528 PIECES JUSTIFICATIVES.
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d e vraiment imposant; quand ils se trouvèrent à cent cinquante
verges environ de nous , ils firent une charge générale
accompagnée de cris affreux. Cette troupe se composait d’environ
sept cents hommes, presque tous armés de mousquets.
Après s’être arrêté quelque temps, Rewa marcha vers la troupe
ennemie qui était restée au fond du pâ ; il salua les chefs, et
les conduisit à quarante verges des hommes de son parti. Plusieurs
shakas et décharges de mousqueteric eurent lieu des
deux côtés. Comme il y avait à craindre que plusieurs ne tirassent
à balle, les chefs prirent toutes les précautions possibles
pour prévenir les accidens, et ordonnèrent aux deux troupes
de faire feu à droite et à gauche. Quand le feu eut cessé, Rewa
commença une harangue dans un style mâle, pour exprimer
le désir de voir la paix se conclure ; puis Patou-One en fit autant,
et plusieurs autres ensuite. Les discours finis, plusieurs
guerriers de chaque parti se retirèrent cbacun de son côté, et
une salve continuelle de mousqueterie eut lieu dans le camp
comme dans le pâ : ceci pouvait passer pour des marques de
joie ; cependant on remarqua qu’il y eut plusieurs coups tirés
à balle : alors les cbefs ordonnèrent tout-à-coup au peuple de
se disperser. MM. Davis et Kemp retournèrent au camp pour
commander à nos gens de porter notre bagage au p â , car nous
voulions nous rendre à l’établissement wesleyen de Man-
gounga, sur une autre branche de la rivière ; M. Clarke et moi
nous nous retirâmes dans le pâ avec les Ma-Oure-Oure, pour
guetter le canot deM. Hobbs. Surnotrc route, plusieurs balles
passèrent par-dessus nos têtes, et quelques-unes très-près : ce
fut un grand bonheur qu’il n’y eut personne de blessé ; car de
cette condition, pour ainsi dire , dépendait l’issue de la journée.
Quand nous fûmes entrés dans le pâ, le feu cessa; et les
babitans, comme s’ils étaient délivrés de prison , prirent leurs
pirogues et reg.agnèrent leurs différentes habitations.
( Missionnary Register, septemb. 1828 , pag. 467 et suiv. )
Cruautés et superstitions des naturels.
Quand l’armée de Shongui prit le pâ où s’étaient réfugiés
un grand nombre des habitans de Wangaroa, hommes, femmes
et enfans furenttous massacrés, sans distinction d’âge ni de sexe.
Il y eut des chefs qui voulurent épargner quelques victimes;
mais Shongui donna des ordres pour que personne n’échappât
à ce massacre, excepté les esclaves qui passèrent au service
de la tribu de Shongui. Pendant le temps que les jeunes
gens que nous avions envoyés pour avoir des nouvelles de
Shongui passèrent sur ces lieux , plusieurs naturels de W an garoa
furent arracLés de leurs retraites et mis à mort : ils eurent
l’affreux spectacle de voir les corps de ceux qui avaient péri
taillés en pièces et mangés par leurs compatriotes devenus
semblables à des chiens qui rongent une carcasse : ils virent
ces malheureux cannibales se préparer à dévorer de jeunes
enfans, dont les têtes avaient été brisées sous les yeux même
de leurs parens. Les scènes d’horreur qui eurent lieu sont impossibles
«à décrire, et, malgré les assertions de nos jeunes
naturels, nous avions peine à croire à de pareilles horreurs.
Nous apprîmes que les naturels de Wangaroa avaient été détruits,
comme satisfaction pourla mort de la femme ds Shongui
, et pour consoler son esprit de cette perte.
— Parmi les naturels, il y a encore beaucoup d’agitation ,
et il nous est difficile de nourrir l’espoir qu’ils puissent rester
long-temps en paix. Des deux cotés il y a tant d’outrages à
oublier, tant de morts d’amis et de parens à venger, dont
quelques-uns datent de plus d’un siècle, que sans les promesses
de la parole de Dieu pour l’époque glorieuse où les
hommes ne connaîtront que la justice et renonceront à la
guerre, il nous faudrait désespérer de voir ces peuples changer
de sentimens. Quand nous demandons aux chefs dans quel
temps cesseront leurs guerres, ils répondent : « Jamais! » En
effet, c’est la coutume qu’une tribu qui perd un homme ne
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