PIÈCES JUSTIFICATIVES.
I l
l'
. m
i l
sc chargea de conduire Houra-Touki et son compagnon à la
Nouvelle-Zélande. Le gouverneur voulut les accompagner
lui-même, pour s’assurer qu’ils seraient bien traités et débarqués
en sûreté dans leur patrie. L ’extrême bonté du gouverneur
King, envers ces Nouveaux-Zélandais, a produit l’impression
la plus favorable sur tous les naturels qui en ont entendu
parler. Aujourd’hui encore, ils en parlent avec reconnaissance,
et demandent des nouvelles de la fille aînée du
gouverneur Kin g, dont le nom est Maria, et qui n’était qu’un
cnfantlorsque Houra-Touki se trouvait sur l’île Norfolk. Quand
ce dernier m’en parla, je lui dis qu’elle demeurait actuellement
à Parramatta. Il me répondit qu’il voulait aller vivre pyès d’elle
jusqu’au moment de sa mort. Houra-Touki fut enchanté de
me voir. Il quitta sa pirogue, ainsi que quelques-uns des cbefs
qui la montaient, pour nous accompagner à Manawa-Oura.
En débarquant à cet endroit, je fis choix d’un petit morceau
de terre pour y semer un peu de graine de lin d’Angleterre
; sur-le-cbamp on s’occupa de le défricher et de le labourer,
puis je l’ensemençai. Ensuite je choisis un endroit pour
le bâtiment, et je traçai le plan d’une maison de quarante
pieds de long sur treize de large, pour les ouvriers. Le soir
nous retournâmes à Rangui-Hou.
28 août 1819. Tous les bras ont été occupés, soit à couper
du bois pour les constructions projetées, soit à travailler au
ponton.
Dimanche 29 août. Le service divin a été célébré dans le
nouveau hangar, où nous avons pu jouir des bienfaits de
la parole de Dieu, sans aucun trouble.
Cruelles superstitions des naturels.
Après le service du matin, M. Butler et moi nous visitâmes
le village des naturels et nous conversâmes avec eux.
En me promenant près du village, j’eus un entretien avec
une jeune femme qui demeure chez M. Hanson, beau-frère de
M. King. Lui ayant demandé si son père était vivant, elle me
dit qu’il avait été tué et mangé au cap Nord par les gens de
Shongui, et qu’elle était elle-même prisonnière de guerre.
J’appris aussi que, depuis qu’elle avait été amenée à Rangul-
Hou , on avait résolu de la tuer. Peu de mois auparavant, le
frère du chef actuel de Rangui-Hou mourut : son peuple crut
qu’il avait péri par l’effet de charmes ou d’encbantemens, car
il déclara lui-même que telle était la cause de sa mort. Tawa,
fils de feu Tepabi, se trouvait cbez moi à l’époque de la mort
de cet homme, et il possédait deux esclaves femelles qu’il
avait laissées à Rangui-Hou. Quand le frère du cbef mourut,
pour donner satisfaction à son esprit, et l’empêcher
de revenir pour les tuer, les parens du défunt sacrifièrent
ces deux jeunes femmes qui appartenaient à l’école que dirigeait
M. Kendall. Un autre parent du chef demanda également
la mort de la jeune femme qui vivait cbez M. Hanson,
comme une satisfaction, afin d’empêcher l’esprit du défunt
de venir lui faire du mal. Suivant la coutume du pays , elle
était venue se livrer elle-même pour être sacrifiée : mais le
chef, avant de mourir, prévoyant qu’il y aurait des victimes
immolées pour lu i , donna des ordres pour qu’elle ne fût pas
de ce nombre ; et c’est ainsi que sa vie fut épargnée. Quand
VActive revint à Port-Jackson, les deux jeunes gens qui avaient
été chargés de tuer les esclaves de Tawa passèrent sur ce navire.
Tawa se trouvait alors avec moi : M. Kendall me fit part de ce
qui s’était passé, dans la crainte que Tawa n’entrât en colère
contre ces naturels, quand il apprendrait la mort de ses esclaves.
Les jeunes gens, à leur arrivée, semblèrent aussi fort alarmés;
je parlai à Tawa et lui racontai ce qui avait eu lieu. H
fut affligé de la mort de ses esclaves, mais il m’assura qu’il ne
montrerait aucun ressentiment aux jeunes gens qui les avaient
tuées, étant devenu trop raisonnable pour agir ainsi. Ces détails
sont propres à faire connaître les superstitions et le caractère
de ces peuples.
En traversant le village , nous nous arrêtâmes pour causer