y
à leur affliction, et j’aurais bien voulu les consoler dans leur
détresse. Je n’avais rien à leur donner que quelques bameçons
et un moucboir de pocbc ; je les offris à ces infortunées, qui
les reçurent avec reconnaissance.
Ainsi que les autres, le cbef de cet endroit nous fit présent
d une grande quantité de patates ; il nous en donna un certain
nombre de corbeilles, puis aux chefs de notre suite et à leurs
serviteurs, et enfin aux gens du peuple qui nous accompagnaient.
Il y joignit un beau cocbon. Ce cbef est nn homme
d une fort belle taille et tres-modestc. Son peuple se conduisit
aussi fort bien. Nous lui dîmes que nous désirions visiter la
nvière Pounake-Tcre; mais l’équipage de notre pirogue était
fatigué, et il avait besoin d’une journée de repos avant de
pouvoir nous conduire. Le cbef s’offrit à nous procurer un
équipage le lendemain et à nous accompagner lui-méme, ce
que nous acceptâmes avec satisfaction.
Comme de coutume, nous passâmes la soirée à converser
sur divers sujets, et à recueillir tous les renseignemens que
nous pûmes nous procurer, touchant les rivières de la Nouvelle
Zélande , le nombre des habitans établis sur leurs rives,
leurs ressources alimentaires, et leurs moyens de communication
avec les parties éloignées de l’île. Quand nous leur
adressions une question , il était bien rare qu’avant d’y répondre
ils ne nous demandassent pas pour quelle raison nous la
faisions. Si nous leur demandions à quelle distance se trouvait
telle montagne, telle rivière, ils répliquaient aussitôt : « Quel
besoin avez-vous de le savoir ? voulez-vous y aller ? » Quand
nous les avions satisfaits, ils nous donnaient ensuite tous les
éclaircissemens que nous désirions.
Après avoir conversé jusqu’à une heure avancée de la nuit
nous fîmes la prière du soir, et nous nous retirâmes pour
dormir.
Visite à d’autres villages.
8 octobre l8 ig . Ce matin de bonne heure, nous nous préparâmes
à visiter quelques villages sur les bords d’une rivière
nommée Pounake-Tere, située au sud du Shouki-Anga.Nous
montâmes sur deux pirogues au nombre de cinquante personnes.
En remontant la rivière, nous vîmes plusieurs villages
que nous n’eûmes pas le temps de visiter. En nous voyant passer,
les babitans nous saluaient par des décharges de mous-
queterie et par des cris de joie. Nous désirions remonter la
rivière aussi loin que possible, avec une forte marée pour
nous, de manière à revenir dans la soirée. La rivière est
très-belle et serait navigable pour de petits bâtimens, si ce
pays devenait jamais un Etat commerçant.
Vers une heure, nous arrivâmes à deux villages situés près
l’un de l’autre, sur la baute rive au sud de la rivière. Un de
ces villages reconnaît l’autorité d’une vieille femme, veuve
d’un cbef. Plusieurs de ces naturels n’avaient jamais vu de
blancs. Ils nous reçurent en exécutant une danse guerrière, et
nous présentèrent plusieurs corbeilles de patates qui furent
sur-le-champ préparées. Tandis que les cuisiniers s’occupaient
de cc travail, nous nous promenâmes dans les villages, nous
conversâmes avec les habitans, et nous leur flmes quelques
cadeaux d’hameçons. Un de ces villages se nommait Otaïti, et
l’autre Rangui-NVaka-Taka. Ils sont situés au fond d’une superbe
vallée, que traverse une petite crique navigable pour des
pirogues, et qui forme une des branches de la rivière. Dans
cette vallée, nous aperçûmes plusieurs petits villages et une
grande portion de terre cultivée en patates. Il y a en outre une
grande étendue de bonne terre, qui n’a jamais été cultivée et
où l’on pourrait former un bel établissement. Ce recoin écarté
semble renfermer une population considérable.
Au bout de quelques heures, nous quittâmes ces villages
dès que la marée commença à reverser.
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