tait trouvé à bord de VActive quelques jours auparavant ; il
me raconta alors que, peu de temps avant, l’équipage d’un canot
appartenant à un baleinier était entré dans ses champs, à la
baie des lies, pour voler ses patates; il avait placé son père et
quelques-uns de ses gens pour les veiller, mais les Européens
avaient tué à coups de fusil, son père, un bomme et une
femme. Il se mit ensuite en faction lui-même, et tua trois Européens.
Je compris que ces Européens appartenaient à un
baleinier nommé le New-Zealander.
Peu après la rencontre de la femme de Tareha, nous arrivâmes
dans son v illag e , situé sur les bords d’un beau cours
d’eau douce, et entouré de beaucoup de terre fertile. Nous demandâmes
combien il avait de femmes, et l’on nous répondit
dix. Tareha était absent, mais ses femmes nous prièrent instamment
de partager leur repas. Il y avait beaucoup de serviteurs
des deux sexes. Nous nous rendîmes à leurs désirs;
Sbongui ayant tué un canard sauvage, nous l’avions sur-
le-cbamp apprêté, tandis que les serviteurs de Tareha préparaient
une quantité de patates pour toute la compagnie.
Nous nous arrêtâmes deux heures dans ce village. Les babitans
avaient beaucoup de beaux cochons,, mais point d’autres
animaux, excepté des chiens.
Les Nouveaux-Zélandais sont des hommes très-joyeux.
Nous fûmes régalés d’une danse et d’une chanson, et ils se
montrèrent très-gais tout le temps que nous demeurâmes avec
eux.
Arrivée à TVaï~Mate.
Nous prîmes congé d’eux, un peu avant le coucher du soleil,
et continuant notre voyage, nous arrivâmes au village de
Shongui juste à la nuit tombante. Nou.s fûmes reçus avec les
plus vives acclamations par son peuple, dont une partie versait
des larmes de joie.
Description de TVai-Mate.
Ce village contient environ deux cents maisons. 11 est situé
sur le sommet d’une colline presque inaccessible , et il est très-
bien fortifié, tant par l’art que par la nature. Trois tranchées
très-profondes ont été creusées sur les flancs de la colline,
l’une au-dessus de l’autre, et chacune d’elles est défendue par
une palissade d’arbres entiers ou fendus, de douze à quinze
pieds de hauteur. Nous entrâmes dans cette singulière forteresse
par une porte étroite, et Shongui nous fit voir comment
il défendait sa place en temps de guerre. Il avait un petit réduit
secret où il pouvait se cacher pour faire feu sur l’ennemi.
Dans l’enceinte de cette place, chaque petite cabane est pa-
lissadée. Quelques-unes des maisons de pierre, destinées à recevoir
les lances ou les provisions, ont trente pieds de long
sur vingt de large, et sont bien bâties. Les toits sont en chaume,
et les bords ont quelquefois une saillie de trois pieds
en dehors, pour en écarter la pluie et tenir la maison sècbe.
Au centre de la forteresse, au sommet même du mont, une
plate-forme de six pieds de long sur trois de large s’élève à six
pieds de terre sur un seul poteau formé d'un tronc d’arbre
solide. C ’est là que s’asseoit le chef pour son plaisir ou pour
affaire; par exemple, lorsque les circonstances exigent qu’il
consulte sa peuplade. De cette place, la vue commande sur
toute la région environnante, dans toutes les directions. Près
de la plate-forme est une petite cabane élevée à quatre pieds
de terre, longue de trois pieds et de deux de large, avec une
petite figure placée sur le côté gauche de la porte. Cette figure
n’excède pas un pied de hauteur. Au devant se trouve un
siège où se place la femme du cbef quand elle mange ; ses
provisions sont déposées dans ce petit édifice.
On passe la nuit à TVaï-Mate.
Vers neuf heures, on nous annonça que la chambre oû