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PIECES JUSTIFICATIVES.
puissô s’apaiser sans une satisfaction, et dans ce cas la mort
seule d’un homme peut expier la mort d’un autre.
Le révéroïKÎ W. Williams communique les faits sui-
yans :
Dans un village près de Rangui-Hou , nous apprîmes qu’une
esclave avait été tuée d’un coup de fusil par son maître. Nou.s
rencontrâmes cc chef qui justifia sa conduite, en alléguant
que cette femme était depuis long-temps malade , et qu’elle ne
pouvait plus gagner sa nourriture; c’c.st pour cela qu’il l’avait
tuée par derrière tandis qu’elle était assise par terre. Il n’y
avait pas long-temps que nous étions de retour, quand nous
apprîmes un second exemple de la cruauté révoltante si souvent
pratiquée chez ce peuple. Un jeune garçon fut assommé
d’un coup de mere ou hache en pierre, pour avoir volé des
patates douces. Souvent les esclaves ne sont pas plus considérés
que des bêtes fauves; et leur condition est si dégradée,
qu’une fois qu’un bomme a été fait prisonnier, il refu.se de
s’échapper, quand bien même il en aurait les moyens, parce
qu’il est regardé avec mépris par ses propres amis.
— Une troupe de guerriers de notre voisinage, qui quittèrent
la baie il y a deux mois, sont revenus, amenant avec eux plusieurs
esclaves. Leurs cruautés à l’égard des malheureuses créatures
contre lesquelles ils sc dirigèrent furent aussi horribles
que jamais. Autant que nous avons pu en apprendre, ils n’avaient
de projet fixe contre aucun peuple particulier; mais
étant tombé sur une troupe isolée appartenant à un détachement
qu’un de nos puissans chefs de la baie des Iles condiii -
sait dans son propre district sous sa protection , ils en tuèrent
plusieurs, et firent autant de prisonniers qu’il leur fut possible.
Aussitôt qu’ils furent de retour, la première nouvelle que
nous en eûmes, fut qu’ils avaient tué sur- le-cbamp une esclave
de la manière la plus féroce qu’on puisse imaginer ; ils
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avalent coupé des morceaux de ses cuisses et de ses bras , sans
l’avoir mise à mort auparavant, et s’étalent ensuite régalés de
son corps. Cette femme était innocente, et elle fut massacrée,
à ce qu’on nous dit, pour satisfaction d’un commerce adultère
de la part de son maître.
— W are -P o rk a, chef à Wangaroa, ayant perdu son frère
unique. Tourna, j’allai voir le cadavre quand il fut tout-à-fait
en état, suivant les règles strictes de leur superstition. Le défunt
était placé dans la posture d’une personne assise; sa personne
entière, à l’exception du baut de la figure, était cachée sous
différens vêtemens. Par-dessus tout était un habit de sergent
presque neuf : derrière étalent placés les deux fusils qui lui
avaient appartenu. Quelques-uns de ses parens travaillaient
avec activité à bâtir une maison destinée à recevoir ses restes,
tandis que les autres étaient assis à l’entour, et poussaient les
plus tristes lamentations. Ce sont des espèces de chants généralement
exécutés dans ces sortes d’occasions. Ware-Porka
n’avait touché à aucune nourriture depuis la mort de son frère,
et il avait l’intention de n’en prendre aucune jusqu’à ce que la
cérémonie fût terminée. On suppose que l’esprit du mort voltige
à l’entour de son corps et à une certaine distance, durant
trois jours; ensuite le cadavre e.st déposé en grande cérémonie
dans l’endroit où il doit rester jusqu’à l’expiration du deuil.
C’est une pratique commune de tuer un ou plusieurs esclaves
dans ces occasions,pour servir de compagnons au défunt sur sa
route au Reinga ou lieu des esprits partis; l’on proposa
d’en tuer un dans cette circonstance, mais Ware-Porka et le
père du cbef s’y opposèrent. Deux jours avant que Tourna expirât
, on supposa que son esprit s’était enfui (sans doute il avait
perdu connaissance); alors ses amis poussèrent un cri, pensant
que c’était le moyen de le rappeler. Tourna raconta qu’il
était allé au cap Nord , tandis qu’il semblait mort ; mais qu’une
petite fille, morte quelque temps auparavant, l’avait rencontré
sur la rampe par où l’on descend dans lo Reinga, et lui
avait dit de revenir dans quelques jours. La cérémonie fut
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