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elles vivent au contraire ensemble dans une grande union. La
seule distinction qui règne parmi elles, est que la plus âgée est
toujours considérée comme la première femme. Dans le cas du
mariage, il n’y a pas d’autre eérémonie que celle que j’al mentionnée.
Tout enfant issu d’une femme esclave est esclave comme
la mère, quand même le père serait un cbef. Une femme surprise
en adultère est sur-le-cbamp mise à mort. Plusieurs cbefs
prennent des femmes parmi leurs esclaves; mais quiconque
épouse une femme esclave peut être impunément dépouillé
, tandis que celui qui prend une femme dans la famille
d’un cbef est à l’abri de toute espèce de pillage ; car les
naturels n’oseraient piller une personne de ce rang. A l’égard
des vols ordinaires, la coutume est que si celui qui a dérobé
quelque cbose peut le tenir cacbé durant trois jours, l’objet
volé devient alors sa propriété ; el le seul moyen qu’ait l’offensé
d’obtenir satisfaction est de voler à son tour le voleur. Si le
vol est découvert dans le délai des trois jours, le voleur doit
restituer l’objet dérobé ; mais dans ce cas même, il reste impuni.
Bien que les cbefs soient à l’abri de toute déprédation de
la part de leurs inférieurs, ils se livrent souvent au pillage les
uns envers les autres, ce qui occasioné parmi eux des guerres
fréquentes.
» Tous les naturels, dit Rutherford, sontassaillis de vermines
qui habitent dans leurs cbeveux et se nichent aussi dans leurs
nattes. Leur manière de les détruire est d’allumer un grand
feu, d’yjeter une quantité de broussailles vertes et d’étcndrc leurs
nattes au-dessus. La fumée oblige la vermine à se réfugier à la
surface ; les femmes s’empressent alors de donner la chasse à
ces insectes avec leurs deux mains et les dévorent de grand
coeur. Quelquefois deux ou trois femmes s’occupent de cette
chasse sur une même natte.
» Les Nouveaux-Zèlandais préparent leur poisson en le
trempant plusieurs fois dans l’eau salée, et le faisant sécher
au soleil. Ils font d’abord cuire, suivant leur coutume, les
grands coquillages, puis les retirent de leurs coquilles, les attachent
ensemble et les font sécher à la fumée ; ainsi préparés,
ils se mangent comme du vieux fromage, et peuvent se garder
des années. Les koumaras ou patates douces sont aussi
préparées de la même manière, et alors on les mange comme
du pain d’épice. Les naturels ramassent leurs pommes de terre
dans des corbeilles faites en feuilles de lin vert, et les conservent
ainsi tout l’hiver. Du reste, il y a trois mois de l’année
où les naturels ne se nourrissent guère que de navets, et à
peine boivent-ils durant tout ce temps. »
Rutherford nous donne quelques détails sur un voyage
qu’ilfit un jour avec le cbef Emaï. « Je pris, dit-il, ma femme
Epeka avec moi; nous étions accompagnés par environ vingt
femmes esclaves pour porter nos provisions; chacune d’elles,
outre la provision nécessaire à sa propre consommation, portait
sur ses épaules environ trente livres de patates, et conduisait
devant elle en même temps un cocbon qu’elle tenait par
une corde attachée aux jambes de devant de l’animal. Les
hommes ne voyagent jamais sans leurs armes. Notre marche
avait Heu tantôt par eau et tantôt par terre ; en continuant de
cette manière, au bout d’un mois environ, nous arrivâmes
dans un endroit nommé Tara-Nake , sur la eôte du détroit de
Cook, où nous fûmes reçus par Otako , cbef puissant qui était
venu des environs du cap Sud. Dans cette rencontre nous nous
saluâmes les uns les autres de la manière accoutumée en faisant
toucher nos nez, et il y eut aussi, comme de coutume, beaucoup
de cris et de gémissemens. Là je vis un Anglais nommé James
Mowry, qui me dit avoir été jadis mousse à bord d’un navire
appelé le Sidney-Cove. Ce navire avait touché près le cap Sud
lorsque l’équipage d’un canot dont il faisait partie fut envoyé
à terre pour commercer avec les naturels. Les Anglais furent
bientôt attaqués et tous massacrés, lui seul c.xccpté; il dut
son salut à sa jeune.sse et à la protection de labile d’Otako qu’il
épousa par la suite. Il y avait à cette époque huit ans qu’il se
trouvait dans le pays, et il s’était si bien habitué aux coutumes
et à la manière de vivre des naturels, qu’il avait résolu de ne