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152 PIÈGES JUSTIFICATIVES.
delà de la place ou nous avions eu notre première entrevue
avec eux. Ils avaient pris leur nouvelle position sur une pièce
de terrain uni dont j ’estimai la surface à cent acres à peu près.
Ils nous reçurent très-cordialement. Nous nous assîmes parmi
eux, elles chefs nous entourèrent.
Je ramenai la conversation sur la destruction du Boyd,
dans le but d’effectuer une réconciliation entre eux et les
babitans de la baie des Iles; persuadé qu’il serait d’une
grande importance pour la mission d’établir la paix entre les
partis ennemis. Les chefs me dirent dans quel état sc trouvait
maintenant le Boyd; ils me promirent de me livrer les canons
et tout ce qui avait appartenu à ce navire, si je voulais
aller dans leur baie. Ils avaient déjà porté, disaient-ils,
quelques canons au rivage, et ils y porteraient les autres.
Le cbel Georges me dit que son père et cinq autres avaient
péri à bord du Boyd, quand il prit feu. Son père avait fait
porter sur le pont une partie de la poudre et quelques-uns
des mousquets ; il essayait la pierre d’un fusil pour voir s’il
ferait feu, quand une étincelle enflamma la poudre, mit le
Boyd en feu et tua tous ceux qui étaient auprès. Georges me
pressa d’aller dans son bâvre. Je lui répondis que je le visiterais
probablement avant de quitter la Nouvelle-Zélande, si
le vent me le permettait; mais que je ne pouvais y aller pour
le moment, eu égard à la quantité de nos vivres et au nombre
de personnes qui se trouvaient à bord de VActive.
Je lui parlai alors au sujet de la paix. Je lui représentai combien
il serait préférable dans leur intérêt et dans leur bonheur
de tourner tous leurs soins vers l’agriculture et l’amélioration
de leur pays, plutôt que de continuer à combattre et à s’entre-
tuer, maintenant qu’ils voyaient s’établir au milieu d’eux les
Européens dont ils pourraient obtenir du blé pour ensemencer
leurs terres, et des outils pour les cultiver. Je les assurai
qu’ils recevraient des Européens toutes sortes de secours pour
améliorer leur état présent, et que s’ils voulaient seulement
s’appliquer à la culture de leurs terres, et renoncer aux guerres
et aux meurtres, ils deviendraient un peuple puissant et for-
tuné.
Georges répondit qu’ils ne se souciaient pas de combattre
davantage, et qu’ils étaient prêts à faire la paix. On parla beaucoup
de la Nouvelle-Zélande el de Port-Jackson que Georges
avait visité. Je tâchai de bien pénétrer son esprit des avantages
supérieurs dont nous jouissions par notre manière de vivre
dans nos maisons, etc ., ce qu’il savait bien; j’ajoutai que
ces avantages leur deviendraient communs en peu de temps
s’ils cultivaient leurs terres , et s’instruisaient dans les arts
utiles, qu’ils auraient désormais l’occasion d’acquérir par le
moyen des colons européens.
11 parut sentir tous ces avantages, et exprima le désir de
suivre mon avis. Nous étions entourés par tous les autres cbefs
et leurs gens pendant notre conversation.
Comme il se faisait tard, ces gens commencèrent à se retirer
vers le reste de la troupe divisée en plusieurs groupes. Vers
onze heures, M. Nicholas et moi nous nous enveloppâmes dans
nos manteaux, et nous nous disposâmes à dormir. Georges
me fit coucher à ses côtés, sa femme et ses enfans étaient à sa
droite, et M. Nicholas près de moi. La nuit était claire, les
étoiles brillaient au ciel, et la mer paisible s’étendait deyant
nous; de nombreuses lances fichées debout en terre nous entouraient,
et des groupes de naturels étaient étendus de tous
cotés sur l’herbe, comme un troupeau de moutons, attendu
qu’il n’y avait là ni tentes ni buttes pour les abriter. Je contemplais
notre situation actuelle avec des sensations et des
sentlmens que je ne puis exprimer. Environnés de cannibales
qui auraient massacré et dévoré nos compatriotes, je m’émerveillais
des mystères de la Providence, etc.
Vers trois heures du matin, je me levai et me promenai dans
le camp pour examiner les divers groupes de naturels. Quelques
uns, pour me parler, sortaient la tête de dessous leurs
kabous, qui ressemblent à des ruches d’abeilles. Quand le
jour vint, nous contemplâmes les bommes, les femmes et , il
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