette espèce de clan que nous marchâmes
depuis Karaka jusqu’au village de M o u d i-W a ï,
qui en était distant de quatre milles environ. Sur la route,
nous fûmes rejoints par une foule d’hommes, de femmes,
d’enfans, et par quelques cbefs ; parmi ceux-ci se trouvait
le frère de Moudi-Waï, qui nous fit espérer que l’affaire pourrait
s’arranger à l’amiable. Un cbef vint nous parler, à M. Kendall
et à moi, et nous prier de faire la paix, ou, dans leur
langage même, de faire « Matangui et Moudi-Waï tous les
deux les mêmes en-dedans. » Cette expression nous parut fort
significative, et digne d’être conservée dans la mémoire.
Quand nous eûmes atteint un terrain situé à un quart de
mille du village de Moudi-Waï, les guerriers s’arrêtèrent et
combinèrent la suite de leurs opérations. Cela fait, nous marchâmes
jusqu’à la demeure de Moudi-Waï ; notre troupe se
tenant d’un côté de la rivière qui coule au travers du village,
et celle de Moudi-Waï de l’autre côté. Les gens de ce chef
étaient prêts à nous recevoir. Après quelques pourparlers
entre les deux partis, le nôtre déchargea ses mousquets et salua
Moudi-Waï ; puis ils exécutèrent la danse guerrière, et revinrent
sur le terrain où le jeune homme et Moudi-Waï avaient
été blessés. Moudl-Waï se tenait sur le côté de ses hommes qui
marchaient sur cinq de front, tout nus et armés. Sa femme
marchait en tête , avec une longue lance en main , et sa fille
formait l’arrière - garde, agitant en l’air une natte blanche
en guise de pavillon.
Ce détachement semblait composé de trois cents bommes de
la tribu de M oudi-Waï. Leurs lances étaient longues d’au moins
vingt pieds. Les hommes marchaient en colonne très-serrée,
et M o u d i-W a ï, avec une longue lance, réglait leurs mouve