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nous présenta au vieux chef qui semblait avoir plus de quatre-
vingts ans, mais qui avait conservé toute sa vigueur et ses
facultés. Il dansa de joie quand je lui offris un ciseau, et il
témoigna la plus grande satisfaction de nous voir cbez lui.
A l’aspect de ses mains, nous jugeâmes qu’il venait de travailler
à ses champs de palates. Il nous apprit qu’il restait à
sa métairie pour veiller à sa culture, mais qu’il irait nous voir
a Rangui-Hou plus tard. Il nous dit qu’il avait vu passer trois
générations, et qu’il était au milieu de sa carrière quand le
premier n.-ivlre parut à la Nouvelle-Zélande. Il dit que le
nom du capitaine était Stivers. Deux autres vaisseaux j vinrent
ensuite, avant le capitaine Cook, et les capitaines en
furent tués par les naturels des environs du cap Brett, par la
raison qu’ils avaient eux-mêmes tué plusieurs des habitans
et détruit un village entier dans la baie des Iles. Ce vieux
chef semblait jouir d’une santé parfaite.
Ce village est situé dans un terrain fertile, abrité par des
pins magnifiques, et arrosé par plusieurs beaux ruisseaux
capables de faire marcher des moulins.
Là nous passâmes la soirée en conversant sur l’agriculture
et les autres arts utiles; sur les lois et les coutumes des autres
contrées; sur l’objet que se proposaient les missionnaires en
venant s’établir à la Nouvelle-Zélande; sur la manière dont les
naturels devaient se conduire à leur égard, s’ils désiraient en
voir arriver d’autres cbez eux; enfin sur les avantages qu’ils
retireraient de la fertilité de leur sol quand une fois la culture
du blè et de l’orge y serait introduite.
Nous leur dîmes que ce n’était pas la coutume en Angleterre
que les femmes des gentlemen cultivassent la terre, tandis que
celles des Zélandais travaillaient aux champs du matin au soir;
que les gentlemen en Angleterre n’avaient qu’une seule femme,
tandis que certains cbefs parmi eux en avaient juqu’à dix ;
qu’un SI grand nombre de femmes occasionait beaucoup de
troubles et de nombreuses querelles.
Ils convinrent de la vérité de ce que nous disions, qu’un
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si grand nombre de femmes causait de grandes disputes, et qu’il
arrivait souvent qu’à l ’occasion de ces querelles des femmes
allaient se pendre. Mais ils alléguaient que, nonobstant ces
inconvéniens, ils ne pourraient pas se passer d’avoir plusieurs
femmes, n’ayant pas d’argent à donner pour l ’entretien de
leurs champs, et que, sans l’aide de leurs femmes qui remplissaient
les fonctions de surveillans et d’ouvriers, ils ne pourraient
pas du tout cultiver leurs terres. S’ils avaient, comme
les gentlemen anglais , les moyens de faire labourer leurs
champs par des bestiaux, leurs femmes seraient employées à
d’autres ouvrages; mais jusqu’au moment où la chose serait
praticable, ils ne pouvaient rien changer à leur système actuel.
Nous leur répliquâmes que nou.s espérions qu’avec le temps
ils pourraient jouir de ces avantages, mais que cela dépendrait
beaucoup de leur conduite envers les Européens. S’ils
les traitaient bien, cela en encouragerait d’autres à venir s’établir
parmi eux ; si le contraire avait lie u , ceux qui étaient
déjà à la Nouvelle-Zélande s’en retourneraient dans leur patrie.
Ils manifestèrent le désir d’avoir bientôt une occasion de
leur témoigner toute leur considération, en en possédant deux
ou trois parmi eux.
Les Nouveaux-Zélandais sont avides d’instruction, ils ont
un jugement prompt cï une bonne mémoire. Nou.s causâmes
jusqu’à une heure avancée, puis nous chantâmes un hymne:
nous rendîmes grâces à Dieu pour sa bienveillance, et nous
nous recommandâmes pour la nuit à sa gracieuse protection.
Bons procédés des chefs.
21 octobre 1819. Nous nous sommes levés de bon matin, et
nous avons fait avec les chefs un tour de promenade dans les
ch.araps de patates où le peuple était à l’ouvrage. Quelques-
uns plantaient du maïs, mais ils s’y prenaient mal. Ils rapprochaient
trop les grains, ce qui eût empêché la crue de la
plante. Je leur montrai comment il fallait s’y prendre en en