Conversations avec les naturels, el événemens.
La soirée fut consacrée .4 nous entretenir de matières religieuses
avec le prêtre et les cbefs. Le prêtre semblait être un
bomme fort intelligent, quant aux objets qui ne dépassaient
pas la portée de ses lumières. Il déclara qu’il avait des communications
avec l’Atoua de la Nouvelle-Zélande, et qu’il en
obtenait des réponses quand il lui adressait des prières. Je lui
dis que je n’avais jamais entendu l’Atoua de la Nouvelle-Zélande
, et que je ne croirais point qu’il lui eut parlé, si je ne
l’entendais moi-même ; enfin je l’engageai à le prier en ma présence
, afin que je pusse l’entendre. Il répliqua que quand il
viendrait me voir à Rangni-Hou, il me ferait entendre l’Atoua.
Cc prêtre croyait que tous les chefs de la Nouvelle-Zélande
se rendaient après leur mort dans un séjour de félicité.
Le pouvoir de leurs cbefs, les rits et les cérémonies de leur
religion , et la gloire de la vie guerrière, sont les sujets ordinaires
de la conversation de ces naturels. Leur mémoire est
excellente , et ils montrent le plus v if désir d’accroître leurs
connaissances. Cc sont des voyageurs hardis et entreprenans
dans l’étendue de leur île. Plusieurs sont restés dix ou douze
mois dans leurs courses. C’est par eux que nous avons eu
des renseignemens plus précis toucbant une rivière nommée
Waï-Kato, située vers le centre de l’île , où paraît résider la
masse la plus considérable de la population. Ils représentent
cette population comme innombrable. •
Les cbefs et le prêtre voulurent savoir quels étaient nos
projets. Nous leur dîmes que le premier objet de notre voyage
était d’examiner l’emboucbure de la rivière, pour nous assurer
si des navires pourraient y entrer. Ils nous demandèrent
si nous avions fait part à Shongui de la visite que nous leur faisions;
car ils craignaient que les chefs de la côte orientale ne
fussent irrités contre eux, si les navires venaient les visiter. Je
leur répondis que j’avais prévenu Sbongui de notre intention ,
et que ce chef avait désigné son propre fils pour nous montrer
la route. Ils en parurent très-contens , et ils firent remarquer
que, puisque nous étions venus de notre propre mouvement
sans avoir été appelés, les cbefs de l’Est n’avaient aucun motif
de leur en vouloir.
Puis le prêtre entra dans une description de l’entrée de la
rivière, il mentionna les rochers qui se trouvent de chaque
côté et un banc de sable sur la droite, au large et au dehors,
lorsqu’on sort de l’embouchure. Il dit combien il y avait de
brasses d’eau sur le banc et dans le chenal, et promit de nous
accompagner le lendemain pour reconnaître l’entrée et sonder
la profondeur de l’eau. Nous lui fîmes observer que nous ne
pourrions y aller le lendemain, attendu que ce jour était sacré
pour nous et destiné à prier notre Dieu ; mais que le surlendemain
nons serions bien aises qu’il vînt avec nous, si le temps
le permettait. Il répliqua qu’il était le prêtre des vents et des
flots, et qu’il leur commanderait d’être calmes.
Après avoir parlé de diverses choses jusqu’.à une heure
avancée , nous chantâmes un hymne, nous renTerciâmes notre
Dieu des bénédictions dont nous jouissions sur une terre idolâtre
, puis nous nous couchâmes pour dormir. Notre cabane
était remplie de naturels qui restèrent avec nous toute la nuit ;
et le prêtre ne nous quitta plus un instant, soit la nuit, soit
ie jour, jusqu’à notre arrivée à Rangui-Hou.
3 octobre 1819. Après le déjeuner, je lus le service de l’Église
et fis quelques observations sur le onzième chapitre aux Romains.
Les cbefs et leurs gens se comportèrent avec la plus
grande décence, et le cbef principal ordonna à tous les enfans
de s’en aller, pour ne pas nous troubler. Une foule d’hommes
et de femmes environnaient notre cabane.
Le prêtre dit qu’il désirait apprendre à prier comme nous,
mais qu’il ne comprenait pas pour quelle raison nous priions
notre Dieu quand nous ne paraissions pas en avoir besoin. H
ajouta qu’il ne priait l’Atoua que dans les momens où son assistance
lui était nécessaire. Nous flmes en sorte de lui expliquer