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E X T R A IT S DE Q UELQUES L E T TR E S DES M IS S IO N N A IR E S , EN
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Vives affections des naturels.
J’ai visité Rangui-Hou. Le rivage entier était couvert d’étrangers,
venus dans des dispositions amicales des bords du
■Waï-Kato , appartenant à la tribu des Ngate-Marou, qui dernièrement
a causé tant de craintes à la baie des Iles. A la nuit,
Titore, cbef de W^aï-Mate, vint pour les voir, et saluer son
frère Rapou, qui était allé à Waï-Kato pour une mission de
paix. A son arrivée, Titore resta assis dans un morne silence,
la tête couverte de sa natte, et remuant son corps çà et là ,
ressemblant presque à un hérisson qui se serait roulé par terre.
Quelque temp.s après, quelques-uns des babitans de la colline,
mal intentionnés, se levèrent, et s’en allèrent pour enlever les
cochons de leurs hôtes ; Titore s’y opposa, sans quoi j ’ignore
quelles eussent pu être les suites de cette tentative. Puis Titore
monta sur une petite éminence qui dominait la plage, et souhaita
la bien-venue à son frère dans une sorte de chant mélancolique
, mais en même temps vraiment touchant. Pendant
toute sa durée , il se promenait d’un pas lent et solennel sur la
crête de la colline ; puis , quand il eut fini, tout-à-coup il s’adressa
aux étrangers, et continua de leur parler avec grâce
durant plus d’une heure. Ses gestes étaient parfaitement naturels,
et par conséquent très-agréables : sa voix était forte, mais
bien modulée, et son langage abondant et fleuri. Je pris un
v if intérêt à toute cette scène, qui certainement était la plus
romantique dont j’eusse été jamais témoin. Quand tout fut terminé,
et que le salut eut aussi été donné suivant les formes,
Titore se précipita vers l’endroit où son frère était assis , et il
s’en suivit une entrevue très-toucbante , attendu qu’il avait à
lui communiquer la mort d’une soeur à laquelle ils étaient tous
les deux tendrement attachés.
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Certainement les Nouvcaux-Zélandais sont doués de scntimens
extraordinaires; sentimens, j’cn suis convaincu, qui
produiraient les plus beureux effets, si dès l’enfance ils eussent
été heureusement cultivés et convenablement dirigés.
( Révérend TV. Yate. )
Manières sauvages des naturels
On a observé une troupe nombreuse qui débarquait à Korora
Reka, et l’on a supposé que c’étaient des guerriers de
Oudou-Roa et de Kaïra, de Wangaroa et de Mataudi : car
nous avions appris que Oudou-Roa méditait une attaque sur
les tribus de Waï-Tangui, Waï-Kadi et K®wa-Kawa. Le lendemain
, au point du jour, l’armée fut en mouvement; d’abord
nous ne pûmes découvrir leurs intentions ; mais nous les
vîmes bientôt gouverner sur W aï-Tangui : des ordres furent
donnés pour fermer toutes les issues de nos habitations , excepté
deux que l’on pouvait fermer au dernier moment. Toï-Tapou
fit son apparition , et nous engagea à être bien sur nos gardes ,
attendu que les intentions de ces gens étaient mauvaises. Après
le déjeuner, nous nous décidâmes à rendre une visite à cette
armée; en conséquence nous armâmes une pirogue de guerre
appartenant à Toï-Tapou qui se trouvait à la place, et nous
nous dirigeâmes vers les étrangers : leurs ennemis s’étaient enfuis,
et ils n’avaient trouvé qu’un esclave qu’ils avaient tué.
Nous conversâmes avec Kaïra, et nous fûmes contens de trouver
parmi eux nos amis Ware-Porka et Waï-Kato ; ils étaient
disposés en notre faveur, et s’opposaient évidemment aux projets
du vieillard.
Tandis que nous nous trouvions avec cette troupe , il arriva
un accident que nous n’oublierons jamais, tant nous sommes
peu certains de vivre une heure de plus ! Waï-Kato nous montrait
le fusil que le roi lui avait donné. Ayant observé que les
deuxcoupsétaicnt armés, je p r i s l’arme pour Icsmetlre au repos;