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ils désignent ainsi le lieutenant d’un navire européen , parce
qu’ils ont observé qu’il commandait plus souvent aux matelots
que le capitaine lui-même. D’ailleurs cbez eux le rangatira
para-parao est ordinairement aussi le lieutenant militaire du
cb e f pr incipal, le commandant spécial des guerriers.
Pour obtenir de Toua i des détails plus positifs sur la céré-*
monie du baptême , je profitai d’un moment où ce cb e f, reconnaissant
de quelques présens qu eje lui avais faits, me parut
mieux disposé que jamais en ma fa v eu r , et prêt à répondre à
mes questions d’une manière plus satisfaisante que d’ordinaire.
Je ferai observer que c’est une marcbe indispensable
à suivre pour quiconque voudra s’instruire avec.quelque succès
des coutumes et des opinions de ce peuple singulier, que
de procéder avec beaucoup de circonspection, deparaître entrer
dans ses opinions, et même de les respecter et de les admirer
jusqu’à un certain p o in t , car ces bommes sont très-sensibles
au mépris et aux dédains des Européens, et par tous les
moyens possibles ils cberebent à se soustraire à des sentimens
aussi bumilians pour leur vanité.
A u début de l’entretien, Toua i ne chercbait qu’à éluder
mes questions, soit par un «je ne sais pas— I don’ t know,« assez
fro id , soit en alléguant que ces cérémonies n’étaient que des
niaiseries bonnes seulement pour des sauvages, soit enfin en
prétextant que cela ne devait avoir aucun intérêt pour moi.
Bientôt, devenu plus complaisant, il répondait à mes questions,
il est v ra i, mais souvent il débitait tout ce qui lui passait
par la tête, fort indifférent au fond à ce que ces documens
fussent vrais ou faux. Après l’avoir interrogé sur le baptême
, et lui avoir récité les mots attribués par la grammaire
à cette cérémonie, il répondit même d’abord qu’ils étaient
conformes a ee qu’on pratiquait en pareil cas. Enfin , pressé
de m’en donner la signification en anglais, comme j ’étais surpris
de ne trouver aucun sens à sa traduction, il finit par convenir
qu’effectivement ces mots ne signifiaient rien , et qu’il ne
savait pas où Ton avait pu les recueillir. Ce fut alors seuleiilf
meut qu’après de nouvelles instances, il consentit à me donner
les paroles baptismales, telles du moins qu’on les avait
employées à la naissance de son»fils, avec les rits qui furent
suivis dans cette cérémonie, car il est très-probable que ces
rits eomme ces paroles varient de tribu à t r ib u , et peut-être
dans les familles de la même tr ib u , suivant le caprice des
arikis ou de ceux qui dirigent la cérémonie.
Cinq jours après la naissance de Tenfant, la mère , assistée
de ses amies et de ses parentes, le déposa sur une natte, et
cette natte est soutenue sur deux monceaux de bois ou de sable.
Toutes les femmes, Tune après l ’autre , trempent une branche
dans un vase rempli d’e au , et en aspergent Tenfant au
front. C’est en ce moment qu’on lui impose son nom ; le nom
est une affaire sacrée pour ces peuples, el à leurs yeux il fait
en quelque sorte partie d’eux-mêmes.
Cependant ils en changent quelquefois pour perpétuer le
souvenir d’une circonstance, d’un exploit remarquable dans
leur vie. Ainsi en mémoire du lieu où périt de maladie Koro-
Koro , à W iti-A n g a , à la suite d’un combat, son frère Touai
prit le nom de K a t i-K a ti, mais l’ancien a prévalu. I l est arrivé
le contraire à Tègard de Pomare, dont l ’ancien nom
W e to ï était presque ou b lié , comme des cbefs K ing-Georg e et
Georges, dont les noms primitifs étaient inconnus des Européens,
e t c . , etc. Dans ces occasions, assurait T o u a i, il fallait
que la cérémonie du changement de nom fût consacrée par uu
nouveau baptême.
V o ic i les paroles employées au baptême du fils de T o u a i,
d’après sa propre diction et conformément à notre prononciation.
Quant à la valeur de chacun des mots séparément,
je ne puis en répondre, car ce chef Tignorait lui-même, et ne
pouvait distinguer les syllabes isolées de celles qui devaient être
réunies en un seul mot. D’ailleurs il arrive souvent que certaines
alliances de mots donnent au composé une valeur toute
différente de celle qu’ils ont par eux-mêmes :