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P IE C E S JUSTIFICATIVES.
d eau douce qui descend des hauteurs voisines , et passe au
travers d’une grande et fertile vallée.
Quand nous arrivâmes, il y avait très-peu d’habitans dans
le village. Le chef nous apprit que la masse du peuple avec le
cbef principal habitaient dans la vallée, où ils préparaient leurs
champs pour la plantation des patates douces, et qu’ils viendraient
nous voir le lendemain. Puis il nous conduisit dans
une cabane très-bien fermée, où nous devions rester jusqu’à
ce que le jour parût. L ’entrée était tout juste suffisante pour
qu’un homme y pénétrât en rampant contre terre. Comme
j avais grand froid', je fus bien aise d’occuper un gîte aussi
chaud. J’estimai que cette case pouvait avoir douze pieds de
long sur huit de large. Il y avait un feu dans le milieu, et
point d’issue ni pour la fumée ni pour la chaleur. Les cbefs
qui se trouvaient avec nous jetèrent leurs nattes de côté, et
s étendirent à terre les uns contre les autres, dans un état de
nudité parfaite.
Il n’y avait que quelques minutes que j ’étais dans ce four,
quand je commençai à trouver que la chaleur et la fumée,
au-dessus, au-dessous et tout autour de moi, étaient insupportables.
Bien que la nuit fût froide, M. Kendall et moi nous
fûmes contraints de quitter notre habitation. Je sortis en rampant,
et je parcourus le village pour voir si je ne trouverais
pas un asile pour me garantir de l’humidité jusqu’au jour.
Je trouvai une case vide oû je me retirai.
Il n’y avait pas long-temps que j’étais dans cette butte,
quand je vis un ebef qui nous avait suivis depuis le dernier
village, sortir, entièrement nu, de la cabane que je venais
de quitter. La lune était dans tout .son éclat. Je le
V I S courir de case en case jusqu’à ce qu’il m’eût trouvé; alors
il me pressa de retourner avec lui. Je lui dis que je ne pouvais
pas supporter la chaleur de notre cabane, et lui demandai la
permissmn de rester dans celle où je me trouvais : à la fin il y
consentit, quoique avec répugnance. Je fus surpris du peu
d’effet que la chaleur ou le froid semblaient produire sur lui.
Il était sorti de la cabane, fumant comme un pain chaud que
l’on tire du four; il avait marché quelque temps pour me
trouver, et il s’était assis pour causer avec moi assez longtemps
, .sans aucun vêtement, quoique la nuit fût froide.
M. Kendall resta assis sous sa natte, en plein air, jusqu’au
jour.
5 octobre 1819. Aussitôt que le jour parut, nous entendîmes
le son éloigné de la musique des naturels au travers des bois :
peu après nous vîmes des hommes, des femmes et des enfans
arrivant entre les arbres. La plupart des hommes étaient armés
de lances. Plusieurs d’entre eux s’avancèrent à pas lents vers
nous, tandis que nous nous préparions à nous rendre au village
où résidait le principal chef.
Au moment où nous allions partir, un messager vint nous
dire de rester dans l’endroit où nous étions jusqu’à nouvel
ordre, parce que le cbef et son peuple n’étaient pas encore
prêts à nous recevoir. Cette nouvelle ne fut pas bien accueillie,
car nous n’avions pas reposé de la nuit, et nous étions
impatiens d’atteindre le terme de notre voyage. A la fin, un
autre envoyé vint nous avertir qu’on était prêt : alors nous
nous mîmes en route au nombre d’environ cent personnes.
Quand nous fûmes à un quart de mille à peu près de la
résidence du cbef, les naturels commencèrent à nous saluer
d’une décharge de leurs fusils, et ils continuèrent à tirer jus-
(ju’à ce que nous fussions arrivés chez le chef principal. Celui-ci
était assis, avec ses officiers, à l’entrée d’une cabane très-commode
qui avait été préparée tout exprès pour nous. Un cbef,
qui avait pris soin de nous dans l’endroit où nous venions de
passer la nuit, marchait devant nous et nous présenta au premier
cbef.
Ce village est situé dans une vallée riche et fort étendue,
qui retentissait des acclamations des babitans. Les chefs témoignèrent
aussi toute la joie que notre visite leur causait. Après
le déjeuner, je me promenai avec eux au travers de leurs
champs. La terre est excellente, et produit d’abondantes rc