PIÈCES JUSTIFICATIVES.
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pu rompre notre amitié, et il témoigna le plaisir que lui causait
notre réconciliation. Il désirait que les Anglais vinssent
prendre possession du pays, car il était convaincu que les calamités
publiques ne cesseraient que du moment où il existerait
un pouvoir suffisant pour arrêter les maux de la guerre.
J’ai entendu plusieurs cbefs e.xprimcr le même voeu.
Quant à Waï-Kato et à plusieurs autres cbefs, ils avaient
honte de ne point prendre part à une expédition , quand ils
étaient convoqués, quelque éloignés qu’ils fussent des combattans,
car ils étaient traités de lâches en agissant ainsi. Cependant
le premier était résolu à quitter le pays plutôt que
d’être forcé à combattre.
Waï-Kato s’occupe maintenant de la culture de sa ferme,
ainsi que du soin de sa femme et de sa famille à laquelle II esl
fort attaché. A notre arrivée à bord du Brampton, je lui fis
cadeau d’une bêche et de quelques instrumens tranchans, cc
dont il fut très-reconnaissant. Je lui assurai que s’il n’allait pas
à la guerre, il aurait chaque année une couverture ou quelque
autre article de valeur en présent. Je m’informerai de sa
conduite, et si j’apprenais qu’il se fût appliqué à l’agriculture,
je me souviendrais de lui. Waï-Kato est retourné à terre, bien
satisfait de notre entrevue; son courage s’était ranimé. Depuis
son retour d’Europe, il a eu le temps de réfléchir à ce qu’il
avait vu et entendu ; il paraît en avoir beaucoup profité. Je
fus content de plusieurs de ses observations. Il désirait qu’un
missionnaire fût envoyé à la rivière Tamise, et dit que dans
ee cas il irait y demeurer. Je lui répliquai que cela ne pouvait
avoir heu pour le moment, mais que dans quelque temps
on pourrait s’cn occuper.
Georges de Wangaroa.
A Wangaroa je m’entretins avec Georges de l’affaire du
Boyd. Il me dit qu’il avait été méprisé et insulté par différente.s
tribus pour avoir détruit cc navire, et que cet événement lui
avait causé beaucoup de soucis, attendu que scs voisins n’avaient
pas voulu sc réconcilier avec lui. Il disait qu’il avait envie
do visiter encore une fois Port-Jackson, mais qu’il avait
peur d’être pendu s’il y allait. Il pensait qu’il pourrait maintenant
s’y hasarder, attendu qu’il avait quelques Européens
dans son établissement qui lui serviraient d’ôtages ; car , s’il
était pendu , ses gens pendraient à leur tour les Européens.
Il me demanda si je veillerais sur lui dans le cas où
il risquerait cc voyage. Je lui en fis la promesse, et déclarai
que le gouverneur de Port-Jackson ne le ferait point pendre,
parce que le capitaine du Boyd, le premier, l’avait fait fouetter.
Georges répondit qu’actuellcmcut qu’il était mieux instruit,
il ne commettrait plus une semblable action ; que cependant
il n’irait pas encore à Port-Jackson , mais que la fille do son
frère y accompagnerait madame Leigb, et que si elle n’était
point pendue, il ferait ensuite lui-même cc voyage. En
conséquence, il fut areêté que la nieec de Georges partirait
avec madame Leigb; mais son père était très-inquiet de savoir
si elle ne serait pas pendue. Il disait : «Nous sommes réconciliés
avec vous, mais nous ne pouvons pas croire que vous le
soyez avec nous ; vous demanderez des .sacrifices pour ceux
qui ont péri sur le Boyd. » Parmi eux c’est une loi d’exiger
la vie pour la vie; et ils ne croient pas qu’on puisse apaiser
le courroux de la Divinité autrement que par des sacrifices
humains. Usera impossible de détruire les craintes de cc peuple
jusqu’au moment oû ils auront acquis la preuve que nou.s ne
voulons point venger la mort des hommes du Boyd. Leur religion
ne leur permettrait point de laisser un pareil attentat impuni,
et ils ne sauraient s’imaginer que la nôtre puisse nous le
permettre.
Le lendemain matin la nièce de Georges nous accompagna,
après avoir fait de tendres adieux à scs amis qui pleuraient
tous. Son père était très-alarmé sur son compte, et nous
accompagna au navire ; il me demanda à plusieurs reprises si
elle ne serait pas pendue à sou arrivée dans la Nouvcllc-Gallcs