bonnes qualités des Nouveaux-Zélandais sans dissimuler
leurs défauts et leurs odieuses pratiques. En
un mot, nous ne craignons pas de dire que c’est l’ouvrage
le plus remarquable qui ait encore paru sur
cette partie du globe, et l’on ne saurait trop le recommander
à ceux qui désirent se former une idée
exacte de ce pays. Pour nous, bornés par les limites
de notre travail et la quantité de matériaux que nous
avons à présenter sur cette matière, nous nous contenterons
de donner ici la traduction des passages les
plus curieux, surtout de ceux qui sont de nature à
mieux faire connaître la Nouvelle-Zélande et ses
habitans.
A l’occasion du séjour de Tepahi à Sydney, on lit
les anecdotes suivantes. (P a g . 9 et suiv. )
Un jou r, comme un gentleman de la colonie se moquait
de Tepahi pour s’ôtre défiguré le visage d’une manière si
bizarre (par le tatouage), ce chef spirituel lui riposta par un
mot piquant, en lui disant qu’il n’était pas moins ridicule
de se mettre de la poudre et de la graisse dans les cheveux,
pratique qu’il jugeait beaucoup plus absurde que le tatouage.
Tepahi ne pouvait concilier la rigueur de notre Code pénal
avec ses propres idées de justice, qui étaient certainement
dictées par de vrais scntimens d’humanité. Un homme envoyé
dans la colonie comme convict, ayant volé quelques cocbons,
fut condamné à mort. Tepabi, instruit du crime et du châtiment,
se révolta contre le dernier comme étant d’une cruauté
inutile et d’une injustice extrême. Raisonnant à cet égard avec
une logique naturelle, il dit que si l’homme avait volé une
bacbe, ou tonte autre chose d’une utilité es.sentielle, il eût
mérité la mort; mais non pas pour un cocbon, attendu que la
faim seule l’avait probablement entraîné à cette action. Il s’intéressa
cbaudement en faveur du coupable, et pria instamment
le gouverneur de lui accorder son pardon , tandis qu’il
dînait un jour à la table de S. E. avec une nombreuse compagnie.
Mais on lui dit qu’il était impossible d’aceordcr ce
pardon, parce que l’homme avait agi en violation directe des
lois de son pays, qui assuraient à cbacun la possession de sa
propriété et punissaient de mort tous ceux qui se rendaient
coupables de vol. « Alors, dit Tepabi, pourquoi ne pendcz-
vous^pas le capitaine ” *'? » en montrant du doigt le commandant
d’un vaisseau dont je ne me rappelle pas le nom, mais
qui sc trouvait en ce moment à table. « Le capitaine est
venu à la Nouvelle-Zélande; il est venu à terre, et il a volé
(taehae') toutes mes patates. Pendez donc le capitaine ’'■**. »
La compagnie s’amusa beaucoup de la force et de la justesse
du raisonnement de Tepahi, tandis que le capitaine fut tout
honteux de voir sa conduite si brusquement dénoncée, car il
avait réellement agi comme le chef l’avait assuré. Il avait envoyé
à terre l’équipage d’un canot avec l’ordre d’arracber les
patates de T epabi, ce qui fut exéciité sans qu’on offrît à ce chef
aucune espèce d’indemnité.
M. Nicholas trace les portraits suivans des chefs Doua-
Tara, Shongui et Koro-Koro. (Pag. 23 el suiv.)
Doua-Tara, qui se trouvait alors dans la fleur de Tâge, était
un homme d’une stature élevée et majestueuse, d’une grande
force musculaire et d’une expression de visage prononcée : son
maintien noble et plein de dignité semblait très-propre à sanctionner
son autorité, tandis que la vivacité de son regard décelait,
même pour un spectateur indifférent, le rang élevé dont
il jouissait parmi ses compatriotes. Outre les traits réguliers et
expressifs qu’il avait reçus de la nature, le visage de Doua-
TOME I I I .