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une direction oblique, et était sortie près de l’épine dorsale,
un peu au-dessous de l’omoplate. A son retour, après avoir
poursuivi les Ngate-Po, sa principale femme, T ou di, était
morte à Wangaroa. L ’béroïsme et le jugement de celte femme
étaient admirables, et ses talens pour la guerre étaient si sur-
prenans, que, nonobstant sa cécité et d’autres infirmités de
l’âge, elle accompagnait constamment son mari dans ses expéditions
guerrières.
Le i g , il arriva quelques naturels du S. E. de l’île; ils
racontaient que les nouvelles des malheurs de Sbongui y
avaient été reçues avec tous les témoignages de la joie et du
triomphe. Ce n’étaient que chants et danses durant tout le
jour et toute la nuit, sans interruption; au cas où il mourrait,
on devait s’attendre voir paraître dans la baie des Iles
une armée considérable de ces districts, pour se venger des
atroces persécutions que ce chef avait exercées sur ces peuples.
Ce soir, le révérend H. Williams reçut une lettre du capitaine
Hurd, du vaisseau le Rosanna, au service de la compagnie
de laNouvelle-Zélande, alors mouillé à Sbouki-Anga,
par laquelle ce capitaine exprimait poliment le regret sincère
qu’il avait ressenti en apprenant nos désastres, et nous offrait
généreusement un passage pour Sydney, et tous les autres services
qui dépendaient de lui. Une pareille honnêteté, manifestée
par un étranger, dans une position aussi critique qu’était
devenue la nôtre, excita dans nos coeurs les plus vifs sentimens
de gratitude et de considération.
Le 21, un chef de Waï-Tangui déclara que Shongui allait
probablement expirer. Les naturels s’attendaient à voir arriver
le lendemain une troupe armée pour les tailler en pièces;
mais ils étaient déterminés à combattre pour se défendre, et
ils voulaient avoir la consolation de tuer quelques-uns de leurs
ennemis, avant d’être eux-mêmes massacrés. Ils ajoutaient que
les habitans de Wangaroa avaient obtenu une grande satisfaction
pour leurs morts, en faisant périr un ennemi aussi redoutable
que Shongui.
PIECES JUSTIFICATIVES.
Le lundi 22 , les naturels s’assemblèrent en troupes autour
des bâtimens de la mission de Pabia ; les frères commençaient
à suspecter leurs intentions, mais ils se dispersèrent tout-à-
coup le jour suivant. Waï-Kato et Ware-Porha, deux cbefs
de nos amis à Rangui-Hou , dirent que si Shongui mourait,
ils seraient sans aucun doute attaqués par leurs ennemis; mais
que les Européens et eux devaient succomber ensemble.
Les missionnaires de l’Église jugèrent leur situation à
la Nouvelle-Zélande si précaire, qu’ils embarquèrent environ
vingt tonneaux de leurs effets à bord du Sisters, pour
être transportés à Sydney. Le reste de ceux qui étaient encore
de quelque valeur et dont on n’avait pas un besoin Immédiat
fut enfoui sous terre, ou transporté sur un navire mouillé
dans la baie. Ils adoptèrent ces mesures de précaution, pour
mettre en sûreté ce qui deviendrait nécessaire a leur voyage;
car il n’était pas invraisemblable qu’ils fussent obligés de s en-
fulr à Port-Jackson ; et ils craignaient, en cas d’une invasion
soudaine de la part des naturels, d’être dépouillés de tout,
comme nous l’avions été.
Le mercredi 2 j , on reçut une lettre de M. Clarke, de Kidi-
Kidi , annonçant que les courriers qu’on avait envoyés à Sbongui
avaient rapporté la nouvelle que ce cbef allait probablement
se rétablir, et qu’il avait presque entièrement détruit la
tribu des Kaï-Tangata, qui résidait sur la côte occidentale du
bâvre de Wangaroa. Dix personnes seulement de cette malheureuse
tribu passaient pour avoir échappé au massacre. Le
vieux Matapo qui en était le chef, et qui avait été le principal
acteur dans le pillage du brick Mercury, se trouvait parmi les
tués. L ’avis que Sbongui donnait aux missionnaires de Kidi-
Kidi était de rester dans leur station tant qu’il vivrait, mais
de s’enfuir dans leur patrie aussitôt qu’il viendrait à mourir.
Dans ce district, toutes les querelles étaient terminées, et les
n.aturels se retiraient chacun cbez soi. Peu de jours après, la
tête de Matapo fut exposée sur une perche dans la baie des
Iles, comme un trophée des succès de Sbongui.
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