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288 PIÈCES JUSTIFICATIVES.
V'.site aux chefs de la partie méridionale de la Baie.
septembre 1819. M. Butler m’accompagna dans une visite
que je fis aux chefs de la partie méridionale de la Baie.
Nous arrivâmes à Korora-Reka, la résidence du feu chef
Tara, qui avait été, de tout temps, un ami zélé des Européens.
Quand je visitai la Nouvelle-Zélande pour la première
fois, Tara versa des larmes de joie; lui et sa femme nous témoignèrent
la plus grande affection. M. Kendall m’apprit qu’il
était mort au mois de novembre dernier, et que, sur son lit
de mort, il exprimait toute sa joie de ce que jamais un Européen
n’avait été tué dans sou district.
Nous trouvâmes cbez lui son successeur, qui depuis longtemps
est connu sous le nom de King-George, ainsi que la
veuve de Tara, avec plusieurs de leurs gens. Ils furent ravis de
joie en nous voyant, et la veuve de Tara me pria de m’asseoir par
terre près d’e lle , ce que je fis. Elle me raconta toutes les peines
qu’elle avait eues depuis que je ne l’avais vue; du vivant de
T ara , ils avaient quantité de bêches, de bacbes, de pioches,
d’hameçons, de faucilles, de patates, de pommes de terre, d’étoffes,
et de poules provenant de celles queje leur avais données;
mais ils se trouvaient pour le moment complètement dépouillés
de tout. Ils n’avalent plus ni clous, ni hameçons, ni
beches, ni haches, ni pioches; et il ne lui restait d’autre étoffe
que la natte qu’elle avait sur son corps. Elle pleurait en racontant
ses malheurs, et parlait d’une manière touchante. C’est
une femme d’un coeur naturellement tendre et affectueux, et
j en vis plusieurs preuves lors de mon premier voyage à la
Nouvelle-Zélande.
Je lui dis que j’avais été informé qu’elle avait épousé King-
George depuis la mort de Tara , ce qui était contraire aux
coutumes du pays, et que c’était cette infraction à leurs lois
qui avait servi de prétexte à ses compatriotes pour la dépouiller
de tout ce qu’elle possédait à l’époque de la mort de Tara. Elle
convint qu’elle avait consenti a épouser King-George; mais
elle ajouta que jusqu’à ce moment leur union n’avait pas reçu
la sanction publique, et que cela ne pouvait avoir lieu d’ici à
quelque temps. Quand Tara mourut, elle enveloppa son corps
de nattes, et accomplit toutes les autres cérémonies requises en
pareil cas; elle avait déposé le corps dans le Oudou-Pâ, ou le
sépulcre dans lequel les morts restent jusqu’à ce que leurs os
soient définitivement transportés dans les caveaux de famille,
appartenant à leur tribu. Elle me montra l’endroit où était le
corps de Tara, en me disant qu’elle avait encore ses os à relever
avant de pouvoir épouser King-George ; elle comptait remplir
cette cérémonie sous peu de temps. Par suite des cérémonies
qu’elle avait déjà remplies et de celles qu’il lui restait encore
à accomplir, elle était souillée {polluted), et réduite à manger
et habiter avec les femmes de la basse classe : mais quand elle
aurait relevé les os de Tara , elle serait reconnue par King-
George comme sa femme, et rétablie dans son ancien rang.
A ce qu’elle m’apprit encore, tout ce que King-George possédait
au moment de la mort de T ara, lui avait été aussi enlevé
pour avoir consenti à la prendre pour femme.
King-George affirma la vérité de ce récit, et se désola de
n’avoir ni porc, ni quoi que ce fût à nous donner pour souper
que de la racine de fougère ; il regrettait aussi de ne pouvoir
nous offrir une maison à l’anglaise pour passer la nuit. Il me
rappela toutes les attentions que j’avais eues pour lui à Parramatta,
attentions qu’il ne pouvait me rendre , mais il nous
assura que nous serions traités du mieux qu’il lui serait possible.
Nous passâmes la soirée très-agréablement avec ces pauvres
païens. A la fin, King-George nous annonça que nos loge-
mens étaient prêts. Il avait préparé sa cabane du mieux qu’il
avait pu. On avait étendu par terre des nattes neuves et propres
pour nous servir de lits , et une autre plus belle avait été
placée à l’entrée. La cabane pouvait avoir quatorze pieds de
long sur dix de large; le feu, allume au centre, la rendait
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