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])lus douter du motif de ses gestes, je découvris qu’il sc régalait
lui-même avec les essaims de vermine qu’il avait nourris,
et que sa tête sale était devenue une ressource régulière pour
son estomac plus sale encore.
(Pages 286 et suiv.) Tara et Pomarc déjeunèrent avec nous
dans la cabane. Le premier, dans sa manière de manger, observait
une règle qui le distinguait de l’autre ; il prenait le riz
dans le plat avec une cuillère et le versait dans sa main avant
de le porter à sa boucbe ; pour boire son tb é , il mettait sa
main devant ses lèvres et répandait le tbé dans la paume avant
de l’avaler, évitant avec soin de toucbcr avec ses lèvres aucun
des vases qui lui servaient .à boire ou à manger. J’essayai de le
faire renoncer à cette absurde pratique et lui dis qu’il lui conviendrait
bien mieux de manger comme nous ; mais il secoua
la tête avec un air d’indignation, en répondant qu’il était A r ih
et tahou-tahou i mais que Toupe et Pomare, qui n’étaient que
des houkis, pouvaient manger suivant notre manière. Cette
épitbète méprisante était une insulte à la dignité de Pomare
qui maniait son couteau et sa fourcbette avec toute la dextérité
d’un Européen. Désirant éprouver son caractère, je lui
dis en riant qu’il était un kouki; son orgueil en fut sur-le-
cbamp offensé, il cessa de nous copier et commença à imiter
Tara. Mais il n’était pas insensible aux traits du ridicule, et
nos railleries le firent bientôt renoncer à cette extravagance et
manger comme nous.
D’après la déférence particulière que Ton accordait à Tara,
il paraîtrait qu’il occupait un rang élevé au-dessus des autres
cbefs de cette partie de la baie ; mais je ne pus constater exactement
jusqu’à quel point ceux-ci reconnaissaient son autorité.
Du reste, autant qu’il me fut possible de me former une opinion
sur Tétat de la société parmi ces bommes, il me semble
que ce peuple existe à présent sous une espèce de système féodal
, analogue en quelque sorte à celui qui prévalut en Écosse
jusqu’à une époque assez récente. Les Arikis peuvent requérir
les services des ebefs inférieurs en temps de guerre ; mais je n’ai
pu m’assurer si ces derniers licnnciit leurs terres sous certaines
conditions. La partie de la Nouvelle-Zélande dont je traite ici,
c’est-à-dire depuis les Cavalles jusqu’à la rivière Tamise, est
sous la direction de trois arikis ou cbefs principaux, qui sont
Kangaroa, sur la partie N. E. de la baie des Iles ; Tara , sur la
partie du S. E . , qui s’étend jusqu’à Bream-Bay; et Houpâ,
dont la juridiction, qui est très-considérable, s’étend sur tout le
pays compris entre cc dernier endroit et la rivière Tamise,
Mais je suis porté à croire qu’en plusieurs occasions le pouvoir
de ces arikis sur les cbefs subalternes n’est guère que no-
iniiial; car, bien qu’il soit formellement avéré, il arrive souvent
que les différentes tribus sc font la guerre entre elles sans
consulter leurs arikis respectifs, et agissent sous plusieurs rapports
d’une manière tout-à-fait indépendante de leur autorité.
D’après cela, il est probable que les cbefs ne tiennent point
leurs terres comme fiefs des arikis, mais qu’ils consentent tout
simplement à reconnaître leur pouvoir, sans pour cela s’y
soumettre plus qu’ il ne convient à leurs caprices ou à leurs
intérêts. L’autorité de plusieurs de ces chefs eux-mêmes est
fort étendue; ils ont une suite nombreuse de clicns tout dévoués
à leurs intérêts, et prêts à leur sacrifier leur vie au besoin
pour prouver leur fidélité.
Nous fûmes instruits que cc n’était point la coutume que
les arikis s’adonnassent eux-mêmes à la guerre, mais que chacun
d’eux avait son général ou homme de combat, comme le
désignait Doua-Tara, qui d’ordinaire était un de scs plus
proches parens. Ce commandant en chef, d’après les rcnsci-
gnemciis qu’on nous donna, est un personnage très-important;
il prend toutes les mesures relatives à la guerre avec une autorité
illimitée ; il est chargé de passer la revue des forces, et
prend soin de les tenir toujours prêtes à marcher au besoin.
Au combat, il se trouve toujours à leur tête; et c’est de la
qu’il dirige leurs mouvemcns, suivant le système de discipline
qu’il lui a plu d’adopter; fidèle à son poste, il ne songe jamais
à le quitter, jusqu’à ec qu’une défaite totale ou une victoire