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moyen de canaux, dans les diverses maisons de la ville; et
plusieurs autres particularités touchant notre manière de vivre,
nos habitations, nos voitures, nos navires, nos routes, nos
églises, notre agriculture, etc. ; comment les cuisiniers préparaient
les mets pour les tables des gentlemen ; et que ceux-là
n’y touchaient jamais, mais qu’ils se contentaient d’y goûter
dans la cuisine avant de les servir. Tous les assistans l ’écou-
taient avec une grande attention.
Dans le nombre, se trouvait un vieux cbef nommé Tiko-
Pid i, perclus des deux jambes, mais aussi vain de son importance
et de sa dignité, qu’aucun bomme l’ait jamais été. Il
m’apprit que son territoire et ses sujets s’étendaient depuis
le Shouki-Anga jusqu’au Waï-Kato, dans une étendue de près
de cent cinquante milles. Il était informé, disait-il, que King-
George était un personnage trop important pour aller jamais
à bord d’un navire, et que, comme il était lui-même un chef
aussi puissant dans la Nouvelle-Zélande, pour ce motif il n’avait
jamais voulu non plus aller à bord d’aucun vaisseau.
Presque toute la nuit ils parlèrent sur divers sujets relatifs à
la vie civile, et témoignaient un vif désir que je pusse visiter
les bords du Waï-Kato ; suivant tous les rapports des naturels,
les rives de ce fleuve offrent une immense population. Je
promis de faire ce voyage si le temps me le permettait, et les
chefs s’engagèrent à m’accompagner.
Retour à Rangui-Hou.
i 3 octobre 1819. Quand le jour parut, Shouraki fit avancer
sa grande pirogue ; puis lui-même, avec Moiangui et quelques
uns de ses gens, m’accompagna à Rangui-Hou, où
je trouvai que M. Kendall était arrivé beureusement.
Les cbefs du Shouki-Anga qui nous avaient suivis à notre
retour, attendaient mon arrivée pour recevoir les présens que
je leur avais jpromis. Ils s’assemblèrent tous devant le magasin
où nous leur distribuâmes vingt-une haches, dix-sept pioches,
quinze haches plates, deux douzaines de ciseaux de menuisier,
deux hermineltes, et une quantité d’hameçons, avec
quelques couteaux et autant de trompettes.
Te Manguina, le prêtre des vents et des vagues, était avec
les autres. Il m’avait promis qu’à son arrivée à Rangui-Hou
j’entendrais son dieu lui parler ; car je lui avais déclaré que je
ne croirais jamais qu’il eût conversé avec lu i , à moins que je
ne l’entendisse moi-même. Je le sommai de remplir sa promesse
, attendu que je voulais entendre son dieu. Il répliqua
que son dieu n’était pas à Rangui-Hou dans ce moment, et
qu’ainsi je ne pouvais pas l’entendre. Je lui répondis en souriant
que je ne croyais pas qu’il l’eût jamais entendu.
Quand ils eurent tous reçu leurs présens, ils s’en retournèrent
cbez eux, charmés de notre visite et de nos procédés.^
i 4 octobre. A mon retour à Rangui-Hou, M. Butler m’im-
forma que, tandis qu’il se trouvait à K id i-K ld l, un cbef de
Tae-Arae s’était montré très-importun et fort turbulent. Il était
entré dans la maison de M. William Ha ll, pour demander une
bacbe d’un ton très-menaçant. Au retour de M. Butler, il renouvela
sa demande, et M. Butler lui donna une pioche et une
bacbe.
Il est revenu aujourd’hui, et a apporté à vendre deux cocbons
qu’on lui a achetés. Il était encore mécontent, et voulait
une autre bacbe.
Il y avait avec lui plusieurs cbefs de la tribu, qui sont restes
sur le rivage. Bien qu’ils ne parussent pas participer à la violence
de sa conduite, cependant ils ne firent rien pour la réprimer.
Leur silence nous donna lieu de penser qu il n agissait
qu’avec leur assentiment, et que s’il n’avait pu obtenir
par des voles légitimes les articles qu’il désirait, ses compagnons
ne l ’eussent point blâmé d’essayer de mettre ses menaces
à exécution. Nous leur représentâmes l’inconvenance de leur
conduite, et nous leur déclarâmes que les Européens ne resteraient
point à la Nouvelle-Zélande s’ils n’étaient pas à labri
des outrages, attendu que c’était pour leur bien, et non pas
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