Hîîi-s
544 PIÈCES JUSTIFICATIVES.
Il
mais en touchant le ressort, le coup partit ; dans ce moment,
Toi-Tapou récitait une harangue près de moi, et sa tête ne se
trouvait guère qu’à uu pied de la bouche du fusil quand le
coup partit. Il se retourna , et me dit que j ’avais manqué de le
tuer. Je le savais bien, et je rendis grâces à Dieu de ce que
cela n’était point arrivé. L’arme était dans une position presque
perpendiculaire; mais j’étais assis par terre et il était debout.
S’il était arrivé un malheur, nous l’eussions probablement
payé de nos vies.
^ Nous retournâmes ensuite à Pahia, et à deux heures dans
laprès-midi nous eûmes la satisfaction de voir toutes les
pirogues sortir à la voile de la baie, pour se rendre à Wangaroa.
Les naturels déchargèrent leurs armes en passant près
de l’établissement, et en retour nous tirâmes deux coups de
pierncr; mais, malgré nos inquiétudes générales, ils s’en allé-
renl paisiblement,
( Révérend H. Williams. )
Visite aux naturels sur la côte du Sud-Est.
Le Herald est revenu aujourd’hui, i8 avril 1828, du Sud,
avec quarante cochons environ et le quart d’une cargaison dé
patates. Les hommes de ce navire étaient en bon train de le
remplir, mais ils furent obligés de revenir plus tôt qu’ils ne
le désiraient. Les habitans du Sud semblent vivre dans un état
bmn plus triste que ceux de la baie des Iles ; ils ue sont point
disséminés ça et là comme ceux-ci, mais ils sont réunis dans
des forteresses, et continuellement dans la défiance de leurs
voisins.
Le 12 avril, le Herald était entré à Touranga. Le bâvre
parut tout-à-fait désert, car il n’y avait qu’une pirogue en vue,
et les naturels étaient occupés à commercer avec un brick
mouillé aux environs, pour se procurer de la poudre.
PIECES JUSTIFICATIVES. 545
Détails sur le naufrage du Herald.
8 mai 1828. M. Hobbs est arrivé avec la nouvelle que le
Herald avait fait naufrage à Sbouki-Anga , mais que l’équipage
et M. Fairburn étaient sains et saufs à terre. Un petit
navire s’était perdu deux jours auparavant et se trouvait à la
côte à quelques milles au nord du Herald. Je me mis sur-le-
cbamp en route avec mon frère et M. Hobbs pour Kidi-Kidi ;
là M. Kemp se joignit à nous, et nous continuâmes notre chemin
pour Shouki-Anga.
g mai. Nous arrivâmes à l’établissement Wesleyen de Mangounga,
où nous apprîmes de nouveaux détails. A l’embouchure
de la rivière Sbouki-Anga se trouve une barre sur
laquelle les navires passent généralement sans accident; mais
quelquefois la mer y brise d’une manière affreuse. Depuis
deux jours le Herald se tenait au large, attendant une circonstance
favorable , parce que la boule était très-grosse. Le 6 ,
un peu avant le coucher du soleil, il gouverna sur la barre
avec un bon vent et l’espoir d’être bientôt rendu au mouillage ;
mais, une fois parvenu sur la barre, le vent tomba tout-à-
coup, et l’abandonna au pouvoir des brlsans; il tomba sur
les rocbers. La nuit approchait, et comme l’équipage n’avait
qu’un sort terrible en perspective , chacun commença à songer
à son salut. Pendant ce temps, le canot, qui avait été mis à la
mer tandis que le navire tenait encore sur ses ancres, fut
entraîné par la violence du ressac ; deux hommes qui se trouvaient
dedans furent obligés de se sauver à la nage. M. Fairburn
quitta ensuite le navire et n’atteignit le rivage qu’avec
beaucoup de peine, épuisé qu’il était de lassitude. Le maître
et l’équipage se tinrent suspendus au gréement jusqu’au lendemain
matin, où la mer sc retira assez pour les laisser descendre
à terre. Du reste, en arrivant au rivage, ils ne trouvèrent
guère de pitié dans les naturels, qui leur arrachèrent
la plupart de leurs vêtemens et les menacèrent d’en venir encore
TOMP. III. Jâ