fit . I',
lu ‘
"f. IH'
compensée par les hangars intérieurs qui étaient aérés, éclairés
et agréables par comparaison. C’est là que les naturels
prennent constamment leurs repas ; car c’est pour eux une règle
invariable de ne jamais manger dans leurs maisons, et leurs
motifs pour observer cette loi sont fondés sur des superstitions
d’une nature effrayante.
(Page 180.) Les deux soeurs de la femme de Doua-Tara sc
faisaient remarquer parmi leurs compagnes, l’une par sa beauté
extraordinaire, l’autre par sa gaîté et la vivacité de ses manières.
La première paraissait n’avoir que dix-sept ans et eût
p u , même en Angleterre où tant de personnes aspirent à la
palme de la beauté, y conserver de justes prétentions. Scs traits
réguliers, doux et attrayans,étaicnt d’une délicatesse charmante,
dont l’effet se trouvait encore relevé par l’éclat et la douceur
de son regard; et ses joues, légèrement colorées de la teinte
rosée de la santé, pouvaient se passer du secours du fard, auquel
nos beautés les plus célèbres sont si empressées de recourir.
Sa taille était svelte et gracieuse, en même temps que la
simplicité naturelle de ses manières donnait un nouvel intérêt
à ses charmes. Son espiègle soeur était beaucoup plus âgée,
puisqu’à mon avis elle n’avait pas moins de quarante ans , et
elle était si gaie, qu’elle riait continuellement. Dans le fait,
elle semblait être la bonne humeur en personne. Par l’effet que
ses saillies produisaient sur ses compagnes, dont les regards se
dirigeaient sur nous, il nous était facile de voir que les Pakeha
ou hommes blancs étaient l’objet de quelques remarques extraordinaires
et provoquaient de sa part les plaisanteries les
plus piquantes. Je ne puis douter qu’elles ne fussent de la nature
la plus libre, car tous nos mouvemens donnaientJieu à
de grands éclats de rire.
PIÈCES JUSTIFICATIVES. 593
Après avoir raconté comment Doua-Tara sc contenta
de punir de trente coups de fojiet Ware qui s’ctait rendu
coupable d’adullèrc avec sa femme , M. Nicholas ajoute
[page 185) :
Probablement jusqu’alors il n’y avait pas eu d exemple d a-
dultère où Tun ou l’autre des deux coupables eût échappé à la
peine de mort, tant l’horreur de ces peuples est grande pour
un crime qu’ils considèrent comme le plus odieux de ceux
qu’on peut commettre. Du reste, il est digne de remarque
qu’ils font une distinction curieuse quant à la culpabilité des
deux parties. Si le commerce criminel est découvert dans la
case de la femme, l’homme est sur-le-champ déclaré le séducteur
et comme tel condamné à mort, tandis que la femme en
est quitte pour uiie forte correction ; mais si le contraire a lieu ,
et si la femme est surprise dans la cabane de Tamant, elle est
alors condamnée à perdre la v ie, car on suppose qu’elle a
séduit Tbomme qui est à Tabri du châtiment.
(Page 188.) Comme nous nous promenions le long du
rivage, j’observai au pied d’un arbre une pièce de bois fichée
en terre, avec des sculptures grossières et peinte cri ocre,
rouge. Désirant connaître dans quel but clic se trouvait placée
en ce lieu , je m’avançais de ce côté, quand mon compagnon
s’arrêtant tout-à-coup, et criant tabou-taboa, me fit entendre
qu’un bomme se trouvait enterré en ce heu et me pria de n en
pas approcher. Je jugeai à propos de me soumettre a cette
injonction, bien qu’en connaissant l’emploi de cette pièce de
bois, ma curiosité fût encore plus vivement excitée. Le mot
tabou, dans la langue de ces peuples, signifie sacré; et la
coïncidence des nations sauvages et civilisées, pour la vénération
qu’ils accordent aux lieux où reposent les morts, ne peut
manquer d’intéresser le philosophe qui veut étudier le coeur
bumain. L ’alarme du jeune homme qui m’accompagnait
prouve que les Nouvcaux-Zélandais sont très-scrupuleux sous
TOM E I I I .