' ,ib Dimanche 16 mars. Au point du jou r, nous sortîmes de chez
nous pour savoir s’il était venu d’autres nouvelles. Les jeunes
gens s’étalent tous rassemblés pour conférer ensemble : l’un
d’eux avait eu son frère tuè et mangé ; c’était un bomme de
considération. Différens bruits circulaient ; on raconta qu’une
foule de guerriers étaient revenus la veille à Waï-Mate sans
avoir conservé un seul vêtement.
17 mars. Il a paru quatre pirogues appartenant au peuple
de Waï-Kadi. Tetorou, l’un des principaux cbefs de cette
tribu, a perdu cinq de ses fils dans la dernière bataille. C’est
une affaire terrible, et je ne sais pas quelle en sera l’issue.
L ’établissement de Wesley, qui a été dernièrement fondé, sera
probablement une seconde fois détruit. Je suis déterminé à
m’embarquer aussitôt que j’observerai quelque mouvement
parmi nos naturels ; ils parlent de sc rassembler de toutes parts ;
et s’il ne sont arrêtés par la main du Seigneur, il s’ensuivra de
grands malheurs. Vers midi, Tekoke et une troupe d’hommes
sont arrivés de Kawa-Kawa, et quelque temps après Rewa est
arrivé de Korora-Reka. Nous avons eu avec eu%un entretien
dont nous avons été contens ; ils nous ont proposé d’aller avec
eux à Sbouki-Anga pour arranger la querelle qui vient de s’élever.
Ils sont persuadés qu’il leur arrivera de grands désastres
s’ils font la guerre; pourtant leurs lois les obligent à venger
la mort de Ware-Oumou. Par eux-mêmes ils ne peuvent proposer
la paix ; mais si nous les accompagnons, ils espèrent
qu’elle pourra se conclure.
18 mars. Ce matin Rangui-Toukc est allé de bonne heure,
pour tenir conseil avec Tareha, Rewa, Toï-Tapou, Temarangai
et d’autres, à Korora-Reka. On a reçu des lettres de
Shouki-Anga; tout y est encore tranquille : Ware-Rabi s’y
trouve et fait des efforts pour obtenir le corps de Ware-Oumou
et décider Patou-One à se joindre aux Ngapouis contre la
tribu qui est la cause de tous ces malheurs. Warc-Rahi, le
ebef en question, se nomme quelquefois W arc -N ou ï; ces
deux noms signifient également grauifo maison.
(9 mars. Au point du jour, on a observé vingt-trois pirogues
qui se dirigeaient vers Korora-Reka. On a reconnu que c’était
le vieux Kaïra de Mataudi qui venait pour tout ravager à Waï-
Tangui, afin de se venger de la mauvaise conduite que les
hommes de cette tribu avaient tenue dans sa résidence où ils
avaient tué un esclave. Vers sept beures, M. Davis et moi
nous allâmes à Rangui-Hou rendre visite à M. Sbepherd, qui
avait témoigné le désir de nous accompagner à Shouki-Anga.
En débarquant, nous apprîmes que le parti de Kaïra avait
fort mal agi envers M. Sbepherd ; et comme on s’attendait à
voir venir cette troupe par la même route, M. Sbepherd 11 eut
pas la liberté de s’absenter. Nous apprîmes aussi que Kaïra
avait l’intention de visiter Pabia, en se rendant à Kawa-Kawa :
cette nouvelle nous causa une vive inquiétude, attendu que si
nous ne pouvions pas nous trouver à l’assemblée générale, il
fallait renoncer à toute espérance de paix. En conséquence,
nous nous décidâmesà nous diriger vers Kidi-Kidi, pour nous
procurer des renseignemens sur l’état des affaires a Pabia. A
notre arrivée, nous fûmes reçus par Rewa, qui venait d’y arriver,
en faisant route pour Sbouki-Anga; il fut alors arrêté
que nous nous y rendrions ensemble. Dans la matinée il avait
rencontré Kaïra et lui avait recommandé de revenir cbez lui
et de se joindre à l’armée.
20 mars. L ’indisposition de madame Clarke et l’apprébension
de quelques-uns des détachemens qui se rendaient à Shouki-
Anga en passant cbez eux, furent cause qu’aucun des frères de
Kidi-Kidi ne put nous accompagner. Entre neuf et dix beures
du matin, nous partîmes pour Shouki-Anga avec nos jeunes
naturels et accompagnés de Rewa, de sa femme et de ses fils.
A onze beures nous arrivâmes à la résidence de ce cbef à W aï-
mate : c’est un beau site, entouré de plantations d’une étendue
considérable. Nous y prîmes quelques rafraîcbissemens, dans
l’espoir de coiilinuer sur-le-champ notre route ; mais nous y
fûmes retenus plusieurs heures par Rewa, occupe a réparer le
ressort d’un fusil. Sa famille formait un groupe fort intc