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et s’en retournèrent à la fin vers le rivage. Sur ces entrefaites,
les officiers du Zeehann vinrent à notre bord, et nous résolûmes
d’approclier de la côte avec nos navires, vu qu’il y avait
bon mouillage et que les babitans semblaient désirer notre
amitié. AusJitüt que nous eûmes pris cette résolution , nous
vîmes .sept embarcations qui venaient de terre. L ’une d’elles,
montée de dix-sept hommes , arriva très-promptement et alla
se placer derrière/e Zce/iann. Une autre portant treize hommes
vigoureux s’approcha à un demi-jet de pierre de notre navire.
Ils se hélèrent plusieurs fois les uns les autres. Nous leur montrâmes
encore, comme auparavant, de la toile blanche ; mais
ils restèrent immobiles. Le maître du Zeehann, Gérard Jans-
zoon, qui se trouvait à notre bord, donna ordre à son canot
armé par un quartier-maître et six matelots de se rendre sur
leur navire pour recommander aux officiers de se tenir sur leurs
gardes, et, dans le cas où les naturels l’accosteraient, de ne pas
permettre à la fois àun trop grand nombre d’entre eux de monter
A bord. Quand le canot du Zee/îann déborda de notre bâtiment,
les naturels dans lespros ou pirogues les plus voisines de nous,
appelèrent à grands cris ceux qui sc trouvaient derrière le Zeehann
et firent avec leurs pagaies un signal dont nous ne pouvions
deviner la signification. Mais quand le canot du Zeehann
fut tout-à-fait au large, les pirogues qui se trouvaient entre les
deux navires coururent dessus avec impétuosité et l’abordèrciit
avec une telle violence qu’il tomba sur le côté et se remplit
d’eau. Le premier de ces traîtres, armé d’une pique grossièrement
aiguisée , donna au quartier-maître Cornélius Joppe m,
coup violent dans la gorge, qui le fit tomber à la mer. Alors
les autres naturels attaquèrent le reste de l’équipage du canot
avec leurs pagaies et de courtes et épaisses massues que nous
avions d’abord prises pour des parangs grossiers, et les taillèrent
en pièces. Dans cet engagement, trois des hommes du
Zeehann furent tués et un quatrième blesse à mort. Le quartier
maître et deux matelots se mirent à nager vers notre navire,
et nous envoyâmes notre canot qui les rceiicillit en vie.
Après le combat, les meurtriers prirent un de nos hommes
morts dans leur pirogue , un autre des morts tomba a l’eau et
eoula. Ils laissèrent aller le canot. Notre vaisseau et le Zeehann
firent feu sur eux avec les mousquets et les canons, mais
sans les atteindre, et ils pagayèrent vers le rivage. Nous envoyâmes
notre canot pour ramener celui du Zeehann , nous y
trouvâmes un homme mort et un autre blessé mortellement.
1 Après cet événement, nous ne pouvions plus établir de
relations amicales avec les naturels, et il n’y avait pas d’espoir
de se procurer chez eux de l’eau ni des vivres. Ainsi nous
levâmes l’anere et appareillâmes. Quand nous fûmes sous voiles,
vingt-deux de leurs pirogues partirent de terre et s’avancèrent
sur nous. Onze étaient pleines do monde. Quand elles se trouvèrent
à la portée de nos canons, on leur tira deux coups,
mais sans effet. Le Zeehann fit aussi feu et atteignit un
homme de la pirogue la plus avancée qui était debout avec
un pavillon blanc à la main et que le coup fit tomber. Nous
entendîmes le bruit de notre mitraille sur leurs pirogues , mais
nous ne savons pas quel en fut l’effet ; seulement il les força
d’opérer tout-à-coup leur retraite vers la côte où ils demeurèrent
tranquilles et ne revinrent plus contre nous.
» Nous appelâmes cette baie Moordenaai^s Bay (Baie des
Meurtriers). La partie où nous mouillâmes est située par 4o“
5o’ lat. S. et long, i g i “ 3o’ . La variation est 9° 3o’ N. E. En
quittant Moordenaar’s B a y , nous gouvernâmes à l’E. N. E. ;
mais pendant la nuit nous courûmes des bordées, par vingt-
six et quinze brasses.
»Nous avons nommé cette terre Staten Land en honneur des
états-généraiix. Il est possible qu’elle se joigne à Staten Land',
• Savoir : le Staten Land à l’est de Tierra del Fuego, découvert et ainsi
nommé par Schouten et L e Maire. Mais le Stalen Land de Tasman ayant
été par la suite reeonnu pour cire une terre séparée de celle qu’avaient découverte
Schüuteu et Le M a ir e , ce nom fut changé peu de temps après en celui
de NoiiveUe-Zélande qui lui est resté.