fo iif:
J I '
(]uc cette visite eut lieu tout au plus quatre mois avant lu
mort de ce chef célèbre. ( Tome I I , page 263. )
i 3 novembre 1827. Vers dix heures du matin je reçus la visite
de Shongui, cc chef puissant qui avait fait, quelques années
auparavant, le voyage d’Angleterre, et avait eu l’honneur
d’ètrc présenté au roi Georges IV. Il avait alors promis à Sa
Majesté d’abolir le cannibalisme à son retour dans son pays.
U ne tint pas celte promesse ; car depuis cette époque il aida à
tuer et à manger un grand nombre de ses semblables. Il arriva
à bord de mon vaisseau, accompagné de sa famille et des chefs
sous ses ordres, dans deux belles pirogues de guerre. Quoique
presque exténué des suites d’une blessure qui Tcntraîne graduellement
au tombeau, il a encore l’air imposant. La férocité
et la ruse brillent dans ses petits yeux perçans, et l’cnscmblc
de ses traits annonce un vrai sauvage, mais un sauvage cbez
lequel il y a quelques lueurs d’intelligence.
Sa blessure est fort singulière : une balle de fusil lui a percé
le corps d’outre en outre, en traversant les poumons; elle a
laissé un trou à la poitrine et un autre au dos. L ’air sort par
ce dernier trou, avec un bruit qui ressemble un peu à celui de
la soupape de sûreté d’une machine à vapeur. Shongui en fait
lui-miême un sujet de plaisanterie. Au reste, quoiqu’il ne souffre
pas beaucoup, on voit clairement qu’il n’a pas long-temps
à vivre, et il paraît en être persuadé lui-méme par la précipitation
avec laquelle il se dispose à entrer en campagne, comme
généralissime de tous les chefs du nord , pour une expédition
contre les tribus de la Tamise.
En arrivant à bord, Shongui embrassa très-tendrement
Bryan Borou, et lui exprima, en termes fort toucbans, son
regret d’être obligé de faire la guerre à son père q u i, disait-il,
était un homme très-bon. « Mais, ajouta-t-il, la>mortde Pomare
doit être vengée, et il faut absolument sang pour sang. »
LA NOUVE LLE -ZE LANDE .
( 1829.)
Extrait de la Revue Britannique.
Dans un recueil littéraire justement estimé, et qui
paraît mensuellement à Paris, sous le titre de Revae
Rritannique, se trouve un article [n° 59, mai 1830)
relatif à la Nouvelle-Zélande. Il ne nous apprend
presque rien de nouveau sur cette contrée; mais il
nous donne quelques détails sur les habitans de la
baie d’Abondance, et ces détails confirment tout ce
qui a été écrit jusqu’à ce jour sur les moeurs et le caractère
de ces insulaires. C’est pour cette raison principalement
que nous allons le rapporter ici en entier.
La Nouvelle-Zélande, composée de deux grandes îles dont
la circonférence n’est guère moins considérable que celle des
Iles-Britanniques, fait partie de l’Aus.tralie ou Océanie, que
les géographes modernes considèrent comme une cinquième
partie du monde. Elle peut se partager en trois divisions principales,
savoir ; TArchipcl-Orienlal, que Ton regardait autrefois
comme appartenant a l’Asie ; le grand continent de la
Nouvelle-Hollande et son appendice, la terre de Van-Diémen ;
et les mille îles de la Polynésie , parmi lesquelles se trouve la