den, où il fit la connaissance de M. Kendall dont il reçut les
leçons, et pour lequel il conçut l’amitié la plus tendre et la
plus inviolable.
Il accompiigna MM. Marsden et Kendall dès leur premier
voyage à la Nouvelle-Zélande et leur servit d’interprète. Ce
fut alors qu’il revit pour la première fois son parent Tara et ses
compatriotes.
Quand M. Miirsden quitta la Nouvelle-Zélande, en février
i 8i 5 , après y avoir établi les missionnaires, il y laissa
Mawi pour les assister dans leurs travaux, comme ayant résidé
long-temps à Parramatta et connaissant très-bien les coutumes
anglaises. Mais ayant entendu beaucoup parler de l’Angleterre,
et dévoré par un désir sans bornes de s’instruire, il obtint
de ses amis la permission de visiter cette île favorisée. En
août i 8i 5 , il embarqua sur le baleinier Jefferson , et n’ayant
pas d’argent pour payer le voyage, il fit à bord les fonctions
d un simple matelot. Le voyage dura dix mois, et il arriva dans
la Tamise au mois de mai 1816.
Le capitaine du navire, ne sachant comment se débarrasser
de cet étranger dépourvu d’amis et d’appuis, le présenta à la
maison de la Société. Le comité décida qu’il serait mis sous la
protection de la Société, et il fut remis à M. Basil Woodd chez
qui il arriva le lundi soir lo juin i8i6 .
Celui-ci le confia à une famille honnête qu’il chargea de le
nourrir et de le loger, et l’envoya à l’école de M. Hazard,
homme pieux et intelligent. Mawi montra beaucoup d’application
et fit de rapides progrès; sa conduite fut édifiante...
Mais on sera bien aise d’entendre à ce sujet le récit même du
révérend Basil Woodd.
" En peu de temps l’intelligent jeune homme répondit amplement
aux soins et aux dépenses de la Société.
» Il déploya une grande douceur et humilité d’esprit, une
soif ardente pour toutes les connaissances utiles, une soumission
parfaite aux avis de ses instituteurs et une noble ambition
de devenir utile à sa patrie. Il prenait beaucoup de plaisir à
fréquenter la maison de Dieu, à écouter les conversations religieuses,
à lire des livres utiles et à suivre les écoles.
» Parfois, dans les écoles du dimanche, il s’occupait de
l’instruction d’une classe de petits garçons, pour apprendre
de quelle manière il pourrait enseigner aux enfans de la Nouvelle
Zélande.
» Il fut surtout charmé un jour que je le conduisis visiter
l’école des filles de Bentinck, dirigée avec toute la simplicité
du système d’éducation du docteur Bell. Il parut le comprendre
assez pour essayer d’instruire sur le même plan.
» Durant ma résidence annuelle à Drayton-Beauchamp, je
ne pus le suivre avec le soin que je désirais. Aussitôt après mon
retour, mon premier soin fut de me rendre cbez M. Hazard et
de demander comment allait Mawi. M. Hazard me fit un rapport
très-satisfaisant sur notre jeune ami. Je trouvai qu’il avait
fait des progrès merveilleux, et que sous l’obligeante surveillance
de son instituteur il avait dépassé toutes mes espérances.
Il avait acquis la connaissance des premiers principes du dessin
et de la perspective, et avait tracé divers plans et devis pour la
construction des maisons. Il me donna des échantillons de ces
divers ouvrages, et j’en envoie quelques-uns au comité de la
Société.
» Un jour on lui demandait s’il voudrait demeurer en Angleterre,
il répondit sur-le-champ avec beaucoup d’expression
: <. Ob ! non, je ne puis pas faire de bien ic i , mais j’en
» puis faire un peu dans mon pays. »
» Dans les mois d’octobre et novembre, il se trouva fréquemment
mal. M. Hazard lui dit : « Vous feriez bien de rester à la
» maison un jour ou deux, jusqu’à ce que vous vous trouviez
" mieux. » Sa réponse fut : « Non, Monsieur, je ne suis jamais
» aussi content qu’à l’école. »
» M. Hazard m’assure qu’il ne l’a jamais vu en colère, et que
dans toutes les circonstances il manifestait un esprit d’humilité,
de patience et de soumission, qui eût fait honneur à plusieurs
de ceux qui portent le nom de chrétiens.
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