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Le reste des bagages fut débarque beureusement, et les naturels
promirent de rapporter le lundi tous les objets qu’on
n’avait pu recouvrer le samedi soir. Ainsi finit cette affaire, à
notre satisfaction mutuelle.
Je représentai à Sbongui tout ce qu’il y avait de bonteux
dans le crime de ceux qui avalent volé des bacbes. Il répondit
que ces gens n’étaient pas de son peuple, et que c’était fort
mal à eux d’en avoir pris un aussi grand nombre : il ajouta
avec un sourire que, s’ils n’avaient pris qu’une bacbe, il n’y
auuait pas grand’cbose à dire. Cela me prouva que Sbongui
lui-même n’aurait pas résisté à la tentation, s’il y avait été
exposé.
Dimanche 5 septembre 1819. Ce matin, de bonne heure,
King-George et Rakou, cousin de Mawi, sont arrivés avec
leurs parens , et en même temps Pomare avec une partie de sa
tribu. Je me promenais sur le rivage quand ils débarquèrent ;
je leur dis que c’était aujourd’hui le jour du sabbat, et que,
par ce motif, nous ne pourrions nous occuper d’aucune affaire
avec eux. Ils répondirent qu’ils ne pouvaient pas s’arrêter,
car ils n’avaient pas apporté de provisions. Nous leur donnâmes
nos ordres, puis nous accomplîmes le service divin sous
le hangar ; les quatre grands personnages de la Nouvelle-
Zélande , savoir Shongui, King-George, Pomare et Rakou,
le jeune ro i, y assistèrent avec plusieurs autres naturels. Ils
se comportèrent tous avec décence.
6 septembre. Ce matin la plus grande partie des objets
voles samedi nous fut rapportée. Nous témoignâmes aux naturels
combien nous approuvions l’attention qu’ils avaient
eue pour nos remontrances ; nous leur recommandâmes d’être
à l’avenir honnêtes dans leurs actions : enfin nous récompensâmes
ceux qui avaient donné des renseignemens sur les
objets volés et avaient employé leur influence pour les faire
rendre. La bonne intelligence fut bientôt rétablie entre nous
et les naturels, et, comme auparavant, ils prêtèrent la main
à scier le bois et aux autres travaux.
Empressement des Chefs à se procurer des outils.
Pomarc nous fit de bonne beure une visite avec King-
George. On me dit qu’il était fort mécontent que je ne lui
eusse pas amené un forgeron , et que, lorsqu’il avait appris
qu’il n’était pas venu de forgeron pour lu i , il s’était assis
par terre et avait versé beaucoup de larmes , ainsi que ses
femmes. Je lui assurai qu’il en aurait un aussitôt que nous
pourrions le lui procurer. Il répliqua qu’il serait inutile de
lui en envoyer un quand il serait mort : qu’il se trouvait
actuellement dans la plus grande détresse ; ses bêches de bois
étaient toutes brisées, et il n’avait pas une seule hache pour en
faire d’autres ; ses pirogues étaient aussi en mauvais état, et il
n’avait ni clous ni vrille pour les réparer; ses champs
de patates restaient incultes, et il n’avait pas une pioche pour
les défricher, ni un seul outil à fournir à ses gens; par ce
défaut de culture, lui et son peuple n’avaient rien à manger.
Il me pria de comparer avec le sien le terrain de Tepouna
qui appartenait aux habitans de Rangui-Hou et à Sbongui,
me faisant observer que celui-ci était tout préparé pour la
culture , parce que les babitans possédaient un forgeron et
qu’ils pouvaient se procurer des pioches. Je tâchai de l’apaiser
par des promesses pour l’avenir; mais il y fit peu d’attention.
H était si courroucé contre moi , pour ne. lui avoir pas
amené un forgeron, que de vingt-cinq cocbons qu’il avait
amenés pour le General-Gates, il ne voulut pas nous en
donner un seul. J’essayai de le distraire de son affliction;
et, dans ce but, je lui demandai s’il ne désirait pas aller
en Angleterre. Il répondit qu’il ne s’en souciait nullement;
il me fit remarquer qu’il n’était qu’un homme de peu de
chose à Port-Jackson , et que ce serait pis encore en Angleterre;
mais que dans son pays il était un grand roi. Nous
lui promîmes alors quelques outils; et cette promesse fit l’effet
d’un cordial sur un coeur ulcéré. Il demandait avec ins