l ' î
Pi
556 PIECES JUSTIFICATIVES.
leurs maux temporels. Ils disent qu’avant notre arrivée parmi
eux, peu de personnes mouraient avant la vieillesse, et que
nous leur avons apporté des maladies dont ils deviennent les
victimes à tout âge. Cela a été aujourd’hui le principal sujet
de la conversation entre eux et nous.
i 4 juillet. Je suis allé à Kawa-Kawa. Je me suis beaucoup
entretenu avec deux naturels qui venaient d’arriver du Waï-
Kato, escortés d’une troupe nombreuse, pour commercer avec
les babitans de la baie des Iles. Je leur ai tracé une esquisse de
notre message, et ils semblaient en avoir déjà quelque idée.
Ils ont dit qu’une femme du Waï-Kato était allée dernièrement
au ciel, et avait rapporté que c’était un très-bon endroit;
qu’il J avait une foule de peuples qui vivaient en paix. Quand
ils avaient entre eux quelque légère querelle, ils avaient pour
combattre des paquets de jonc au lieu de fusils, et en place
de mere en pierre des feuilles de phormium.
24 août 1829. J’ai remonté la rivière W aï-K ad i, accompagné
par M. Yate. Le vieux T oron, le chef principal, était
malade. Il a remarqué, comme beaucoup d’autres ont fait, qu’il
était malade pour n’avoir pas fait assez d’attention à nos hara-
kia (prières), et il a demandé avec une sincérité apparente ce
qu’il devait faire.
25 août. Ce matin , un prêtre d’une certaine célébrité faisait
du mouvement parmi nos naturels. Il leur expliquait le
pouvoir vocal de leur dieu W it i; ce n’était autre chose qu’une
sorte de sifflement que le prêtre faisait sortir de sa tête par-un
tour de ventriloquie. Nous lui dîmes qu’en Angleterre certains
hommes pourraient faire parler une huître ou même un
homme mort, mais que pour cela on ne les appelait point des
dieux. Alors je demandai : « Pourquoi, si celui-ci est un dieu,
ne guérit-il pas vos malades? — Le dieu du pays, répondit
1 individu, est mort depuis que vous êtes venus ic i, et il ne
peut plus rien faire. « Cela ressemble en quelque chose à
1 oracle de Delphes, qui cessa de prophétiser lors de la première
promulgation de l’Évangile.
PIÈCES JUSTIFICATIVES. 557
Dimanche 20 septembre. .Te suis allé, avec M. Sbepherd,
visiter quelques naturels du voisinage qui étaient, pour la
plus grande partie , fort occupés à travailler à leurs filets.
Waï-Kato, qui a été en Angleterre avec Shongui, est tout
aussi superstitieux qu’aucun de ses compatriotes, et pour rien
au monde ne négligerait un seul de ses tapons. Un filet neuf
donne lieu à beaucoup de cérémonies. La mer entière, dans
le voisinage immédiat de Rangui-Hou , est maintenant sacrée
pour ce motif, et nulle pirogue n’a le droit d’y passer sous
quelque prétexte que ce soit. Waï-Kato eût volontiers empêché
mon canot de revenir le lendemain, et je n’eus la permission
de passer qu’en promettant de gouverner aussi loin du
filet qu’il me serait possible. Le canot de M. Yate, qui venait
de Kidi-Kidi, fut obligé de s’en retourner sans atteindre Rangui
Hou. Le lendemain, ayant passé outre en dépit du tapou
avec M. Kemp, pour aller voir M. Sbepherd qui était fort
mal, ces deux missionnaires et les hommes de leur équipage
furent fort maltraités. W aï-Kato, pour sa justification, allégua
que nous avions nos jours sacrés, que nous étions fâchés
quand on les violait, et qu’ils avaient le droit d’en faire autant.
22 octobre. M. Hamiin est venu de Kidi-Kidi dans un
canot pour voir madame Kemp qui est tombée dangereusement
malade : 11 lui a fallu passer à un demi-mille de W a ï-
Tangui où les naturels préparent un grand filet à maquereau.
La mer à une certaine distance tout à l’entour est sacrée.
Comme le naturel le plus intére.ssé dans ce filet est d’un caractère
turbulent, il conçut le projet de nous causer de l’inquiétude;
e t, suivi d’une cinquantaine d’bommes de son parti, il
accourut en toute bâte à notre établissement. De leur côté ,
les gens du canot de M. Hamiin, voyant ce qui se passait à
terre, forcèrent de rames comme s’il y allait de leur v ie , et
atteignirent notre plage juste à temps pour se mettre en état
de défense contre leurs agresseurs. Ceux-ci s’élancèrent sur le
canot, dans l’espoir d’y trouver quelque butin ; c a r , d’après
leurs lois, il leur eût été légitimement acquis. Leur recherche
f " î '
I -f
J
■ "I:,
Il’ Il
' foi; t
;;:Si r:
S;i ;M e