talité de l’ame et la résurrection des corps. La première est
une doctrine universellement reçue parmi eux; mais ils ne
peuvent comprendre la dernière, quoiqu’ils n’en récusent
point la possibilité. Je leur représentai l’beureuse mort des
justes, ajoutant que quand Dieu leur révélait qu’ils allaient
mourir, ils n’étaient nullement effrayés; qu’ils se trouvaient
beureux de penser qu’après cette vie ils allaient habiter
le même endroit que leur Dieu. Mais ce n’est pas le cas des
Nouveaux-Zélandals; quand ils s’aperçoivent qu’ils vont mourir
, ils sont très-effrayés et ne soubaitcnt point mourir. Les
naturels avouaient que c’était toujours ce qui arrivait à leurs
compatriotes, et qu’ils redoutaient constamment la mort.
Je les assurai que quand ils comprendraient le livre de Dieu
qu’il avait donné au peuple blanc, et que les missionnaires
leur donneraient et leur apprendraient à connaître, alors ils
n’auraient pas plus de frayeur de mourir que ceux des blancs
qui sont bons. Ils saisissaient parfaitement la différence qui
existe entre l’homme qui redoute de mourir et celui qui n’en
est pas effrayé. Ils disaient que toutes les ames des Nouveaux-
Zélandals, au moment de la mort, se rendaient dans une
grotte au cap Nord, et que de là elles descendaient dans la
mer, pour aller dans l’autre monde. Les privations et les mortifications
que ces misérables païens souffrent, d’après l’idée
qu’ils attachent au.crime, et par suite de leurs frayeurs, sont
nombreuses et pénibles : à moins que la révélation divine ne
leur soit communiquée, ils ne trouvent point de remède qui
puisse affranchir leurs esprits des liens de la superstition, sous
1 empire de laquelle plu-sieurs d’entre eux tombent malades,
languissent, et finissent par périr. Ils n’ont point d’idée d’un
Dieu de miséricorde qui puisse leur faire du bien ; mais ils
vivent dans l’appréhension funeste d’un être invisible q u i, suivant
leur croyance, est toujours prêt à les tuer et à les dévorer
, et qui les tuera s’ils négligent un iota dans une
de leurs superstitieuses cérémonies. Boire un peu d’eau à ma
coupe, quand ils sont taboués par le prêtre, serait regardé
r f l
comme une offense à leur Dieu, suffisante pour le porter à les
mettre à mort. Quand je leur disais que mon Dieu était bon ,
qu’il prenait soin de moi jour et nuit, partout où j’allais ; que
je ne craignais point sa colère, et qu’il m’écoutait toujours
quand je lui adressais mes prières, ils disaient qu’ils n’avaient
point de Dieu semblable, et que le leur ne faisait que punir
et tuer.
Le jour suivant étant un dimanche, M. Marsden leur
fit connaître qu’il restait un jour de plus avec eux , et il
écrit au sujet de la manière dont ce jour se passa :
Moudi-Panga et plusieurs autres vinrent de bonne heure
passer la journée avec moi. Quoique ces pauvres païens n’eussent
jamais entendu parler du jour du sabbat, je fus pourtant
naturellement conduit à leur parler de la création du
monde et de l’institution de ce jour sacré, etc., etc.... Quand je
me trouvais embarras.sé pour la langue, Temarangai me servait
d’interprète, et, par ce moyen, je fus généralement compris.
Moudi-Panga fut tellement touché des différens sujets de la
conversation, qu’il resta avec moi tout le dimanche, aussi
bien que plusieurs des cbefs, et ne me quitta qu’au moment
où je partis le jour suivant. Il avait passé la nuit dans la même
cabane que moi, où il me fut à peine possible de fermer l’oeil,
à cause de leurs fréquentes conversations. La cabane était
remplie d’hommes, de femmes et d’enfans, et contenait plus
de quarante personnes.
Deuil pour les morts.
A cet égard, M. Marsden dit des naturels de la rivière
Gambier :
La dernière fois que je visitai cette place, le fils de Mou-
Ina , chef principal, le fils de son frère et quelques autres