mens. Quand ils furent arrives en face du parti de Matangui,
Moudi-Waï et quelques-uns de ses guerriers sautèrent dans
la rivière. Le parti de Matangui fit le simulacre de s’opposer à
leur débarquement, et toute la scène se termina par des danses
et des acclamations sauvages. Le vieux Ware-Madou commandait
le parti de Matangui. Quand le premier moment de confusion
fut passé, le vieux cbef et Moudl-Waï frottèrent leurs
nez l’un contre l’autre, en signe de réconciliation : mais Matangui
se refusa à cc salut et parut morose.
L ’affaire ne fut pas plutôt arrangée, que le vieux Warc-Ma-
dou, aidé de ses esclaves, sc mît à brûler et à détruire les palissades
de l’enclos où nous étions assemblés ; cet enclos appar^
tenait à Moudi-Waï qui parut ne pas s’apercevoir de cc qui se
passait. Je demandai à M. Kendall s’il savait pourquoi ils détruisaient
et brûlaient les palissades de Moudi-Waï sous scs
yeux même. Il me dit que c’était une réparation exigée pour
les palissades que les esclaves de ce dernier avaient détruites
en premier lieu ; et que les Nouveaux-Zélandais, en faisant la
paix, exigent toujours comme condition invariable une satisfaction
basée sur le talion ; vie pour v ie , blessure pour
blessure, propriété pour propriété.
Le village i e Houta-Koura.
Nous accompagnâmes ensuite Moudi-Waï à son village qui
se nomme Houta-Koura. Il est très-populeux, et situé au
milieu d’une ricbc vallée. Une brancbc du Sbould-Anga,
navigable pour des pirogues , coule au travers. Moudi-Waï
nous accueillit avec une politesse et une bospitalité remarquables,
et il nous donna un cocbon et quantité de patates douces
et de pommes de terre pour nous et nos serviteurs. Tout était
en mouvement et en désordre sur la place ; de tous côtés l’on ne
voyait que des instrumens de guerre, Plusieurs chefs d’autres
districts étaient venus, à cause de la querelle .qui s’était élevée
entre Matangui et Moudl-Waï; tous étaient empressés de oonnaître
l’objet de notre visite à Sbouki-Anga, et furent en chantés
quand nous le leur exposâmes; car ils espéraient voir
entrer un navire dans la rivière sous peu de temps.
Une demi-heure après notre arrivée, tandis que nous causions
avec Moudi-Waï et ses amis, un bruit subit, un grand
tumulte s’élevèrent dans le village, sur lo bord opposé de la rivière.
Tous coururent aux armes, dépouillèrent leurs nattes,
et se précipitèrent comme des furieux dans la rivière et Moudi-
Waï avec eux, nous laissant sans même nous expliquer le motif
de cette alerte. On n’entendait qu’un bruit confus et on
ne voyait que des lances. Nous demandâmes la raison de cette
rixe ; on nous dit qu’une femme mariée s’était comportée
d’une manière inconvenante. Les naturels continuèrent de
s entre-pousser et de s’arracher les cheveux les uns aux autres,
durant une heure environ ; il y en eut qui reçurent quelques
coups.
Cette affaire une fois arrangée, un chef vint me saluer avec
le nez tout sanglant; une partie de la peau avait été déchirée
dans la mêlée. Je me mis à rire quand il me présenta son
nez en sang pour le frotter contre le mien , et je lui montrai la
blessure qu’il avait reçue. Il sourit, et dit que c’était la coutume
de la Nouvelle-Zélande.
Quand Moudi-Waï revint, nous lui demandâmes si la femme
s’étaiy rendue coupable d’adultère. Il répliqua que non, mais
qu’on l’avait vue jouer d’une manière indécente avec un homme.
Nous passâmes l’après-midi fort agréablement à converser sur
divers sujets importans, tels que l’éducation de leurs enfans,
les avantages du commerce et de l’agriculture, et la richesse du
sol qui environne leur village.
Le nombre des enfans, dans ce village, est considérable; à
cet âge il serait facile de leur enseigner l’anglais. Moudi-
W a ï me pressa avec instance d’envoyer un missionnaire demeurer
avec lui ; il demandait qu’on le lui envoyât promptement,
alléguant qu’il lui serait inutile s’il ne venait qu’après
sa mort.