simple matelot. Pour ce motif il fut sévèrement châtié, on
lui refusa sa ration, on le menaça de le jeter par-dessus le
Lord, et il reçut plusieurs autres avanies, même de la part des
matelots. Il fit ses représentations au maître , et demanda à ne
point être soumis à une punition corporelle, assurant qu’il
était chef dans son pays, ce qui ne tarderait pas à être prouvé
à son arrivée dans la Nouvelle-Zélande. On lui répliqua qu’il
n’était pas chef, et on se permit à son égard plusieurs termes
injurieux qu’il mentionna, et qu’emploient trop souvent les
marins anglais. Quand il arriva à Wangaroa, son dos était
déchiré de coups; ses amis et ses gens se décidèrent à venger
les insultes qu’il avait reçues. Il assura que s’il n’avait pas
été traité avec tant de cruauté, il n’aurait jamais touché au
Boyd.
D’après les détails que ces chefs et leurs gens donnèrent sur
le désastre du Boyd, Tepahi paraît n’avoir pris aucune part à
ce malheureux événement; eux seuls en furent les auteurs. Ce
fait étant exactement vrai, et je ne vois aucun motif de récuser
leur déclaration, Tepahi et son peuple furent d’innocentes victimes,
et leur mort devint la source de beaucoup de sang versé.
Depuis cette époque, une foule d’individus ont péri, tant de
la baie deslíes que de Wangaroa. Je n’ai jamais passé devant
l î le de Tepabi sans pousser un soupir. Aujourd’hui elle est
dévastée, complètement déserte ; elle est restée dans cet état
depuis la mort de ce cbef; on n’y distingue plus que les
ruines des petites habitations, que le feu gouverneur King
avait eu la complaisance de lui faire bâtir. Je me flatte que les
Européens qui trempèrent leurs mains dans cette fatale expédition,
ignoraient alors qu’ils punis.saient un innocent. Je suppose
que l’erreur, s’il y en eut, comme je suis porté à le croire,
provint de la ressemblance entre les noms de Tepabi et du cbef
de Wangaroa qui eut la principale part à la catastrophe du
Boyd, et qui se nommait Tepoubi. Je vis ce chef, et conversai
avec lui à ce sujet.
Une nuit passée dans le camp de Wangaroa.
Ayant complètement .satisfait ma curiosité toucbant la perte
du Boyd, et expliqué à ces peuples le motif du voyage de l ’A c-
ttve à la Nouvelle-Zélande, comme la nuit approchait, je trouvai
que je ne pouvais pas accomplir le grand projet que j ’avais,
c ’e.st-à-dire de faire la paix, sans passer plus de temps
avec eux. C’est pour quoi je résolus de rester toute la nuit dans
leur camp.
Shongui avait donné l ’ordre à ses gens de préparer à souper
pour nous, à un mille environ de l’endroit où nous nous trouvions.
Je dis aux chefs que nous allions rendre visite aux gens
de Shongui, et que, quand nous aurions pris notre repas,
M. Nicholas et moi, nous reviendrions passer la nuit dans
leur camp, afin de pouvoir converser plus long-temps avec
eux. Ils y consentirent volontiers ; pour nous donner une marque
distinguée de leur considération, ils nous divertirent du
spectacle d’un simulacre de combat, d’une danse de guerre et
d’un chant de victoire, avant que nous revinssions vers les
bommes de Sbongui.
Quand ce fut fini, nous prîmes congé et retournâmes
au lieu où nous avions débarqué, accompagnés d’un grand
nombre de naturels. Les serviteurs de Shongui avaient préparé
nos patates et nos provisions. Doua-Tara, avec la compagnie
qui était venue avec nous, retourna à bord de VActive,
laissant M. Nicholas, Sbongui et moi, passer la nuit dans l’île.
Nous nous assîmes par terre pour souper; mais nous fûmes
presque étouffés par les naturels qui nous entourèrent de si
près queje fus obligé de tracer un cercle et de leur commander
de ne pas le dépasser.
Nous fûmes très-contens de ces peuples, ils le parurent également
de nous, et manifestèrent tout leur désir de nous
servir. Au bout d’une heure , nous retournâmes au camp de
ceux de Wangaroa , qu’ils avaient reculé à un demi-mille au