PIÈCES JUSTIFICATIVES.
avec un homme et sa femme. Quelques poules couvaient devant
sa cabane, et l’homme me dit qu’elles provenaient de
celles que j’avais données à Tara , principal chef de la partie
méridionale de la baie des Iles, quand j’y vins pour la première
fois. Tara étant mort, sa veuve avait épousé le neveu de ce
cbef, qui avait succédé à l’autorité de son oncle. Comme il
était défendu a la femme d’un cbef de se remarier, d’après la
coutume établie dans le pays, un détachement de Rangui-Hou
était accouru pour la punir de cette infraction aux lois, et
l’avait en conséquence dépouillée de tout ce qu’elle possédait.
Les poules en question faisaient partie du butin que cet
homme avait alors rapporté.
Nous quittâmes enfin le village, et le service divin eut lieu
dans la soirée.
Vengeance de Shongui, pour la violation de la tombe de son
beau-père.
3o août 1819. A la nuit, je fus appelé par un chef nommé
T aw i, qui vint m’apprendre que Shongui avait attaqué un
village entre Wangaroa et le cap Nord, et avait tué six personnes
; mais il m’engagea à n’en concevoir ni crainte ni mécontentement.
Je lui témoignai cependant la peine que me
causait celte nouvelle. Tawl me raconta le motif du démêlé
entre Sbongui et ces gens ; le père de la femme de ce dernier
était mort depuis quelques années ; le peuple de ce village
viola son tombeau, enleva ses os et en fit des hameçons,
dans l’intention perfide d’insulter honteusement aux sentimens
de Shongui et de ses parens; et pour mieux exciter sa colère,
ils avaient planté la tête sur un pieu. Sbongui me dit qu’il ne
partait pas pour combattre, quand il quitta Rangui-Hou,
mais seulement pour relever les os de son beau-père. Quand
il reviendra, nous saurons si, avant son départ, il avait appris
que la tombe sacrée où les os de son beau-père étaient déposés
eût été violée.
Arrivée d’une troupe de naturels de la rivière Shouki-Anga.
3i août. Environ soixante personnes, hommes, femmes et
enfans, sont arrivées à Rangui-Hou, d’un village situé sur les
bords de la rivière Sbouki-Anga, éloigné de cinquante à
soixante milles. Cette rivière se décharge .dans la mer, sur la
côte ouest de l’île , à cent milles environ au sud du cap Van-
Diéinen. Ils ont apporté avec eux quelques cocbons pour les
vendre, et une grande quantité de patates douces pour leurs
parens et leurs amis, dont uu grand nombre sont établis
à Rangui-Hou. Le teint de ces insulaires est plus beau que
celui d’aucun de ceux que j’avais v u s , et on peut dire que
c’est une fort belle race d’hommes.
Je leur dis que j’avais l’intention de leur faire une visite
avant de quitter la Nouvelle-Zélande ; ce qui leur fit grand
plaisir. Le cbef voulut savoir à quelle époque je ferais ce voyage,
assurant qu’il voulait me servir de guide et me porter au travers
des marais qui se trouvent sur la route. Je lui promis de
me mettre en cbemin dans un mois, si cela était possible. Il
me témoigna son inquiétude que Sbongui ne fût mécontent
de ce voyage, ce cbef pouvant craindre que les navires ne se
dirigeassent vers Sbouki-Anga, quand la rivière et le bâvre
seraient mieux connus. Je répondis qu’avant son arrivée à
Rangui-Hou j’avais déjà formé le projet d’aller le visiter ; que
j’en avais fait part à Sbongui qui l’avait approuvé, et que ce
cbef n’aurait de mécontentement ni contre moi, ni contre eux,
pour la visite que je voulais faire aux babitans des bords du
Sbouki-Anga. Il parut enchanté que Sbongui approuvât ce
voyage, et promît de fournir des cocbons et des patates à
l’établissement qui serait formé à Kidi-Kidi, car il serait là
bien plus près de Shouki-Anga. Je lui donnai une bêche, et
lui promis quelques hameçons pour son peuple quand j’irais
cbez eux, promesse qui leur fut agréable à tous.