Déharqucmenl au cap Nord.
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Dimanche 27 février i 8 i 5. Vers midi nous vîmes la terre.
J’étais déterminé à y débarquer pour y passer un jour, suivant
ma promesse, si le vent le permettait. En conséquence, je priai
le maître de gouverner sur le cap.
Lundi 28 février. Durant la nuit le vent avait été contraire,
et ce matin nous étions à quatre ou cinq lieues de la côte et
le vent venait de terre. Le navire avait dépassé la pointe N. E.
où je voulais toucher ; comme nous ne pouvions l’atteindre,
nous courûmes des bordées sous toutes voiles ; vers dix heures,
une pirogue se dirigea vers VActive, elle venait d’un endroit
de la côte dilférent de celui où habitait le chef que je voulais
voir. Quand les naturels furent arrivés , ils m’apprirent que le
chef avait rassemblé une grande quantité de chanvre tout préparé
pour moi; et que Jem, le Taïtien, était dans le pays, à
quatre milles environ de chez eux. Je priai le principal de ces
naturels d’envoyer sa pirogue à terre, et de faire annoncer à
Jem, par un messager, mon arrivée ; il le fit immédiatement, et
rentra lui-même à bord, en me demandant la permission d’aller
à Port-Jackson. Je ne pus me rendre à son désir, à cause
du défaut de place.
Peu après, il vint une autre pirogue dans laquelle je descendis
à terre , accompagné de M. Nicholas et du cbef qui était
resté sur le navire. Nous débarquâmes à un petit village près
de la plage. Le ressac était violent, et l’endroit où nous abordions
rocailleux. Il me .sembla qu’il y avait du danger. Mais,
pleins de confiance dans le savoir el l’habileté des naturels à
manoeuvrer leurs pirogues, nous nous lançâmes au travers du
ressac, et arrivâmes au rivage sans autre accident que quelques
éclaboussures des lames. Nous trouvâmes ici quelques
jolies petites habitations, avec des jardins parfaitement cultivés,
proprement enclos et bien tenus; des patates, des ignames,
etc., toutes plantées en couches séparées, et où l’on n’eût
pu trouver un .seul brin de mauvaise herbe.
En passant au travers du village, je remarquai une tête
d ’homme plantée sur un p ieu, devant une cabane. Le chef s’esquiva
en silence derrière moi, prit la tête et la porta dans la
butte. Il ne vit pas queje l’observais, et par la précaution qu’il
mettait dans cette action, je conclus qu’il désirait que je ne
m’en aperçusse pas. Pour ce motif, je fis semblant de ne pas le
voir et passai outre.
Le messager avait été expédié de ce village vers Jem le Taïtien,
mais il n’était pas encore de retour. Nous cheminâmes pendant
environ deux milles dams l’intérieur, par le cbemin oû
nous comptions voir arriver Jem, suivis d’un nombre considérable
de naturels. Sur notre route, nous vîmes quelques
belles plantations de patates et d’autres végétaux. Les femmes
paraissaient avoir eu peu de relations avec les Euaopéens; la
plupart d’entre elles se tenaient d’abord à l’écart, et s’enfuyaient
quand nous leur adressions la parole. Enfin nous fûmes bélés
par quelques naturels, qui nous apprirent que Jem avait pris
une autre route et qu’il venait le long de la plage. Nous retournâmes
aussitôt du côté de la mer.
Sur notre route, nous rencontrâmes le fils du chef. Il était
revêtu des indiennes que j’avais données à son père, quand
nous allions à la baie des Iles. C’était un fort beau jeune bomme.
Il me représenta les ordres imprimés du gouverneur que j ’avais
remis à son père. Ils étalent enveloppés et couverts avec le plus
grand soin, pour les conserver propres. Il me pria de lui donner
passage jusqu’à Port-Jackson et j ’y consentis. Il me dit que
son père désirait me voir et m’attendait au fond de la baie , à
trois milles de distance environ. Je me mis en route pour le
vo ir, et je rencontrai Jem le Taïtien, qui me dit que le lin
était prêt. Alors 11 était presque nuit, et le vent soufflait de
terre avec force, de sorte que l ’Active ne pouvait approcher.
J’eus peur qu’il ne fût entraîné au large, c’est pourquoi je
jugeai prudent de regagner le bord le plus tôt possible. Dans
ce but nous retournâmes au premier village.
Sur notre route, nous rencontrâmes deux femmes appuyées
TOME II I.