dans notre propre intérêt que nous étions venus. Ils exprimèrent
leur respect pour nous, et prétendirent qu’ils avaient vu
avec peine la conduite violente du chef qui s’était si mal comporté
à notre égard.
A la fin, je leur annonçai que M. Kendall et moi nous
irions visiter leur district, et prendre connaissance de ce que
les chefs auraient à dire : ajoutant que s’ils .avaient quelques
plaintes à faire, nous les entendrions , et y ferions droit autant
qu’il serait en notre pouvoir. Celte promesse leur causa
beaucoup de satisfaction, et la journée du lundi fut fixée pour
notre départ de Rangui-Hou pour Tae-Ame.
Visite à Tae-Ame.
i6 octobre 1819. Cinq des principaux cbefs vinrent pour
nous conduire, et amenèrent leurs esclaves pour porter nos
provisions.
18 octobre. Une pluie violente nous a empêché aujourd’hui
(le quitter riîtablissement.
19 octobre. Nous nous sommes préparés à partir. Quand
nos caisses ont été prêtes à embarquer dans les pirogues,
un vieux cbef les a soulevées pour examiner leur poids!
Eu égard à leur légèreté , il a soupçonné qu’elles ne contenaient
point de haches. Sur-le-champ son visage est devenu
sombre, et il a repoussé les boîtes du pied avec indignation.
Je lui ai fait des représentations, et j ’ai déclaré à ses
compagnons que s’ils se conduisaient d’une manière aussi malhonnête,
je n’irais point chez eux. Quand ils virent que nous ne
paraissions point disposés à les aller voir, ils devinrent très-
empressés dans leurs instances près de nous. Comme ils nous
avaient attendu avec impatience durant trois jours entiers, je
tenais beaucoup aussi à contenter leurs désirs. Néanmoins je
résolus de ne point me mettre en route, avant d’avoir arrêté
définitivement toutes nos conditions touchant cette visite,
comme de savoir ce que nous aurions à payer pour les pirogues
et pour les esclaves qui portaient noire bagage, et quelle
sorte de présens les cbefs des différens villages attendaient de
nous. Tout fut arrangé avant notre embarquement, afin de
prévenir toute espèce de querelle>au retour. Tout étant terminé
à notre satisfaction mutuelle , vers onze heures du matin
nous quittâmes Rangui-Hou dans deux pirogues.
Dans notre traversée à Kidi-Kidi, une pirogue supérieurement
sculptée, appartenant à la rivière Tamise, passa près de
nous. Ces pirogues sont bien faites, peuvent gouverner dans
une mer agitée, et marchent très-vite. Dans les nôtres, se
trouvaient plusieurs jeunes esclaves des contrées du Sud , et
un des environs du cap Est. Je demandai à quel prix le
chef les avait achetés. Pour Tun d’eux, qui était un beau jeune
homme, le chef avait donné vingt corbeilles de patates douces,
et une bâche pour un autre. Les autres, à ce que je crois,
étaient des prisonniers de guerre.
Sur les six heures du soir, nous arrivâmes à Okoura, le village
du chef principal nommé Waï-Tarou. C’était la que nous
devions passer la nuit. Le chef possédait une des plus belles
cases que j’eusse vues à la Nouvelle-Zélande.
Après que nous eûmes pris quelques rafraîchissemens, et
lorsque la nuit fut tout-à-fait venue , le chef fit faire un feu
autour duquel nous allâmes tous nous asseoir.
Alors nous priâmes les chefs d’exposer les motifs de leurs
griefs.
Ils commencèrent par déclarer qu’ils n’avaient à faire aucunes
plaintes particulières , que tous leurs griefs étaient d’une
nature publique. Ils firent observer que, lorsque les Européens
vinrent pour la première fois à la Nouvelle-Zélande,
ils s’établirent tous avec Doua-Tara et Shongui, ce qui accrut
considérablement le pouvoir et l’opulence de Shongui;
que quand les derniers Européens arrivèrent, ils s’étalent
attendus à en avoir un chez eux, mais que Shongui se les était
encore appropriés, ce qui plaçait tout le commerce entre
ses mains. Ils alléguaient qu’ils ne pouvaient commercer avec