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(Page 254.) A Waï-Kadi chacun était curieux de considérer
ma montre; mais le mouvement leur parut être une chose
SI étonnante , qu’ils jugèrent que cc ne pouvait être rien moins
que le langage d’un dieu ; et la montre elle-même, considérée
comme un atoua, devint pour eux tous l’objet d’un profond
respect.
(Page 35o.) Dans ce village (près Waï-Mate), comme dans
tous les endroits que j’avais visités, les naturels étaient confondus
du mouvement de ma montre, et le cbef et scs clicns décidèrent
d’une voix unanime que c’était l’atoua; on conséquence,
je fus regardé comme un personnage surnaturel.
(Page 272.) A l’égard de leurs maisons, les Nouvcaux-Zé-
landais observent encore plusieurs autres pratiques superstitieuses,
en outre de celle qui prescrit de n’y prendre aucun
aliment; elles ont toutes pour motif la crainte d’offenser 1’«-
toua, qui les punirait de la plus terrible vengeance s’il leur
arrivait de souiller leurs cabanes par certaines actions qu’ils
regardent comme profanes. C’est pour cela que, non-seulement
ils ne mangent jamais dans leur enceinte quand ils sont
bien portons, mais que même, quand ils sont malades, ils ne
réclament point ce privilège, et qu’ils n’en useraient point
quand on le leur accorderait. Alors on les transporte sous un
bangar élevé dans l’enclos, quelque rigoureux que soit le
temps. C est là qu’ils prennent tous les alimens qu’on leur procure,
puis on les rapporte chez eux quand ils ont fini. C’est
aussi sous ces abris temporaires que les femmes font leurs couches,
s’il fait mauvais temps; mais comme le climat en général
est fort doux, l’accouchement a d’ordinaire lieu en plein air.
Pendant le temps qu’un naturel est occupé à bâtir ou à réparer
une cabane, il est assujetti au tabou-tabou qui, dans cc cas,
est une espèce de quarantaine, pour ce qui regarde son traitement
en particulier, bien qu’elle ne s’étende point à ses rapports
avec les autres, car ils continuent d’être libres et sans
restrictions. Il ne doit pas toucbcr à scs vivres lui-même,
il a des personnes pour les lui donner, si c’est un ebef; mais si
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ec n’est qu’un kouki ou homme du commun , ses vivres sont
déposés par terre, et il est obligé de sc baisser et de les ramasser
chaque fois avec la boucbe, en répétant cette pénible opération
jusqu’à ce que son repas soit terminé. Sous aucun prétexte
que cc soit, il ne peut se servir de sa main ; car si dans
ces circonstances solennelles il les portait à sa bouche, suivant
leurs idées, M atoua le ferait périr par quelque maladie de langueur.
L ’individu qui sc trouve dans cc cas est toujours pénétré
lui-même de cette idée , et se soumet de bon coeur à ces
pratiques, tellement que la force est inutile pour lui faire observer
une règle aussi importante.
Fatigué de ma course et vexé de ne pouvoir entrer dans la
maison pour faire mon repas et y jouir d’un meilleur abri contre
la pluie, je m’emportai avec beaucoup d’aigreur contre ces
superstitions inhospitalières. Comme T o u a i, jusqu’alors, nous
avait témoigné une préférence marquée pour les coutumes européennes
, en s’y conformant à bord autant qu’il le pouvait
faire, je lui dis en raillant que le tabou-tabou n’était qu’une plaisanterie.
Mais je vis bientôt que les opinions adoptées dans
Tenfance et nourries jusqu’à Tâge mûr sont aussi difficiles à arracher
de l’esprit d’un Nouveau-Zélandais que de celui d’un
Européen. En effet, rétorquant adroitement mon argument,
Touai répondit :« Ce n’est point du tout un jeu ; Tbomme de
la Nouvelle-Zélande dit que toutes les prières (karakia) de
M. Marsden, le dimanche, ne sont que des plaisanteries. — Oh!
non, repris-je, ce n’est point une plaisanterie; mais c’est bon
(maïlaï). —■ Eh bien ! répliqua l’opiniâtre raisonneur, si vos
karakia ne sont point une plaisanterie, notre tabou-tabou n’est
point une plaisanterie non plus. » C’est ainsi qu’il résolut la
question , en nous laissant libres d’apprécier notre système ,
tandis qne lui-même et ses compatriotes continueraient de respecter
le leur.
(Page 282.) Tandis que nous faisions roule pour le vaisseau
f j’observai un des bommes de la pirogue qui portait souvent
scs doigts à sa tête et puis à sa boucbe; enfin ne pouvant