équipage plusieurs matelots attaqués de maux vénériens, qui
ont communiqué avec les filles du pays.
>> Chez un peuple comme celui de la Nouvelle-Zélande, qui
est dans un état de guerre continuelle , séparé par petits villages
doublement palissadés, entourés de fossés, et construits
sur des hauteurs presque inaccessibles, on conçoit que le
premier état est celui de guerrier. Nous n’avons remarqué
chez les sauvages de distinction que pour cet état. Il n’est de
considération que pour ceux d’entre eux qui savent le mieux
employer le casse-tête , et manier la massue ou la lance.
« Ceux parmi les guerriers qui peuvent compter le plus d’actes
de férocité ou de trahison , ont seuls droit de porter quatre
plumes à la tête, de se graver horriblement la peau du visage,
les fesses et les jarrets ; ce qui est parmi ces peuples la suprême
distinction. 11 faut sans doute avoir tué et mangé bien des
hommes pour y parvenir.
» Lorsqu’un homme ordinaire, une femme ou un enfant meurent,
on jette leurs cadavres à la mer; on entende un guerrier,
et sur la motte de terre qui couvre son cadavre on plante
des lances et des javelots qui sont les trophées.
» Lorsque leurs parens meurent, ils en font le deuil pendant
plusieurs jours. Ce deuil consiste à s’égratigner le visage et
toutes les parties du corps, pour marquer la douleur; à s’assembler
dans la maison du défunt pour pleurer et jeter des
cris de désespoir ; à raconter ses actions et à redoubler de hur-
lemens à la fin de chaque récit.
» Une terre habitée par des hommes qui sont toujours en
guerre et qui n’estiment que l’art de détruire leurs semblables,
ne saurait être bien peuplée. Il m’a paru que l’intérieur du
pays était désert, qu’il n’y avait de population que sur les
bords de la mer , dans les ports.
Ces hommes féroces aiment néanmoins la danse, et leur
danse est on ne peut pas plus lascive ; ils dansaient souvent
sur le tillac de nos vaissaux , et ils dansaient si lourdement
, que nous avions peur qu’ils n’enfonçassent noire
pont. En dansant ils chantent alternativement des chansons
guerrières et d’autres lascives. Quelques personnes de nos vaisseaux
ont cru s’apercevoir que ces hommes naturels avaient
des goûts qui choquent la nature, même dans l’usage de leurs
femmes. Les deux sexes ne connaissent pas la pudeur, et quoiqu’ils
soient à demi vêtus pour se garantir du froid , ils se mettent
sans façon tout nus dès qu’ils ne le craignent pas.
DESCRIPTION DES VILLAGES DE LA NOUVELLE-ZELANDE.
» Ces villages sont tous placés sur des pointes de terre escarpées
et avancées sur la mer. Nous remarquâmes que dans les
endroits où la pente du terrain était douce , elle avait été
rendue escarpée à mains d’hommes. Nous avions beaucoup de
peine à y gravir, et les sauvages étaient souvent obligés de
nous donner la main pour nous soutenir et nous aider à monter.
Arrivés au sommet, nous trouvions d’abord une première
palissade formée de pieux plantés droits , enfoncés solidement
dans la terre, et de sept à buit pieds de hauteur, la terre bien
battue et gazonnée au pied de la palissade ; ensuite on rencontre
un fossé de six pieds de largeur sur cinq à six pieds de profondeur
environ : ce fossé est seulement du coté de la terre
par où l’ennemi pourrait venir. On rencontre ensuite une seconde
palissade q u i, comme la première, sert de clôture à
tout le village, et forme un carré long. Les portes d’entrée
ne sont pas vis-à-vis les unes des autres. Après être entré
dans la première enceinte, il faut aller beaucoup plus loin ,
par un sentier étroit, chercher l’entrée de la seconde palissade.
Ces portes sont très-petites.
» Du côté oû ils craignent d’être attaqués, ils ont une espèce
d’ouvrage avancé extérieur, également bien palissade, et entouré
de fossés , qui peut contenir quatre à cinq cents hommes.
Cet ouvrage, qui n’est qu’un carré bien palissadé , est
placé hors du village, à portée d’en défendre l’entrée. En de