P IEC E S JUSTIFICATIVES.
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gue cc que nous ne pourrions manger; nous nous conformâmes
à son désir.
King-George témoigna le regret qu’il éprouvait de n’avoir
aucun Européen pour demeurer avec lui ; il dit qu’il avait
besoin d’un cbarpentier, d’un forgeron et d’un ecclésiastique.
Nous lui promîmes qu’un Européen viendrait vivre cbez lui
dès que nous pourrions lui en destiner un.
Quand nous quittâmes Korora-Reka, King-George nous
accompagna de l’autre côté de la baie : là nous fûmes poliment
reçus par Te Koke et son peuple , qui étalent tous occupés
à préparer leurs terres pour planter les patates. Te Koke
fut enchanté de notre visite, ainsi que sa femme et ses gens.
Il me raconta que, depuis que je ne l’avais v u , il avait enterré
quatre de ses enfans, et qu’il ne lui en restait plus qu’un qui était
parti sur l ’ Active, pour aller me rendre visite. Je lui dis qu’il
était arrivé heureusement à Port-Jackson et qu’il se portait
bien, ce qui fit grand plaisir à ce cbef et à sa femme. Il témoigna
un très-vif désir d’avoir quelques Européens près de
lui : il me désigna un emplacement où une maison européenne
serait très-favorablement située , et offrirait de grands avantages
pour les navires qui viennent mouiller dans la rade,
attendu qu’ils pourraient facilement faire leur eau près du
rivage, à un ruisseau qui coule dans la baie. Nous lui promîmes
de lui construire une maison , aussitôt que nous le pourrions,
sur le terrain qu’il nous indiquait.
Te Koke est le chef du district au bois , et comme il en faudra
beaucoup pour les bâtimens projetés, il était nécessaire
de faire connaissance avec lui. Nous lui promîmes quelques
outils d’agriculture dont il avait grand besoin, ceux dont il
se servait n’étant que de bois. Il fut très-content de nos provisions,
et ajouta qu’il viendrait à Rangui-Hou pour chercher
les objets promis.
Après nous être arrêtés deux heures environ , nous nous
mîmes en route pour Waï-Tangui, où M. Hall avait autrefois
demeuré. Cet endroit se trouvait sur notre route, à trois milles
à peu près du village de Te Koke. Quand nous accostâmes, les
gens qui nous observaient coururent dans toutes les directions
pour annoncer notre arrivée aux babitans. Ceux-ci nous accueillirent
avec des transports de joie. La femme du chef principal
était vivement affectée; son mari était allé à Parramatta
pour me rendre visite. Je lui dis que son mari se portait bien
et qu’il reviendrait par l ’Active, ce qui lui causa une grande
satisfaction, ainsi qu’aux autres naturels. Ils demandèrent avec
empressement que quelques Européens vinssent demeurer cbez
eux ; mais ils craignaient, d’après ce qui était arrivé à M. Hall
quand il s’y trouvait, que personne ne voulût y venir. Leur
sol est fertile , et l’on y trouverait, pour établir des moulins,
les plus belles cascades que peut-être on ait jamais vues. Nous
eûmes tout lieu d’être contens de ces pauvres païens, tant que
nous fûmes avec eux.
Le soir, pour retourner à Rangui-Hou, nous eûmes un
passage orageux, dans une petite pirogue conduite par six naturels.
La mer était houleuse et le vent très-frais. Nous ne laissâmes
pas d’a> oir quelques craintes jusqu’au moment où nous
abordâmes à bon port à l’établissement. Nous y arrivâmes à la
nuit, très-satisfaits de notre visite aux naturels, et surtout
d’avoir réussi à opérer notre retour; car nous avions, depuis
quelque temps, désespéré d’atteindre le rivage, ayant eu près
de sept milles à faire au travers d’une mer agitée, et dans une
pirogue dont les lames couvraient souvent les bords.
Shongui tire vengeance de la violation du tombeau de son
beau-père.
En arrivant, j’appris que Shongui était de retour de son
expédition. Je lui en demandai des nouvelles. Voici le récit
qu’il me fit : Quelque temps avant son voyage actuel, vers le
cap Nord, on lui avait dit que les babitans d’un lieu peu éloigné
de Wangaroa avaient enlevé les os du père de sa femme, du
tombeau sacré où ils étaient déposés , pour en faire des bame