la douceur de l’expression primitive, ont disparu sous les traits
du tatouage.
» ISruce devint ainsi le principal membre de la famille du
roi, et fut investi du gouvernement de l’île. Six ou huit mois
après son mariage les navires anglais, ITnspector, le Ferrcl,
un baleinier de la mer du Sud et plusieurs autres, relâchèrent
à la Nouvelle-Zélande pour se procurer des rafraîchissemens.
Tous éprouvèrent l’influence heureuse d’avoir un compatriote
et ami à la tête des affaires dans l’île. Ils furent libéralement
pourvus en poisson, végétaux, etc.
» Notre Anglais et sa femme jouissaient du bonheur domestique
dans toute son étendue, d’une santé parfaite, d’une liberté
illimitée, et vivaient dans l’abondance de tout ce qu’ils pouvaient
désirer. En outre, Bruce se flattait de l’espoir d’introduire la
civilisation parmi le peuplj au milieu duquel une singulière
destinée l’avait conduit pour passer le reste do ses jours.Tandis
qu’il se livrait à ces espérances, le navire le General-TVelles-
ley toucha, il y a douze à quatorze mois, sur un point de l’île
où Bruce et sa femme se trouvaient alors par hasard. Ce lieu
était à une certaine distance de la résidence du roi. Le capitaine
Dalrymple s’adressa à Bruce pour l’aider à lui procurer
une cargaison d’espars, et lui demanda des échantillons des
principales productions de l’île ; ce que Bruce fit avec plaisir.
Le capitaine Dalrymple proposa ensuite à Bruce de l’accompagner
au cap Nord éloigné .de vingt-cinq à trente lieues de
l’endroit où il était ; on lui avait dit qu’il pourrait y trouver de
la poudre d’or, et il sentait que Bruce pourrait lui être fort
utile dans cette recherche. Ce ne fut qu’avec une extrême répugnance,
et après les instances les plus vives, que Bruce consentit
à accompagner le capitaine Dalrymple; ce ne fut non
plus que sous l’assurance solennelle que celui-ci le ramènerait
et le débarquerait à bon port à la baie des Iles. II s’embarqua
donc avec sa femme sur le General-Wellesley, en représentant
toutefois au capitaine Dalrymple les dangers qu’il courait en
emmenant la fille du roi hors de l’île; mais ses craintes furent
calmées par les assurances réitérées que le capitaine Dalrymple
lui donna de le ramener sans faute avec sa femme à la baie des
Iles, où ils s’étalent embarqués. Dès qu’ils furent à bord, /e
TVelleslcy fit voile pour le cap Nord où l’on arriva bientôt,
et où l’on descendit à terre. Ayant trouvé qu’il avait été très-
mal informé, relativement à la poudre d’or, le capitaine remit
sous voiles pour retourner à la baie des Iles ; mais le vent étant
devenu contraire, et étant resté tel durant quarante-huit heures,
on tomba sous le vent de l’île. Le troisième jour, le vent devint
plus favorable ; mais le capitaine Dalrymple n’essaya point de
regagner la terre, et fit route pour l’Inde. Bruce lui fit alors de
douces représentations, et lui rappela ses promesses; mais le
capitaine Dalrymple répliqua : « Qu’il avait bien autre chose à
» songer qu’à retenir inutilement le navire en le reconduisant
» à l’île avec sa riche cargaison ; qu’en outre, il avait en vue
» pour Bruce une autre île bien meilleure. »
» En arrivant aux îles Fidji ou îles du Bois de Sandal, le
capitaine Dalrymple demanda à Bruce s’il voulait descendre à
ferre et rester sur ces îles. Celui-ci refusa, à cause du caractère
féroce et sanguinaire des habitans. Le capitaine dit qu’il
choisirait quelque autre endroit, et en même temps enleva à
Bruce plusieurs petits préseus que lui et ses officiers lui avaient
faits à la Nouvelle-Zélande; puis il les distribua aux naturels
de Fidji qui entouraient le navire dans leurs pirogues.
» En quittant ces îles, le TVellesley se dirigea vers Sooloo ;
il visita deux ou trois îles dans le passage, mais les bornes de
ce récit ne permettent point de détails sur les événemens qui y
eurent lieu, bien qu’ils ne fussent pas dépourvus d’intérêt.
Après avoir demeuré quatre ou cinq jours à Sooloo, ils firent
route pour Malacca, où ils arrivèrent au mois de décembre
dernier. A Malacca, le capitaine Dalrymple et Bruce descendirent
à terre. Ce dernier s’empressa de se rendre chez le gouverneur
ou chez l’officicr-commandant du lie u , pour lui
porter scs plaintes; mais, comme il était déjà tard quand il
de.seendit à terre, il ne put voir personne que le lendemain
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