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PIÈCES JUSTIFICATIVES.
çons, ainsi qu’on l’a déjà dit. Mais il ne voulut pas ajouter foi
à ce rapport, sans avoir d’abord examiné lui-même le sépul-
cre. S’y étant transporté, il n’y trouva plus que quelques côtes
et la partie supérieure du crâne qui avait été brisée. Les os
des bras et des mains, ainsi que ceux des mâchoires, avaient
été mis en pièces et transformés en hameçons. Désormais sûr
du fait, il marcha vers le village où demeuraient ceux qui
avaient commis le sacrilège ; s’étant approché d’e u x , en
plein jour et à portée de fusil, il leur déclara qu’il venait poulies
châtier d’avoir violé le sépulcre où les os de son beau-père
avalent été déposés, et d’avoir transformé ces os en hameçons.
Ils reconnurent leur tort et Injustice de la conduite de Shongui
: alors, sans entrer dans le village, celui-ci fit feu sur
eux et tua cinq bommes ; sur quoi le parti attaqué le pria de
cesser le feu, alléguant que la mort de ceux qui venaient de
succomber était une expiation suffisante pour l’offense commise.
Sbongui répondit qu’il était satisfait , et l’affaire fut
ainsi terminée du consentement des deux partis. Shongui s’en
revint ensuite, après avoir rendu visite au peuple qui s’était
approprié la baleine morte et échouée sur son rivage , et avoir
brisé la pirogue qui leur avait servi.
Sbongui m’interpella , pour savoir si nous ne regardions
pas comme un crime grave de profaner lessépulcres des morts,
et de faire de pareils outrages à leurs restes, et si ce peuple
qu’il venait de châtier, n’avait pas mérité par ses crimes la
manière dont il venait de le traiter. Tout en admettant qu’il
était juste de punir de pareils outrages, je répondis que j’étais
facbé qu’il eût péri du monde , et que je craignais que ce
qu’avait fait Sbongui n’excitât scs adversaires à venger la mort
de leurs amis. Shongui répliqua qu’ils n’étaient pas capables
de faire la guerre contre lu i , et qu’en conséquence il était
tranquille.
Idées el coutumes des naturels à l ’ égard du vol.
4 septembre iS ig . Oudi-Okouna , le chef dont on avait
acheté le terrain où se trouve rétablissement actuel, m’apprit
que M. Kendall l’avait insulté lui et son frère en les
chassant de sa maison. Je lui assurai que M. Kendall n’avait
pas eu lintention de loffenser dans ce moment ; car je m’y
trouvais, et j’avais vu ce qui s’était passé. Peu après, je sus
que son frère était allé chez M. Hall et lui avait dérobé deux
pots de terre. Dans laprès-midi, je rencontrai Oudi-Okouna
avec son frère, et leur reprochai ce vol. Oudi-Okouna ré pliqua
que son frère n’avait point volé les pots, mais qu’il les
avait enlevés dans lintention d’amener une explication toucbant
la conduite deM. Kendall; qu’il réclamait une satisfaction
pour loutrage qu’il avait reçu, et qu’il ne rendrait pas
les pots qu’il n’eut reçu cette satisfaction. Je lui dis que
M. Hall ne devait pas être puni pour ce qu’avait pu faire
M. Kendall, et que les pots devaient être restitués sur-le-cbamp
à leur propriétaire. Oudi-Okouna était disposé à les rendre ,
mais son frère demanda une hache , non pas à titre de faveur,
mais en échange des objets volés. Nous jugeâmes que ce serait
ouvrir la porte à tous les vols possibles, que desouscrire à une
pareille demande ; ainsi nous lui déclarâmes qu’il était maître
de garder les pots, car nous ne les racbètérlons pas, puisqu ils
avaient été volés.
Oudi-Okouna fut très-cboqué de la conduite de son frère ,
et dans le courant de la semaine suivante ils se querellèrent
sérieusement. Oudi-Okouna, pour montrer son mécontentement,
mit le feu à sa propre maison et la brûla. Puis il quitta
Rangui-Hou , déterminé à ne plus revenir près de son frère,
tant il avait honte de son larcin, après lamitié que nous lui
avions témoignée ainsi qu’à sa femme. Peu de jours après ,
M. Butler et moi, tandis que nous nous promenions au travers
du village , nous rencontrâmes le frère d’Oudl-Okouna. Il