dont les corps avaient été relevés ou déterrés, pour en conserver
les os, s’étalent rassemblés pour pleurer sur ces restes. Les
cris et les gémissemens ordinaires en ces occasions se firent
entendre. La figure et la gorge des parens en deuil furent,
comme de coutume, inondées de sang. Les Nouveaux-Zélandais
ont rbabitude de relever les corps de leurs amis après la
mort. Ils nettoient les os et rejettent la cbair. Les os d’une
personne du peuple sont nettoyés au moins une fois ; mais les
os d’un cbef sont relevés à quatre ou cinq reprises et définitivement
mis dans une corbeille. Ils sont conservés comme des
reliques sacrées. Les enfans sont conduits près des os de leurs
ancêtres pour y verser des larmes, afin de perpétuer leur mémoire.
La manière dont les Nouveaux-Zélandais prennent
soin de leurs morts est particulièrement dégoûtante. Ils transportent
le cadavre d’un parent l’espace de plusieurs milles sur
un cercueil, un mois ou deux après sa mort. Il n’y avait qu’un
mois que trois des personnes dont il est question étaient mortes.
Le crâne est découvert, tandis que les assistans pleurent.
Peu de semaines après le départ de M. Marsden, 11 s’éleva
entre le cbef Koro-Koro qui nous avait accompagnés de Port-
Jackson, et Okida, autre cbef d’un territoire voisin de Wangaroa
, une querelle qui eut des suites sérieuses. Un jour les
bommes de Koro-Koro, en passant par le di.strict d’Okida,
avalent pris quelques patates sur une ferme de la côte; pour
s’en venger , les propriétaires eurent recours aux armes. Un des
bommes d’Okida fut tué et enterré dans son propre cbamp.
Peu de temps après, Okida rassembla son peuple, et venant à
la baie des Iles , il fit une descente sur le terrain de Koro-
Koro. La propriété de celui-ci et plusieurs cocbons sur une île
adjacente, appartenant à Pomare, furent détruits. Un poulain
dont M. Marsden lui avait fait cadeau fut aussi tué.
Les Nouveaux-Zélandais auront des guerres entre eux , mais
je ne crains point qu’ils persécutent les colons tant que nous
conserverons notre neutralité et que nous les traiterons bien.
La guerre est la gloire des Nouveaux-Zélandais. Les combats
sont le principal objet de leurs entretiens. Les exercices physiques
font partie des cérémonies funèbres. Ils pensent que
l’ame, aussitôt qu’elle a quitté le corps, est lancée dans la
guerre. L ’endroit où ils supposent que les esprits des morts
vont combattre, est le cap Nord.
i 5 avril i 8i 5. Les restes de Doua-Tara et de sa femme ont
été transportés de Tepouna à Motou-Tara, à la distance de
quinze milles. Les lamentations ont eu lieu comme à l’ordinaire.
19 avril. Les trois cbefs Teperc, Temangai et Koura-Koura
sont arrivés de Wangaroa pour visiter notre établissement avec
quatorze pirogues de guerre et trois ou quatre cents de leurs
bommes.'Lepere est le chef qui sauvala femme et les deux enfans
dans l’affaire du Boyd. Il paraît être un homme doux, et
jouir sur ses gens d’une influence beaucoup plus grande qu’aucun
des cbefs que j ’aie vus. Il nous engagea vivement à aller
nous établir à Wangaroa.
20 avril. Tepere et ses gens ont remonté la baie pour aller
pleurer sur les os des cbefs qui ont été dernièrement emportés
de Tepouna. Au moment de leur départ, Tepere donna des
ordres à son peuple pour qu’on rendît aux colons une scie qui
leur appartenait, et qui leur avait été dérobée pendant la nuit.
Cet ordre fut exécuté, mais la scie était brisée en plusieurs
pièces. Une des pirogues de Tepere avait quatre-vingt-un
pieds de long et contenait soixante-sept personnes.
Les Nouveaux-Zélandais sont sujets à des maladies cutanées,
qui proviennent du défaut de propreté. Ils sont
assez souvent attaqués de violens maux de tête, d’yeux, etc.
Je voudrais me connaître en médecine, car je pense que je
pourrais leur être d’un grand secours. Quoi qu’il en soit, j ’ai
plusieurs malades auxquels j’administre des remèdes rafraîchis-
sans et apéritifs, suivant que leur position me semble le demander.
Ils sont très-contens quand ils se sentent soulagés. Il est
fort mal de leur part de permettre à leurs jeunes femmes de
visiter nos navires : plusieurs d’entre elles gagnent des mala