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PIÈCES JüSTIFitATIVES.
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comme nous y étions habitues, cela nous incommoda peu.
Dans la soirée, Tou fit un paquet de toutes ses nattes et de
ses vêtemens, et dit à madame King de les brûler, si elle ne
revenait point sous quatre jours. Madame King sortit avec
elle dans le jardin, par la porte de derrière, car elle avait peur
de sortir par celle de devant. La pauvre fille dit qu’elle allait
gagner les bois pour la nuit, car elle craignait pour sa vie.
Les femmes sont tellement sous le pouvoir des hommes,
qu elles sont traitées avec la plus grande cruauté en plusieurs
occasions.
3 août. J’ai appris que Tou el We étaient chez Matangui.
Une petite troupe d’bommes est partie pour les ramener.
4 août. Les bommes ont ramené Tou et W e. L ’un d’eux a
épousé W e , et sa femme en a été très-courroucée; mais
l’homme a déclaré qu’il tuerait sa femme si elle le querellait.
Un autre a pris Tou pour lui. C’est ce qui arrive souvent ;
quand ces jeunes filles nous deviennent utiles, les bommes
nous les enlèvent.
E X T R A IT S DU JO U R N A L DU R E V E R E N D JO H N B U T L E R ,
De novembre 1 8 1 9 à septembre 1820.
23 novembre 1819. Nous sommes allés à Kldl-Kldl pour
examiner les constructions. D’après les bruits qui avaient
couru, nous craignions que nos bâtimens n’eussent été détruits
par suite d’un combat qu’on disait avoir eu Heu entre Tema rangai
et Shongui. Le rapport était vrai ; mais nous fûmes contens
de voir que le tort qu’ on nous avait fait était beaucoup
moins grave que nous le pensions.
décembre. Shongui et Tareha sont venus de Waï-Mate
avec tous leurs guerriers, pour nous voir et nous demander si
nous avions éprouvé quelque dommage de la part de leur
adversaire Temarangai. Je m’informai du sujet de leur dernier
combat. Sbongui répondit que scs esclaves avaient ramassé
quelques coquillages sur un certain terrain taboué
appartenant à Temarangai, mais sans que lui-même en fût
instruit. 11 est probable que la valeur du tout n’allait pas à
quatre ou cinq bameçons. Pour ce motif, Temarangai et ses
gens vinrent voler les patates de Shongui, et lui déclarèrent
la guerre ainsi qu’à son peuple. Il s’ensuivit un combat. Sbongui
ordonna à ses hommes de combattre suivant la coutume
de la Nouvelle-Zélande, avec des lances et des pierres, et de
ne point se servir de mousquets et de balles, bien qu’ils en
eussent un grand nombre. Cependant ses ennemis commencèrent
avec des bacbes, des masses et des mousquets, et Shongui
eut deux de ses bommes tués par les armes à feu, avant
qu’il fît faire feu lui-même : mais alors il jugea qu’il était
grand temps de commencer. Il y eut bientôt du côté de l’ennemi
huit hommes tués et plusieurs autres blessés : alors les
ennemis se retirèrent du cbamp de bataille. Durant le combat,
Sbongui eut encore un bomme tué; lui-même et plusieurs
autres furent légèrement blessés. Temarangai et ses gens
avaient brûlé toutes les pirogues de guerre de Shongui, et ce
chef me dit qu’il ne lui restait qu’une fort petite pirogue. 11
est certain qu’il a éprouvé de grandes pertes, et ses ennemis
ravagent chaque nuit ses patates sur les frontières de ses
plantations. Nous nous attendons à voir de nouveaux combats
avant que cette affaire soit terminée.
Shongui, Tareha et Rcwa ont soupe ce soir avec nous, dans
notre atelier de forgerons, qui est notre habitation générale.
Après la prière et les grâces , les chefs et leurs bommes ont
couché hors de la maison, et nous nous sommes coucbés dedans
pour dormir, les uns dans des cabanes ou des hamacs, d autres
sur des planches qui nous servent alternativement de
tables et de lits. Le repos est agréable à l ’homme fatigué, et
le travail rend doux toute espèce de lit. Toute la nuit le silence
et le bon ordre furent observés par ies naturels.
Je suis allé au village de Temarangai depuis le combat ; ce
chef et son peuple nous ont reçus amicalement. J’ai vu quel