PIECES JUSTIFICATIVES.
Avant le soleil couchant, je rendis une visite aux principaux
chefs , et j’eus avec eux quelques conversations fort agréables
: il était vraiment intéressant de contempler l’ordre qui
régnait parmi ces bommes sauvages et iiidépendans. Il paraissait
que le voeu général était que la paix pût se conclure le
lendemain même ; nous étions fâchés d’une pareille infraction
au jour du sabbat, mais nous n’y trouvions pas de remède,
attendu que le moindre retard pourrait donner lieu à de funestes
conséquences et rendre inutiles tous nos efforts. Cependant,
tandis queje conversais avec VEare-Porka, je lui insinuai que
le lendemain était ra tapou (jour sacré) ; il dit que c’était un
jour favorable pour faire la paix. Je lui demandai .s’il ne trouverait
pas convenable de rester tranquille ce jou r-là , el de ne
faire la paix que le lundi. Ce chef et quelques autres assis à
côté de lui y consentirent sur-le-cbamp, et m’engagèrent à en
faire part aux autres chefs de l’armée. Je le fis; personne ne
s’opposa à ma proposition, et tous se conduisirent de la manière
la plus satisfaisante.
A mon retour à la tente, j’appris que MM. Kemp et Clarke
approchaient; il était déjà tout-à-fait nuit, et ils arrivèrent
une demi-heure après. Comme nous finissions la soirée, T o ï-
Tapou se leva, el adressa la parole à l’armée sur la nécessité
de resteren repos le lendemain, attendu que c’était le ra tapou.
Son discours fut animé, et Oudou-Roa lui répliqua ; ensuite
tout fut tranquille, et durant la nuit on ne tira pas un seul
coup de fusil.
Dimanche 2.3 mars. Le silence régna dans le camp. Après le
déjeuner, mon drap fut hissé en guise de pavillon : M. Clarke
et moi nous montâmes au p â , pour annoncer qu’il n’y avait
point d assemblée aujourd’hui, attendu que c’était le ra tapou.
Nous fûmes bien reçus par les babitans , encore qu’ils fussent
contrariés de voir différer l’instant où la paix devait se conclure.
Nous parlâmes à plusieurs groupes de l’importance des
choses éternelles, et ils nous prêtèrent une oreille attentive.
Vers onze beures, nous prîmes congé d’eux, en promettant de
PIÈCES .lUSTIEICATIVES.
les revoir le lendemain. Tout était tranquille dans le camp.
Aussitôt que la nuit fut arrivée, les naturels commencèrent à
danser, et après les shakas ils firent, pendant quelque temps,
des décharges générales de mousqueteric : quelques-uns tirèrent
à balle. Toï-Tapou donna ordre à haute voix de ne tirer
qu’à poudre , de peur de malheur : néanmoins plusieurs continuèrent
de tirer à balle.
24 mars. Le jour solennel arriva enfin , celui qui devait décider
la querelle entre les deux grandes tribus des Ngapouis
et des Ma-Oure-Oure. 11 tomba beaucoup d’eau dans la nuit
et dans la matinée. On apprit que Tareha allait bientôt arriver.
Tandis que nous déjeunions, Toï-Tapou et Rewa vinrent sous
notre tente pour se consulter avec nous touchant la conduite
à suivre. Toï-Tapou ne paraissait pas goûter l’idée d’aller au
p â , bien qu’il eût été désigné pour cela par les chefs de l’armée
; cependant il prit son parti, et se dévoua à cette démarche,
quelle qu’en dût être l’issue pour lui. Le déjeuner terminé,
Toï-'Eapou nous pria de nous bâter pour l’accompagner
au pâ. Il demanda que le pavillon blanc fût placé entre
les deux armées; on le planta au bord d’un large fossé qui
leur servait de ligne de démarcation. La situation était tres-
favorable pour cet objet, le terrain parfaitement uni à trois
quarts de mille environ du camp et autant du pâ. Apres avoir
planté le pavillon, nous nous avançâmes vers le village. Nous
y fûmes reçus comme de coutume. Après un court entretien ,
tous les naturels marchèrent vers l’entrée du p â , et nous, avec
le fils aîné de Patou-One, nous nous avançâmes vers le pavillon
où se trouvait notre station. Plusieurs personnes de distinction
du pâ vinrent bientôt nous y joindre. Alors Rewa sortit du
camp, e t , traversant lo fossé, il vint appliquer son nez sur le
nez de ceux du pâ, et s’arrêta avec nous près du pavillon, ü n
grand tumulte se fit entendre dans le camp ; en peu de temps on
o b s c rva le sd iv e r se s tr ibus q u im a r c h a ie n t e n b o n o r d r e v e r sn o u s ,
et serpentaient autour de quelques broiussaillcs qui se trouvaient
sur leur route. Pour cette partie du monde c’était un spectail:
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